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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Classique de l’Empereur Jaune et le Classique du Pouls. J’ai également étudié le panorama médical du docteur Li Shizhen. Dans la famille, nous avons une certaine propension à aider les gens à guérir. Il est bien possible que ma fille en ait hérité ! conclut le Han avec un sourire malicieux.
    Pivoine Maculée de Rose apparut, un bol de soupe à la main, tandis que son père s’éclipsait pour aller soigner la vingtaine de patients qui l’attendaient. Elle cala des coussins dans son dos, puis, avec une douceur et une attention extrêmes, elle commença à le faire manger tel l’oisillon auquel sa mère donne la becquée.
    La Pierre de Lune pouvait constater à quel point son visage, à présent tout près du sien, était la version féminine de celui de son père : tout aussi harmonieux mais d’aspect moins hiératique, plus mobile, ce qui lui conférait un côté mutin qui en accentuait le charme. Une drôle de petite lueur dans les yeux, elle lui souriait. Aux commissures de ses lèvres pulpeuses, dessinées à la perfection par ce délicieux rebord de la peau dont elles étaient ourlées, deux exquises fossettes s’étaient creusées, qui lui donnaient un air quasiment enfantin. Écraser sa bouche sur ces lèvres… Un vertige étouffant lui noua le cœur en même temps que montait en lui une ineffable bouffée de désir. C’était la première fois, après ces années d’abstinence et de privations, qu’il sentait fourmiller son sexe. Étant donné qu’il ne portait que des braies de coton léger, dans quelques instants, s’il ne se contrôlait pas, Pivoine Maculée de Rose risquait de s’en apercevoir. Il lui fallait à tout prix s’arracher à la contemplation de la jeune femme et reprendre le fil de la conversation.
    —  Votre soupe est délicieuse. Vous êtes aussi douée en cuisine qu’en médecine… dit-il.
    Elle se retrancha derrière un rire cristallin, un de ces petits rires charmants, capables de désarmer ceux auxquels ils s’adressent, puis répondit, l’air de rien :
    —  Je vous y ai mis deux nids d’hirondelle… Ils vous fortifieront. C’est pour que vous guérissiez plus vite.
    De sa main, elle lui effleura le front. Au contact de sa peau, les fourmillements reprirent de plus belle.
    —  C’est gentil ! Au fait, je ne sais même pas comment s’appelle votre père, fit-il fébrilement.
    —  Ses parents lui avaient donné pour nom Élévation Paisible de Trois Degrés. Il espéraient que leur fils embrasse la carrière du mandarinat et qu’il y atteigne le grade le plus élevé possible.
    —  C’est effectivement un nom évocateur…
    —  Désormais, il faut l’appeler Joseph. Joseph Zhong.
    —  Le Zhong du piège qui sert au chasseur   ?
    —  Si vous voulez. Mais il vaut mieux dire le Zhong avec lequel le pêcheur attrape le poisson… Le filet… Jésus est le filet qui permet aux pêcheurs, c’est-à-dire aux hommes, de manger…
    —  Votre père est converti au christianisme…
    —  Oui, grâce à un prêtre lazariste, le père Emmanuel Lanchon. Cet homme avait fondé une église à Zhangzhou {47} . Quelques mois auparavant, il était venu trouver mon père pour lui commander la fabrication d’un bateau qu’il avait décidé de confier à tour de rôle aux familles de pêcheurs les plus indigentes.
    —  Quelle bonne idée !
    —  N’est-ce pas ! Grâce à ce navire, une dizaine de familles de Shantou mangent désormais à leur faim. Il fallait un système permettant à chacun de ses utilisateurs de profiter du navire de façon équitable. M. Lanchon demanda à papa de l’aider et ils devinrent amis… Lorsqu’il fut baptisé, mon père décida de changer de nom.
    —  Vous êtes baptisée   ?
    —  Oui ! fit-elle avec fierté, maman aussi…
    Il sourit. Après avoir vécu dans un monastère bouddhiste, voilà qu’il se retrouvait hébergé chez des Chinois convertis au catholicisme !
    —  Parce que votre père le souhaitait   ?
    —  Pour ce qui me concerne, ce fut de mon plein gré ! Je crois en Dieu de toutes mes forces ! Je crois dans l’amour du Christ. Il n’y a qu’un seul Dieu tout-puissant et miséricordieux ! s’empressa de répondre Pivoine Maculée de Rose avec une pointe d’agacement, tout en donnant à La Pierre de Lune une dernière cuillerée de bouillon.
    Midi approchait. Par son inclinaison, un soleil vengeur, qui, avec le secours du vent, avait chassé la pluie en un rien de temps,

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