Le sac du palais d'ete
habillé de noir était assis contre le mur, sur un tabouret.
Qu’attendait-il ?
Le fils de Prospérité Singulière, auquel tout cela paraissait de plus en plus mystérieux, s’approcha de l’homme en question. Voyant qu’il avait les yeux fermés, il se racla doucement la gorge et aussitôt, l’individu vêtu de noir les ouvrit.
— Je souhaiterais parler au moine Luang Fudong… fit Tang, sans trop y croire.
— Mon nom est Luang Fudong ! Je suis pasteur de l’église baptiste de la Dévotion à Notre-Seigneur Jésus-Christ. Que puis-je pour vous ? répondit l’intéressé en se levant.
Habillé à l’occidentale, d’une veste et d’un pantalon, Luang flottait un peu dans ses vêtements élimés et couverts de traces de poussière. Tang, abasourdi, extirpa de sa poche la monnaie d’argent de son père et, d’une main tremblante, la lui tendit.
— Je m’appelle Tang. Ce tael d’argent m’a été donné par Prospérité Singulière !
— Comment va-t-il, mon très honorable frère dans le Christ ? Le Han respira un grand coup.
— Mon père est mort.
— Toutes mes condoléances, mon cher Tang.
— Merci, ô Luang Fudong… répondit Tang en s’inclinant.
— Tu ne dois pas être triste, Tang. Ton auguste père s’était converti à la Divine Parole du Christ. Son âme est sauvée. Il est au Ciel, dans la lumière de Notre Divin Seigneur… murmura Luang dont le visage rayonnait d’allégresse.
Tang le regarda, surpris et courroucé. Comment pouvait-on manifester une telle joie lorsqu’on apprenait la mort de quelqu’un ?
— Je lis sur ton visage que tu n’es pas croyant… Seul un croyant peut comprendre mon attitude ! Pour un croyant, seul compte le royaume de Dieu ! C’est là où est ton père ! ajouta le pasteur qui avait deviné l’état d’esprit dans lequel se trouvait son visiteur.
— Comment le sais-tu ?
— Ton père s’était converti au Christ ! Les convertis au Christ sont accueillis après leur mort dans le royaume de Dieu.
— Mais qui est donc le Christ ?
Luang entraîna Tang dans la nef et alla lui montrer la grande croix de bois fixée au mur du fond, au-dessus de la Bible ouverte.
— C’est lui !
— Un morceau de bois ?
— La croix représente le fils de Dieu descendu sur terre pour nous sauver, pour te sauver, ô Tang. Ce que tu prenais pour une monnaie d’argent est la médaille du Christ ! Ton père la reçut de mes mains lors de son baptême.
— Baptême ?
— Parfaitement ! Quand tu reçois le baptême, tu deviens « baptisé », c’est-à-dire membre à part entière de l’Église de Dieu !
Inquiet et déstabilisé, Tang demanda à Luang :
— Quelle est la différence entre Dieu, le Christ et le Bouddha ?
— Le Christ fait partie de Dieu ! Le Bouddha refusait l’idée même de Dieu.
— Pourtant, le Bienheureux Bouddha semble avoir accompli tant de miracles, tellement aidé ses semblables ! Ton Christ en a-t-il fait autant ?
— Bien plus que le Bienheureux Bouddha, si tu veux tout savoir ! Le Christ a accepté de mourir sur la croix pour sauver le monde ! Il a donné sa vie pour que toi et moi soyons sauvés ! Le Christ est amour pur ! Au demeurant, les vies du Christ et du Bouddha sont assez proches. Ils vivaient pauvrement et recrutèrent des disciples prêts à les suivre jusqu’à la mort. Ils prêchaient tous les deux l’amour et la tolérance.
Luang continua à raconter à Tang la vie de Jésus, en lui expliquant que cette force d’amour pur, à la fois fils et partie intégrante de Dieu, était descendue sur terre pour sauver les hommes et leur dire la Vérité. Puis, avec les mots du cœur de l’homme de foi, il lui décrivit ses miracles, sa crucifixion et sa résurrection.
— Comment un Dieu peut-il accepter de se faire crucifier par les hommes ?
— Jésus-Christ, à la fois homme tout en étant fils de Dieu, accepta de se soumettre au jugement des hommes.
Tang était de plus en plus perplexe.
— Si j’en crois tes dires, tu n’es donc ni confucéen, ni taoïste, ni bouddhiste ?
— Je suis un pasteur de l’Église baptiste ou, si tu veux, un prêtre du Christ. Je crois en l’amour infini du Christ. Ma religion est le christianisme ! Confucius, Laozi et le Bouddha ne sont rien à côté du Christ fils du Dieu unique.
— Ton Dieu unique a donc fait des enfants…
— Dans son infinie
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