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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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qu’ils avaient fondée avec lui.
    —  Nous avons besoin de lui. Sans Jarmil, comment ferons-nous pour nous procurer l’opium   ? Nous ne connaissons même pas l’adresse d’Abdullah Rainsy ! fit Stocklett, en nage et bourrelé de remords.
    Il avait tellement insisté pour cette association qu’il se sentait chaque jour plus coupable d’y avoir entraîné Antoine.
    —  C’est bien là que le bât blesse. Nous sommes pieds et poings liés ! Sans compter le retard que nous accusons par rapport à notre plan d’affaires initial. Normalement, nous aurions dû engranger mille dollars de chiffre d’affaires depuis le début de l’année… À ce jour, nous n’en avons guère rentré que la moitié ! maugréa ce dernier, la mine sombre.
    Stocklett accusa le coup. Il est vrai qu’il y avait de quoi enrager : c’était encore ce flibustier de Jarmil qui lui avait fourni ces chiffres en tous points mirobolants, et qu’un comptable aguerri de son espèce ait pu se laisser prendre au jeu de ce Franco-Indien si apte à faire prendre à autrui des vessies pour des lanternes dépassait l’entendement ! Désireux, pour une fois, d’annoncer quelque chose de positif à son ami, il lui lança :
    —  Au fait, j’ai une bonne nouvelle pour toi !
    —  Laquelle   ?
    —  Wang Qing m’a proposé de nous vendre à prix coûtant trois cents théières qu’il n’arrive pas à écouler parce que leurs couleurs sont passées de mode.
    Le Shanghaien Wang Qing était le plus gros marchand de porcelaines chinoises de Singapour. Dans ses entrepôts qui s’étendaient sur près de la moitié de la rue des marchands d’ustensiles s’entassaient des centaines de milliers de bols, d’assiettes, de théières et autres vases de tous les styles et de toutes les époques, certains d’une valeur inestimable.
    —  Pourquoi pas ! Encore que je me méfie de ce que Wang Qing appelle « prix coûtant »… fit le Français, sans conviction.
    —  Si nous devions arrêter le commerce de l’opium, j’ai pensé que les porcelaines de Chine seraient un bon créneau de substitution.
    —  À condition de trouver un grossiste efficace à Londres. Personnellement, je ne m’estime pas assez fort pour revendre leur propre porcelaine aux Chinois ! trancha Antoine.
    —  Pourquoi es-tu si dur avec moi   ? Ne crois-tu pas que je regrette assez de t’avoir entraîné dans cette maudite aventure   ? s’écria Nash.
    —  Excuse-moi, Nash, mais je n’arrive plus à faire face ! C’est plus fort que moi ! Ce coulage de l’opium est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! Je crains que nous n’ayons fait preuve d’une grande légèreté en acceptant de nous associer avec Jarmil…
    —  Si nous doutons à ce point de Jarmil, eh bien, je propose que nous en tirions les conséquences ! Entre partenaires, soit on a confiance à cent pour cent, soit on se sépare !
    C’était la première fois que Stocklett, qui était pourtant à l’origine de leur association avec le Pondichérien, envisageait sa dissolution pure et simple.
    —  Je suis heureux que tu abordes le sujet ! Maintenant que j’ai appris à gérer une affaire, j’ai envie de revenir en Chine et de m’y lancer dans l’import-export, confia le Français à son ami.
    —  Il est normal que tu veuilles reprendre tes billes. Je suis sûr que tu feras merveille sur ce créneau ! Tu en connais déjà toutes les ficelles…
    —  Merci, Nash, pour ta confiance ! Et toi, quels sont tes projets si nous quittons Singapour   ?
    —  Tu les connais ! Tant que je n’aurai pas retrouvé les enfants Clearstone, je ne serai pas en paix avec moi-même, fit Nash, en séchant une larme.
    —  Cela finira bien par arriver.
    —  Les années passent et je n’ai toujours pas la moindre nouvelle… Peut-être aurais-je dû m’y prendre différemment ! murmura tristement Stocklett qui ne comptait plus les avis de recherche des enfants Clearstone qu’il avait lancés, en vain jusque-là, à Canton ou à Shanghai.
    —  Je ne vais pas te resservir ton excellente phrase sur l’inutilité des regrets… souffla le Français en souriant.
     
    Depuis cinq ans qu’ils se côtoyaient, les deux hommes n’avaient plus beaucoup de secrets l’un pour l’autre, d’autant que l’incroyable enchaînement qui les avait amenés à s’installer à Singapour les avait un peu plus rapprochés.
    Après sa rupture avec Charles de Montigny, Antoine Vuibert

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