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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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côtés sur le
champ de bataille. »
    Alexandre plongea son regard dans le
sien. « Si cela se produit, c’est toi qui écriras l’histoire de mes
exploits. »
    Le prince comprit bien vite que son
père était dans le vrai : administrer le pouvoir politique constituait une
entreprise plus ardue que combattre en rase campagne. Tout le monde, à la cour,
se croyait en devoir de lui distribuer des conseils, étant donné son jeune âge,
et tout le monde, à commencer par sa mère, pensait pouvoir influencer ses
décisions.
    Un soir, Olympias l’invita à dîner
dans ses appartements, sous prétexte de lui offrir un manteau qu’elle avait
elle-même brodé.
    « Il est magnifique »,
affirma Alexandre dès qu’il le vit. Et, bien qu’ayant reconnu la facture
raffinée d’Éphèse, il ajouta : « Cela a dû te demander des mois de
travail. »
    Il n’y avait que deux lits et deux
tables, côte à côte.
    « Je pensais que Cléopâtre
aurait été présente, ce soir.
    — Elle a pris froid et elle a
un peu de fièvre. Elle te prie de l’excuser. Mais installe-toi, s’il te plaît.
Le dîner est prêt. »
    Alexandre s’étendit et prit quelques
amandes sur une petite assiette, tandis qu’une jeune fille servait un bouillon
de viande d’oie ainsi que des fougasses cuites sous la cendre. Les repas de sa
mère étaient toujours simples et frugaux.
    Olympias s’allongea à son tour et
attendit qu’on remplisse sa tasse pour parler.
    « Alors, comment te sens-tu
depuis que tu sièges sur le trône de ton père ? lui demanda-t-elle après
avoir avalé quelques cuillerées.
    — Exactement comme lorsque je
suis assis sur un autre siège, répondit son fils sans dissimuler un léger
agacement.
    — N’élude pas ma question, le
réprimanda Olympias en le regardant droit dans les yeux. Tu sais bien ce à quoi
je fais allusion.
    — Je le sais, maman. Que
veux-tu que je te dise ? J’essaie de faire de mon mieux, d’éviter les
erreurs, de veiller attentivement sur les affaires de l’État.
    — Louable », observa la
reine.
    Une servante déposa alors sur la
table un plat de légumes et de salade, qu’elle assaisonna d’huile, de vinaigre
et de sel.
    « Alexandre, reprit Olympias,
as-tu jamais songé que ton père pourrait brusquement disparaître ?
    — Mon père combat dans les
rangs avec ses soldats. Cela peut lui arriver.
    — Et si cela
arrivait ? »
    La servante versa du vin, emporta le
plat et revint avec de la viande de grue à la broche et un bol de purée de
petits pois, que le prince refusa d’un geste de la main.
    « Pardonne-moi, j’avais oublié
que tu détestais les petits pois… Alors, y as-tu songé ?
    — J’en serais terriblement
chagriné. J’aime mon père.
    — Ce n’est pas la question,
Alexandre. Je parle de la succession.
    — Personne ne remet en cause ma
place sur le trône.
    — Tant que ton père vit et que
je vis moi aussi…
    — Maman, tu as trente-sept ans.
    — Cela ne veut rien dire. Les
malheurs arrivent à tout le monde. Le fait est que ton cousin Amyntas a cinq
ans de plus que toi, et qu’il était l’héritier avant ta naissance. Quelqu’un
pourrait poser sa candidature au trône. En outre, ton père a un autre fils avec
l’une de ses… épouses. »
    Alexandre haussa les épaules.
« Arrhidée est un pauvre idiot.
    — Idiot, mais de sang royal. Il
pourrait te faire de l’ombre, lui aussi.
    — Alors comment devrais-je
réagir, selon toi ?
    — Tu détiens le pouvoir en ce
moment, et ton père est au loin. Tu disposes du trésor royal : tu peux
donc agir à ta guise. Il te suffit de payer quelqu’un. »
    Alexandre s’assombrit. « Mon
père a laissé vivre Amyntas, et ce, même après ma naissance. Je n’ai aucunement
l’intention de faire ce que tu me suggères. Jamais.
    — Aristote t’a certainement
rempli la cervelle de ses idées sur la démocratie, mais les choses sont
différentes pour un roi. Un roi doit assurer son arrivée au pouvoir : le
comprends-tu ?
    — Cela suffit, maman. Mon père
est vivant, tu le sais fort bien, la discussion est close. Si jamais, un jour,
j’avais besoin d’aide, je m’adresserais à ton frère, le roi d’Épire. Il m’aime
bien et il me soutiendra.
    — Écoute-moi », insista
Olympias. Mais Alexandre se leva d’un air agacé et posa un baiser rapide sur sa
joue.
    « Merci pour le dîner, maman.
Je dois m’en aller, bonne nuit. »
    Il descendit dans la cour

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