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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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avait accompagné Nash Stocklett à Canton afin d’y retrouver les enfants Clearstone. À peine arrivés, ils s’étaient rendus chez le pasteur Roberts où l’absence de Laura et de Joe avait fait à l’Anglais l’effet d’une terrible douche froide. Pour ne rien arranger, Roberts, agacé par cet incessant défilé de gens qui venaient demander des nouvelles tantôt de la fille de Barbara, tantôt de La Pierre de Lune, n’y avait pas mis les formes.
    —  Encore ! Décidément, cette Laura Clearstone suscite un intérêt qui semble aller bien au-delà de sa petite personne ! s’était écrié le pasteur. Sachez que la veille des obsèques de sa pauvre mère – paix à son âme ! -, cette petite écervelée a cru bon de partir de chez moi sans laisser d’adresse.
    —  Ce n’est pas possible ! s’était écrié Nash, au comble du désespoir.
    —  Ce que je vous dis est malheureusement exact, monsieur Stocklett…
    Melanie Bambridge, pour ne pas être en reste, avait à son tour jeté son fiel :
    —  Si vous saviez ce que les obsèques de Mme Clearstone ont coûté au révérend… Sans compter la crémation du corps.
    —  Puis-je savoir ce que sont devenues les cendres de Mme Clearstone   ?
    La gouvernante était allée chercher un petit vase de bronze dont le couvercle avait été serti au plomb, puis, d’un geste théâtral et fort déplacé vu les circonstances, elle l’avait déposé sur la table.
    —  Si vous les voulez, prenez-les, elles sont à vous ! avait lancé l’Américain.
    —  Il nous en a coûté l’équivalent de quinze dollars, avait ajouté l’affreuse Mélanie.
    Nash avait payé la somme et, à peine franchi le seuil du presbytère, s’était laissé gagner par le désespoir.
    —  Tout ce voyage pour ça ! s’était-il écrié, en larmes, en désignant l’urne funéraire.
    Antoine, le cœur serré, avait essayé de consoler son compagnon.
    —  Nous la retrouverons, votre petite Laura ! Elle ne doit pas être bien loin…
    —  Qu’en savez-vous   ?
    —  Je ne la vois pas se réfugier au Tibet ! Surtout avec son frère à charge… Elle est sûrement quelque part à Canton.
    Vuibert avait beau argumenter, Stocklett, inconsolable, voyait s’effondrer tous les espoirs de rachat de conduite qu’avait fait naître en lui son départ pour la Chine.
    —  Cette urne me brûle les doigts… avait gémi l’Anglais, en tendant brusquement à Antoine le petit vase de bronze sur lequel se focalisaient tous ses remords.
    Ne sachant trop quoi faire pour calmer son compagnon, Antoine lui avait proposé d’aller répandre les cendres de Barbara Clearstone dans la Rivière des Perles comme le faisaient les bouddhistes.
    —  Vous avez raison, ce sera mieux pour elle… et pour moi… avait soufflé Nash qui n’aurait pu côtoyer une seconde de plus l’implacable preuve de ses turpitudes.
    Ce jour-là, les eaux boueuses du fleuve en crue, irradiées de zébrures mordorées par les rayons d’un soleil qui jouait à cache-cache avec les nuages, affleuraient au niveau de ses berges. Au milieu des troncs d’arbres et des poutres arrachées aux maisons dévastées par l’inondation, un puissant courant charriait vers la mer toutes sortes de détritus et de cadavres. Nash ne se sentant pas la force d’y verser lui-même le contenu de l’urne, c’était Antoine qui l’avait fait. Pâle comme la mort, l’amant de Barbara s’était signé au moment où tout ce qui restait de la femme qu’il avait tant aimée, c’est-à-dire un petit nuage de poudre beige, s’était dissous dans la Rivière des Perles.
    Pendant huit jours, Stocklett était si abattu qu’il avait gardé la chambre. Si retrouver Laura lui paraissait une tâche inaccessible, il n’arrivait pas à se faire à l’idée qu’il ne la reverrait pas. Au bout d’une semaine, voyant que son compagnon ne cessait de péricliter, Antoine, qui n’avait lui-même aucun projet précis depuis qu’il avait rompu les amarres avec les autorités françaises, avait gentiment proposé à Nash d’aller visiter les Philippines.
    —  Il paraît que ces îles sont paradisiaques… Depuis longtemps, elles me font envie ! De Canton à Manille, il y a à peine plus d’une semaine de bateau !
    —  Pourquoi pas   ? avait répondu distraitement Nash, l’esprit ailleurs.
    —  Sachez que vous n’êtes pas seul, Nash. Nous sommes deux…
    Éperdu de reconnaissance, l’Anglais avait pris les mains du

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