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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Savoie.
    « Sache que l’aînée, Marguerite, était apparentée à Louis, et que le pape Grégoire IX dut relever les deux promis de l’empêchement de mariage par consanguinité, au nom de l’urgente nécessité et évidente utilité. »
    Il fallait que le royaume de France, le premier à lutter contre l’hérésie en Languedoc, fût renforcé dans ses terres du Midi et sur les rivages de la mer des croisés.
    Et il était temps aussi que Louis IX ait un fils, héritier de la couronne de France.

    Ce fut une grande union.
    Marguerite de Provence avait treize ans et le mariage fut célébré le samedi 27 mai en la cathédrale de Sens.
    « J’étais à un pas du roi qui était assis devant la cathédrale, dans une loge de feuillage, sous un grand drap de soie », ajouta mon père.
    Durant la messe, il a vu les conjoints agenouillés auprès de l’archevêque, puis ensevelis sous un voile nuptial, cependant que l’archevêque les bénissait, appelant sur eux la grâce de Dieu.
    « Le roi, murmura mon père, tête baissée, comme si la confidence lui coûtait, ne fit pas commerce charnel la nuit des noces, et par dévotion au Seigneur tint à consacrer une veillée de prières de trois nuits. »
    Le dimanche 28 mai, la reine, vêtue d’une robe de brunette rose, fut couronnée dans la cathédrale.
    Il y eut ce même jour grand festin, car le roi, s’il était soucieux d’humilité, voulait que le faste accompagnât les cérémonies royales, et son mariage et le couronnement de la reine étaient, après son propre sacre, les plus importantes.
    Tout fut or et bijoux, soies et fourrures. Et même le déploiement de richesses embellit Paris lors de l’entrée dans leur capitale, le 8 juin 1234, de Louis et Marguerite, roi et reine de France.

    « Le roi fut fort épris de la reine, continua mon père. Marguerite de Provence était une jeune femme belle et altière, et, comme ses trois soeurs, elle était fière de régner. »
    Aliénor et Sancie étaient mariées l’une au roi d’Angleterre Henri III, l’autre à Richard de Cornouailles, frère d’Henri III, qui serait couronné roi des Romains à Aix-la-Chapelle. La troisième, Béatrice, épousa Charles d’Anjou, le plus jeune des frères de Louis IX.
    Dieu fit attendre longtemps le premier fruit de cette union, et ce fut une fille qui naquit, le 12 juillet 1240.
    La reine Marguerite eut en tout onze enfants, dont huit survécurent 1 .
    Assidu de la reine, le roi n’en devint pas oublieux de sa piété. Il couchait seul pendant l’Avent et le carême, certains jours de la semaine et les vigiles, ainsi que les jours où il communiait.
    Lorsqu’il avait été avec la reine, il ne laissait pas de se lever à minuit pour aller à matines, mais il n’osait ce jour-là baiser les châsses et les reliques des saints. Et Blanche de Castille veillait à ce que son fils ne négligeât pas ses devoirs de chrétien.
    Mon père haussa les épaules :
    – Madame Blanche ne voulait surtout pas que son fils l’oubliât. Et si Louis et Marguerite choisirent souvent de demeurer au château de Pontoise, c’est parce que leurs chambres s’y trouvaient situées l’une au-dessus de l’autre, et réunies par un escalier tournant intérieur et discret qui leur permettait de se rejoindre sans que Blanche de Castille le sût.

    Madame Blanche n’aimait pas la reine Marguerite, dit sèchement mon père. La jalousie, paix à son âme, la dévorait !
    Elle ne voulait pas que son fils fût en compagnie de sa femme, et, même la nuit, elle tentait d’empêcher leur union !
    Mon père sourit et, même si ce ne fut qu’un bref instant, je garde de ce moment un souvenir précieux : la mort, un temps, avait laissé la place.
    « Le roi et la reine se donnaient rendez-vous dans l’escalier, raconta mon père. Et ils avaient ainsi accordé leur besogne. Les huissiers, avertis, frappaient de leurs verges soit la porte de la chambre du roi, soit celle de la chambre de la reine, selon que Blanche de Castille se dirigeait vers l’une ou l’autre pièce. Alors les époux se séparaient et gagnaient en hâte leurs chambres respectives. »
    Le sourire de mon père s’est dissipé.
    « Une fois, poursuivit-il, le roi était auprès de la reine Marguerite, qui était en très grand péril de mort parce qu’elle était blessée d’un enfant qu’elle avait eu. La reine Blanche vint là et prit son fils par la main et lui dit :
    – Venez-vous-en, vous ne

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