Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
voulez pas perdre tout ce que vous avez au royaume de France, car vous savez que le comte de Bretagne lui a fait pis que nul homme qui vive. »
    Thibaud renonça et épousa, en septembre, la fille d’Archambaud de Bourbon, vassal fidèle de la couronne de France.
    Quant à Pierre Mauclerc, menacé par trois armées royales, dont l’une conduite par Louis, il abandonna « haut et bas » à la volonté du roi et de la reine mère.
    Tel était Louis.

    Il est dans sa dix-neuvième année en 1233.
    Il cède à la colère quand il apprend qu’à Beauvais, les plus démunis des habitants, avec leurs outils – marteaux, haches, coutelas, faucilles – devenus des armes, ont attaqué les riches, bourgeois et gens de finance, les ont malmenés et parfois tués.
    Or l’évêque Milon de Nanteuil, auquel les riches, bourgeois et nobles, demandent qu’il use de ses droits de justice, ne sévit pas avec rigueur.
    Le roi se rend à Beauvais, il châtie le menu peuple, rase les maisons des meneurs, s’empare de l’évêché, ne se soucie pas que l’évêque puis l’archevêque de Reims prononcent l’interdit contre lui.
    Tel est Louis, qu’on surnomme « roi papelard », roi pour le cloître et non pour le royaume ! s’indigne mon père. C’est un homme de foi, mais non de soumission à l’Église !
    Quand il chevauchait en direction de Beauvais, à l’heure prescrite par l’Église, les chapelains autour de lui chantaient tierce, sexte et none, et lui-même les disait à voix basse avec l’un d’entre eux, comme dans sa chapelle. Mais il n’oubliait jamais qu’il était roi de France et qu’il avait droit et devoir, par le choix de Dieu, de faire justice contre l’évêque et l’archevêque.

    Il est le roi des trois fleurs de lis : il veut que celle de la Sagesse s’unisse à celle de la Chevalerie et à celle de la Foi.
    Il désire l’harmonie, mais trop souvent celle-ci se brise.
    Je me souviens, poursuit mon père, de ce Lundi gras, 26 février 1229. Le roi et moi comme lui avions quinze ans. Il y eut grand remue-ménage au Louvre. On annonça qu’on avait attaqué un cabaretier du faubourg Saint-Marcel qui dépendait de l’église du même saint. Sergents royaux, archers, hommes de la prévôté du roi poursuivirent les étudiants jusque dans les vignes de la montagne Sainte-Geneviève. On
comptait de nombreux blessés et même des morts. Les bourgeois s’en étaient mêlés, prenant parti pour le cabaretier et les sergents royaux.
    Le roi, courroucé et ému de ces nouvelles, s’informa, les jours suivants, des conséquences de cette rixe.
    Les étudiants et leurs maîtres avaient protesté contre les cruautés commises par les archers. Ils demandaient justice car, affirmaient-ils – et à bon droit, disait le roi –, on n’avait pas respecté les privilèges de l’Université.
    J’étais auprès de Louis quand il s’enquit auprès de sa mère, puis du cardinal-légat, de la réponse qu’on allait apporter aux étudiants. On ne l’écouta pas ; ni la reine mère ni ses conseillers ne donnèrent suite aux récriminations des jeunes. Alors les maîtres et leurs élèves quittèrent leurs écoles, cessèrent d’enseigner et d’apprendre, puis abandonnèrent Paris pour Angers, Orléans, Reims et même Toulouse et Cambridge.
    Or le savoir est une richesse qui vient de Dieu.
    Et Louis le comprit. Il renouvela les privilèges de l’Université, paya une amende pour les dommages subis. Il reconnut aux maîtres et aux étudiants le droit de suspendre les leçons si, après le meurtre d’un écolier ou d’un maître, la justice n’était pas passée.
    Par une bulle de 1231 – Parens scientiarium –, le pape Grégoire IX accepta, comme le roi le souhaitait, les privilèges de l’Université.
    Louis avait replacé le savoir et la sagesse issus de Dieu au coeur de son royaume, au centre de cette ville de Paris que son grand-père, Philippe Auguste, avait fortifiée à cette fin.
    Tel était Louis, grand roi capétien.

    J’écoute mon père et, je l’ai dit, je partage ses sentiments. Cependant, le tourment parfois me déchire. Je me remémore ces propos du roi :
    « Les serfs appartiennent à Jésus-Christ comme nous, et dans un royaume chrétien nous ne devons pas oublier qu’ils sont nos frères. »
    Mais, pour Louis, et, avant lui, pour Philippe Auguste, comme après lui pour Philippe le Bel dont je fus le vassal et le chroniqueur, comme pour Philippe V le Long, il

Weitere Kostenlose Bücher