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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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désirs du roi qui avait décidé de faire voile vers le port de Saint-Jean-d’Acre, en Terre sainte.

    Car le roi n’avait pas renoncé à la croisade.
    Il s’indigna quand il apprit que son frère, Charles d’Anjou, violant les interdits imposés aux croisés, jouait aux dés.
    Il les jeta par-dessus bord.
    Puis il s’agenouilla et je l’entendis répéter les paroles qu’il avait prononcées le jour de son sacre, à Reims :
    « Beau Sire Dieu, je lève mon âme vers Vous, et me fierai à Vous ! »
    59.
    Le roi s’est agenouillé et a embrassé la Terre sainte.
    Et nous tous, qui débarquions après lui de la galère génoise, l’avons imité.
    Avec lui nous avons rendu grâces à Dieu de nous avoir permis de prier sur la terre du martyre et de la résurrection de Jésus-Christ.
    Puis, alors que nous nous dirigions vers le château royal, j’ai regardé cette cité de Saint-Jean-d’Acre bâtie sur un long promontoire séparant la rade de la mer. Sur une colline située au nord de la ville, des maisons blanches et basses formaient un bourg hors de l’enceinte qui protégeait les vieux quartiers et s’appuyait au château royal.
    Lorsque le roi a dit qu’il faudrait protéger ce bourg par une muraille, j’ai su qu’il songeait à demeurer en Terre sainte.
    Dans les jours qui suivirent, son intention se confirma.

    Le sultan d’Égypte, qui avait signé avec le roi une trêve de dix ans, ne la respectait pas.
    Au lieu de délivrer tous les prisonniers, comme promis, il n’en remit aux envoyés du roi que quatre cents. Il en restait près de douze mille en Égypte.

    Alors le roi réunit les barons et chevaliers qu’il avait coutume de consulter. Sa voix tremblait de colère :
    « Les émirs, dit-il, malgré la trêve conclue et jurée, ont choisi parmi leurs prisonniers des jeunes gens qu’ils ont forcés, l’épée sur la tête, d’abjurer la foi catholique et d’embrasser celle de Mahomet, ce que plusieurs ont eu la faiblesse de faire, mais les autres, comme des athlètes courageux, enracinés dans leur foi et persistant constamment dans leur ferme résolution, n’ont pu être ébranlés par les menaces ni par les coups des ennemis, et ils ont reçu la couronne du martyre. Leur sang, nous n’en doutons pas, crie au Seigneur pour le peuple chrétien. Ils seront plus utiles dans cette patrie que si nous les eussions conservés sur la terre. Les musulmans ont aussi égorgé plusieurs chrétiens qui étaient restés malades à Damiette. »

    Il n’en dit pas plus ce jour-là, mais, un dimanche, il envoya chercher ses frères, les comtes, les gentilshommes, et quand nous fûmes réunis dans l’une des salles voûtées du château royal, il nous dit :
    « Seigneurs, Madame la reine ma mère m’a mandé et prié, dans les termes les plus forts possible, de revenir en France, car mon royaume est en grand péril par la faute du roi d’Angleterre qui ne me laisse ni paix ni trêve.
    « Les gens d’Acre à qui j’en ai parlé m’ont dit que si je m’en retournais, cette terre serait perdue, personne ne voulant plus y demeurer après mon départ avec si peu de gens. Ainsi je vous prie de réfléchir là-dessus, et comme l’affaire est d’importance, je vous laisse le temps de me répondre ce que bon vous semblera d’ici à huit jours. »

    – Hugues de Thorenc, mon fils, sache que jamais mes nuits ne furent aussi courtes.
    Je n’étais que le comte Denis Villeneuve de Thorenc, et personne parmi les grands seigneurs ne s’enquit de mon avis.
    Quand, le dimanche venu, le roi demanda à chacun de donner sa réponse, les frères du roi, Charles d’Anjou et Alphonse de Poitiers, et les autres seigneurs dirent qu’ils avaient choisi Guy de Mauvoisin pour être leur interprète.
    Celui-ci se leva et énonça d’une voix solennelle :
    « Sire, vos frères et les gentilshommes ici présents ont considéré votre situation et ont jugé qu’il vous était impossible de demeurer ici pour l’honneur de votre royaume, car des mille huit cents chevaliers que vous avez amenés en Chypre, il n’en reste ici pas une centaine. Ainsi donc, ils vous conseillent, Sire, de retourner en France et de vous y procurer des hommes et de l’argent, grâce à quoi vous puissiez revenir rapidement dans ce pays pour vous venger des ennemis de Dieu et de la captivité qu’ils vous ont infligée. »

    Le roi exigea que chacun s’exprimât et je crus que tous approuveraient Guy de Mauvoisin.
    Et puis

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