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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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l’arbalète…
    —  J’étais allé méditer au même endroit. Le père de Duve disait qu’un beau paysage favorise la prière.
    —  Et vous vous rencontrâtes !
    —  Si l’on peut dire. En fait, je faillis buter sur lui. De retour de sa chasse, il était tombé de cheval et gisait sur le chemin, inconscient. Un mélange de bave et de sang coulait de sa bouche… Au début, je crus qu’il était mort. Désemparé, je sortis ma Bible de mon sac et me penchai au-dessus de lui en récitant le « Pater Noster ». Au bout d’un moment, il ouvrit les yeux mais sa bouche resta figée. Il était incapable de parler. En fait, tout son corps était paralysé. Je courus chercher de l’eau mais sa bouche refusait de la boire. À la nuit tombante, de peur qu’il n’ait froid, je le chargeai sur mes épaules et l’emmenai jusqu’à une cabane de berger pour le veiller. Il continuait à dormir profondément. C’est alors que je lui parlai du Christ, venu sur terre pour sauver l’humanité, et lui glissai entre les mains cette médaille. Au cours de la deuxième nuit, ne l’entendant plus respirer, je crus qu’il était mort. Au matin du troisième, il se réveilla enfin, souriant et dispos. Parfaitement lucide, il se souvenait de tout ce que j’avais dit sur le Christ et sur les Évangiles. En fait, ton père n’avait pas dormi. D avait vu son âme s’extraire de son corps et flotter au-dessus de lui. D’une simple pichenette, elle avait repoussé les esprits malins gui qui prétendaient l’entraîner dans les royaumes infernaux. C’est ainsi qu’il se convertit au Christ, en plein coma !
    —  Mon père fut donc guéri par la seule force de sa foi dans le Christ… constata Tang, ému aux larmes.
    —  Tu l’as dit. Sa foi le sauva   !
    —  Sur le chemin du retour, il se présenta, m’expliqua ses fonctions et me demanda si j’accepterais de le baptiser. Lorsque nous revînmes enfin à Kunming, il me demanda s’il pouvait garder la médaille que je lui avais glissée dans la paume. Deux mois plus tard, au début de l’été, je le fis plonger dans le lac de la Pierre Plate et le consacrai en tant que fils de Dieu, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Il me fit bénir sa médaille et me confia qu’il la donnerait à la personne la plus chère à son cœur. Telle est la belle histoire que Prospérité Singulière voulait te raconter.
    —  Je comprends mieux à présent pourquoi mon père pleurait à chaudes larmes lorsqu’il me la remit, murmura Tang qui serrait la médaille dans sa paume.
    —  Ne croyant pas aux coïncidences, j’y vois un signe de Dieu. Ton père essayait de te mettre dans les pas du Christ ! Malheureusement, il n’en eut pas le temps.
    —  Dire qu’il aurait pu mourir sans que je sois présent à ses côtés, murmura Tang en réprimant un frisson.
    —  Heureusement pour lui et pour toi, la Providence en décida autrement…
    —  Pourrais-je solliciter à mon tour la Providence   ? Mon âme souffre. J’ai perdu la femme que j’aimais. Je me sens terriblement abandonné, vide et inutile, murmura alors, d’une voix étranglée, le fils de Prospérité Singulière.
    Sa souffrance était si évidente que le pasteur Luang posa son pouce sur son front avant d’y dessiner le signe de la croix.
    —  Veux-tu que je te fasse rencontrer le Christ   ? Je suis sûr que tu en tirerais profit. Ta souffrance est immense, ô Tang ! s’écria celui qui avait baptisé Prospérité Singulière.
    Tang, bouleversé, peinait à retenir ses larmes.
    —  Comment peux-tu deviner que je souffre   ?
    —  Tes tourments sont écrits sur ton visage !
    Face à ces propos qui venaient d’un homme bon et qui cherchait à l’aider, le Han, perdant soudain toute contenance, explosa :
    —  Ma femme me manque infiniment. Elle m’a quitté sans crier gare ni prévenir. Depuis qu’elle est partie, je me sens seul au monde !
    —  Tu l’aimais beaucoup !
    —  Avec elle, nous pratiquions le Heqi… Nous arrivions à vibrer à l’unisson. Nous mélangions allègrement nos humeurs. Elle et moi ne faisions plus qu’un ! Jasmin Ethéré était mon double. Dans la nature, chaque homme ou chaque femme n’a qu’un seul double. À présent qu’elle n’est plus avec moi, c’est comme si j’étais amputé d’une moitié de moi-même !
    —  Moi aussi, il m’est arrivé de pratiquer le Heqi, lui dit sobrement le pasteur Luang.
    —  Tu as rencontré ton

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