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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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peux me faire confiance. Tu peux me dire sans crainte la raison de ton séjour ici ! Si je peux t’aider, je le ferai…
    Antoine s’était contenté de répondre par un vague sourire. Compte tenu de la personnalité de Jovial, confirmer qu’il était venu en touriste l’eût à coup sûr fait passer à ses yeux pour un dissimulateur. Le géant roux lui avait assené une magistrale claque dans le dos.
    —  Je parie que vous n’avez pas de lieu où crécher !
    —  Nous trouverons bien une petite pension de famille…
    —  Il n’y en a pas à Manille !
    —  Une chambre chez l’habitant fera l’affaire…
    —  Trêve de chichis, Vuibert ! Ici, vous êtes sur mes terres. Vous logerez donc chez moi… avec votre ami bien entendu ! avait tonné l’immense Orléanais qui n’avait guère donné aux deux hommes d’autre choix que de le suivre.
    Le géant d’Orléans habitait à la périphérie de Manille, dans un ancien fortin construit au XVIIe siècle par les Hollandais lorsqu’ils avaient essayé de s’emparer de la ville. Jovial entassait ses cargaisons humaines dans les salles voûtées construites par les bataves pour servir de soubassement au bâtiment. Après avoir installé Antoine et Nash dans deux chambrettes contiguës, il les avait conviés à dîner dans l’immense salle où, jadis, le corps de garde de la forteresse prenait ses repas. Nos deux voyageurs n’avaient pas tardé à connaître la raison de l’empressement qui avait conduit leur hôte à les loger chez lui. À peine la première bouchée de poulet rôti attaquée, celui qui était en réalité un marchand d’esclaves leur avait benoîtement expliqué qu’il vendait ses travailleurs chinois à de riches propriétaires de l’île Bourbon où il était impossible, suite à l’abolition de la traite des Noirs, de renouveler la main-d’œuvre d’origine africaine qui commençait à vieillir.
    —  Songez que les Chinois sont bien plus robustes que les Indiens dont la plupart sont rachitiques… sans oublier le plus important : les Han sont sacrément plus amis du travail et disciplinés que les nègres d’Afrique ! À l’île Bourbon, on se les arrache, s’était exclamé le colosse en se frottant les mains.
    —  Si je comprends bien, vous exploitez là un bon filon, avait lancé Antoine qui avait du mal à cacher son dégoût.
    —  Votre venue tombe à pic, Vuibert. J’ai besoin d’un convoyeur qui parle le français pour acheminer la prochaine cargaison à Saint-Denis. D’ordinaire, c’est moi qui m’y colle. Mais ce coup-ci, je me vois obligé de rester ici. J’attends depuis trois semaines d’être reçu par le gouverneur des Philippines. Il peut me convoquer d’un jour à l’autre… Il y va de ma patente, qui doit être renouvelée. Sans ce maudit bout de papier, je n’aurai plus qu’à aller planter mes choux ailleurs. Si vous acceptez, je vous paierai vingt dollars-or… la moitié au départ et l’autre au retour.
    Au moins Jovial ne s’embarrassait-il pas de circonlocutions inutiles.
    —  Vous souhaitez une réponse tout de suite   ? avait hasardé Antoine.
    —  Le navire part dans deux jours. La traversée dure grosso modo de deux à trois semaines, selon le temps. Demain, je vous communiquerai les coordonnées de mon correspondant à l’île Bourbon et ferai établir la documentation nécessaire, avait poursuivi Jovial comme s’il avait déjà obtenu l’accord des deux hommes.
    Le soir même, Stocklett et Vuibert avaient longuement discuté de cette étrange proposition.
    —  J’ai bien peur que si vous refusez, ce gaillard ne nous le fasse payer très cher. Il ne tient qu’à lui de fermer la porte de sa forteresse et nous sommes ses prisonniers. C’est visiblement un homme sans foi ni loi, avait conclu Stocklett d’un air sombre.
    —  Je ne sais pas ce qui m’a pris d’accepter son invitation… Mais vous avez raison, au point où nous en sommes, il paraît difficile de refuser. Après tout, dans un mois et demi au maximum nous serons de retour avec vingt dollars-or en poche !
    Stocklett avait vu juste. Le lendemain, lorsqu’ils étaient descendus pour prendre leur petit déjeuner, leur hôte les avait à peine salués. Ce n’était plus le colosse au ton familier et complice qui avait accueilli Antoine, mais un lascar implacable qui, après avoir posé sur la table dix pièces de un dollar en or et deux feuillets manuscrits, lui avait lancé, sur un ton

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