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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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d’autant plus que désormais la papauté avait noué d’autres alliances : Alfonso représentait un danger pour la famille Borgia.
    Bien des pensées lui occupaient l’esprit tandis qu’il attendait d’être admis dans les appartements de sa sœur. Il était agité et semblait ne s’intéresser à rien ; mais il s’inquiétait. Que penserait-elle ? Aurait-elle cessé de l’aimer ?
    Dès qu’elle le vit, Lucrèce se précipita vers lui, le prit par le cou et posa la tête sur sa poitrine.
    — César ! Comme la vie t’a maltraité !
    Il l’entendit à peine et préféra détourner le regard. Son cœur battait toujours aussi fort, comme à chaque fois.
    — Tu as l’air de bien te porter, dit-il doucement. Es-tu toujours aussi heureuse ?
    Elle prit sa main et le conduisit jusqu’à un canapé.
    — Seul le paradis pourrait me donner plus de joie. Avec mes enfants, comme avec Alfonso, j’éprouve un bonheur que je n’ai jamais connu. C’est un rêve dont j’ai toujours peur de m’éveiller.
    Il se raidit :
    — J’ai rendu visite au petit Giovanni. Notre fils te ressemble plus qu’à moi ! Des boucles blondes, des yeux clairs…
    Elle éclata de rire.
    — Pas tout à fait ! Il a tes lèvres, ton sourire, et tes mains, qui sont aussi celles de père. Adriana me l’amène tous les jours de chez toi, et comme tu étais parti j’ai eu le plaisir de le voir souvent. C’est un enfant intelligent et raisonnable, mais qui a aussi tes accès de fureur !
    — Et ton autre fils ? Es-tu aussi contente de lui ?
    — Rodrigo n’est encore qu’un nouveau-né, qui peut savoir ce qu’il deviendra ? Mais il est aussi beau et aussi doux que son père.
    — Tu es toujours satisfaite de ton mari ? demanda César d’un ton un peu hésitant.
    Lucrèce savait qu’il lui fallait répondre prudemment. Si elle laissait entendre que non, Alfonso serait exposé à tous les dangers, perdrait la liberté et peut-être la vie. Il en irait d’ailleurs de même si elle disait l’aimer.
    — Alfonso est un homme bon et vertueux. Il est très attentionné envers moi, comme envers les enfants.
    — Si père tentait de faire annuler ce mariage, y consentirais-tu ?
    Elle fronça les sourcils.
    — César, s’il y pensait, je préférerais mourir. Je ne peux vivre en ce monde sans Alfonso… ni sans toi.
    Il la quitta sans savoir que penser. Il lui était difficile d’accepter que Lucrèce aime son époux, mais que lui-même soit encore aimé d’elle le réconfortait.
    Cette nuit-là, étendu dans son lit, à la seule lueur de la lune qui filtrait à travers la fenêtre, César chercha à se souvenir de leur rencontre : son allure, son parfum, ce qu’elle avait dit. Elle avait eu une grimace presque imperceptible en le voyant. Et la pitié dans sa voix… « Mon pauvre César, comme la vie t’a maltraité ! » Il comprit qu’elle avait discerné ses cicatrices – celles de son visage mais aussi celles, plus profondes, de son âme.
    Il se jura que désormais il se couvrirait le visage d’un masque, pour dissimuler le fardeau qui pesait sur son existence. Il s’envelopperait de mystère et continuerait à faire la guerre – non pour le Dieu de son père, mais grâce à Lui.
    Un mois après le retour de César à Rome, lors d’une cérémonie solennelle, le pape se tint devant le magnifique autel de la basilique Saint Pierre, dans ses plus superbes vêtements sacerdotaux. César était devant lui ; Alexandre plaça sur ses épaules la cape de gonfaloniere et de capitaine général des armées papales, sur sa tête une barrette écarlate, avant de lui remettre le bâton symbolisant son office.
    Agenouillé devant son père, César jura sur la Bible d’obéir au souverain pontife, de ne jamais conspirer contre lui et ses successeurs, et de ne jamais révéler le moindre de ses secrets, même sous la torture.
    Alexandre lui tendit la Rose d’or en disant :
    — Reçois cette fleur comme un symbole de joie, mon fils, car tu as fait la preuve de ta noblesse et de ton courage. Que Dieu te protège et te garde de tout mal !
    Plus tard, lors d’une réunion privée, le pape, en présence du seul Brandao, annonça à César qu’il lui faisait don de territoires et de bénéfices supplémentaires :
    — Je te récompense ainsi par admiration pour tes victoires. Il s’ensuit que tes campagnes doivent reprendre, il nous faut en discuter. Imola et Forli sont désormais à nous, c’est vrai, mais Faenza,

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