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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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pénis.
    — Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda César, perplexe.
    — Ce doit être en ton honneur, mon fils ! Je suppose que c’est toi qui as posé pour ces masques ?
    Pendant qu’il attendait de repartir en campagne, César écrivit de longues lettres à son épouse, en lui disant combien elle lui manquait. Ils seraient bientôt réunis, mais il se méfiait trop pour qu’elle puisse le rejoindre.
    Il semblait mû par une ambition surnaturelle, tourmenté par ses craintes. Il se rendait, déguisé, dans les villages proches de Rome, pour y défier les lutteurs et les boxeurs locaux, et l’emportait toujours.
    Comme beaucoup d’aristocrates de son temps, il croyait aux astres, et consulta donc le plus éminent astrologue de Rome. L’homme étudia les étoiles et les planètes, sans pouvoir conclure : le destin de César restait troublant. L’intéressé n’en fut pas inquiet, car il était certain de pouvoir duper jusqu’aux cieux, s’il savait se montrer suffisamment sagace.
    Lors d’un déjeuner avec Lucrèce, il lui prit la main et, souriant, lui confia ce qu’il venait d’apprendre :
    — Je sais désormais qu’à l’âge de vingt-six ans je risque de perdre la vie les armes à la main. Tu devrais donc m’aimer tant que je suis encore vivant.
    — César, ne parle pas ainsi ! Sans toi, je suis sans défense, comme les enfants. Il faut que tu prennes garde, père compte sur toi autant que nous.
    Moins d’une semaine après, toutefois, pour mettre son destin à l’épreuve, il organisa une course de taureaux pendant laquelle six bêtes combattraient dans un enclos édifié sur la place Saint Pierre.
    Il entra dans l’arène sur son cheval blanc, affrontant successivement chaque bête, armé d’une simple lance. Il en tua cinq. La dernière était énorme, d’un noir d’encre, plus rapide que les précédentes. César prit donc une épée et, d’un seul coup, lui trancha la tête.
    Il semblait éprouver le besoin de mettre son courage à l’épreuve en se livrant à de telles audaces. Son visage masqué, son absence de peur, son mystère commencèrent à inspirer de la crainte à tous les Romains.
    Duarte Brandao s'en inquiéta suffisamment pour aller en parler au pape, qui lui dit :
    — Sa vengeance est terrible, c'est vrai, et il ne tolère aucune insulte. Mais, pour le reste, César est un bon garçon.

22
    Alfonso d’Aragon avait toujours un port de roi – même quand il avait trop bu, comme ce soir-là. Dès que s’acheva le dîner auquel il avait pris part au Vatican en compagnie du pape, de ses deux fils et de Lucrèce, il s’excusa et dit devoir rentrer, car il avait quelque chose à faire. Il embrassa son épouse en lui promettant d’attendre son retour, à quelque heure que ce fût.
    La vérité est qu’il se sentait mal à l’aise en compagnie d’Alexandre, de César et de Geoffroi, car il avait noué des contacts secrets avec Giuliano Della Rovere. Celui-ci, de nouveau dévoré par l’ambition, lui avait demandé son soutien à deux reprises, en soulignant à quel point la situation du jeune homme était dangereuse. Il fallait qu’Alfonso songe à l’avenir, après la chute des Borgia, quand le cardinal deviendrait pape. Le royaume de Naples n’aurait plus rien à craindre : la couronne serait arrachée au roi de France et rendue à ses légitimes possesseurs.
    Alfonso était terrifié à l’idée que le pape puisse découvrir ses menées secrètes. Depuis son retour à Rome, il avait plus d’une fois remarqué que les Borgia le surveillaient de près, et savait qu’ils le soupçonnaient de trahison.
    Il traversa la place Saint Pierre, ses pas résonnant sur le pavé. Tout devint brusquement noir comme dans un four : les nuages s’en étaient venus cacher la lune. Il crut entendre des bruits étouffés, se retourna pour voir si on le suivait. Rien. Haletant, il tenta d’apaiser son cœur qui battait à tout rompre. Pourtant quelque chose n’allait pas, il le sentait.
    Soudain la lune brilla de nouveau, et il aperçut plusieurs hommes masqués qui, sortant de l’ombre, se précipitaient vers lui. Ils brandissaient des scroti – une arme primitive, faite d’un sac de cuir rempli de morceaux de fer. Il voulut faire demi-tour, retraverser la place en courant, mais trois de ses assaillants s’emparèrent de lui et le jetèrent sur le sol, puis le frappèrent sur tout le corps. Il tenta de se retourner sur le ventre, de se protéger la tête, mais les

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