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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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double   ?
    —  Non ! Je l’ai pratiqué avec le Christ !
    —  Le Heqi avec le Christ   ? Mais comment est-ce possible   ? fit Tang interloqué.
    —  L’union des souffles n’est qu’une forme particulière de la soif d’absolu que chacun d’entre nous recèle au tréfonds de lui-même. Lorsque le Christ est en moi, mes souffles se mélangent avec le Sien et je me sens comme un ange au ciel !
    Un vent de fol espoir souffla soudain sur le fils de Prospérité Singulière, qui n’arrivait pas à cacher son étonnement.
    —  Et moi qui pensais que l’homme ne pouvait pratiquer le Heqi qu’avec une femme et vice versa… soupira-t-il.
    —  Les bouddhistes qui atteignent l’Illumination par la pratique de la méditation assise {33} prétendent jouir de la même sensation de plénitude et de bien-être… Ceci étant, rien n’égale, selon moi, l’union avec le Christ, conclut tranquillement Luang Fudong.
    Tang voyait toutes ses certitudes mises à bas. C’était un comble ! Contrairement à ce qu’il croyait, l’union des souffles n’était pas réservée au seul et unique couple formé par l’homme et la femme complémentaires.
    Réconforté, il repensait aux paroles de Vide Essentiel, l’ermite de l’Emeishan : la Grande Fusion se situe bien au-delà du simple plaisir partagé… elle s’adresse à la fois au corps et à l’esprit ! Moi, je l’ai atteinte grâce à une femme. D’autres y réussissent par des méthodes… comment dire… plus spirituelles.
    Le vieux sage ne lui avait pas dit autre chose, à ceci près que, de ses phrases, il n’avait retenu que la partie qui concernait la voie sexuelle de l’union des souffles et s’y était cantonné. Mais à présent que le pasteur Luang lui avait ouvert les yeux, l’espoir renaissait et son cœur s’apaisait. La perte de Jasmin Éthéré pouvait être compensée par une union avec ce personnage extraordinaire qui avait, par amour pour ses semblables, accepté la condition humaine alors même qu’il était d’essence divine.
    Alors, humblement, tel un enfant qui veut tout apprendre, il s’agenouilla aux pieds de celui qui avait sauvé la vie à son père et lui souffla d’une voix apaisée :
    —  J’aimerais, moi aussi, devenir l’un des disciples de ton Christ.

 
    49
     
    Jintiancun, 23 janvier 1848
     
    Dieu existait ! C’était sûr, Dieu ne l’abandonnerait pas. Car Dieu l’avait déjà tellement aidée ! Dieu protégerait son enfant. Mais au fait, pourquoi Dieu la séparait-elle de La Pierre de Lune   ? Pourquoi le Tout-Puissant ne permettait-il pas à deux êtres qui s’aimaient de se retrouver et à l’enfant à naître d’avoir un père   ? Comme à l’accoutumée, lorsqu’elle sentait son enfant bouger, Laura Clearstone était partagée entre la joie de la naissance à venir et la tristesse de l’absence de celui dont elle était toujours sans nouvelles.
    Chaque jour qui passait, elle se sentait un peu plus lasse et vidée par l’énergie de ce bébé qui frappait contre la paroi de son ventre. La vie qui se nourrissait de son corps au point de l’épuiser devenait peu à peu celle d’un être à part entière qui finirait par définitivement lui échapper. Elle s’assit sur un banc et posa sa main sur son ventre alourdi, tendu et rebondi comme une jarre à grain. L’accouchement approchant à grands pas, le moindre mouvement occasionnait une terrible gêne à la jeune Anglaise.
    —  Veux-tu que je te porte une bouillotte   ? lui demanda Xuanjiao qui ne la quittait plus d’une semelle, guettant la perte de ses eaux.
    —  Tu es gentille mais je prendrai plutôt un grand bol de thé ! fit-elle.
    —  Je vais faire chauffer de l’eau… proposa alors Jasmin Éthéré qui n’était jamais très loin de son amie anglaise.
    Depuis l’arrivée de Laura Clearstone au mont des Cardons, les trois jeunes femmes avaient sympathisé au point de désormais former un trio inséparable et uni comme les doigts d’une main.
    Xuanjiao était la sœur cadette de Hong Xiuquan. Laura appréciait particulièrement cette jeune fille au regard de braise qui, sous une douceur apparente, cachait un caractère bien trempé. Quelques mois plus tôt, Xuanjiao, à la demande de son frère, avait épousé le bûcheron Xiao Chaogui {34} l’un des plus brillants lieutenants de Hong. Ce mariage arrangé n’avait nullement entamé le soutien inébranlable de Xuanjiao envers l’ancien président de la

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