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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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laquelle l’engin était superbement dessiné. Mais le croquis s’accompagnait de commentaires strictement impossibles à déchiffrer.
    Voyant que César restait perplexe, Léonard eut un petit rire.
    — C’est une de mes astuces pour tromper les espions et les plagiaires. Après tout, quelqu’un pourrait vous voler ce document… J’écris toujours de manière à ce que, pour me lire, il faille tenir la feuille devant un miroir : tout devient alors parfaitement clair.
    César sourit : il admirait les gens prudents.
    — Capitaine général, reprit Vinci, l’ennemi entend donc parler de cette redoutable tour et voit que vous la faites construire. Il sait par ailleurs que le temps va lui manquer. La seule solution pour lui est de surélever les murailles, d’y entasser pierre sur pierre de manière à leur faire gagner dix pieds de plus. Mais c’est une terrible erreur ! C’est oublier en effet qu’elles ne seront plus stables, parce qu’il faudrait en même temps renforcer leur base pour supporter ce poids supplémentaire. Le temps que nos adversaires y pensent, votre artillerie aura commencé d’ouvrir le feu.
    César fit donc en sorte que ses hommes se vantent partout que l’armée papale allait disposer d’une tour de siège invincible. Puis il en fit entamer la construction, de telle sorte qu’on pût la voir du haut des murailles de Faenza, à portée desquelles il installa ses canons. De toute évidence, les assiégés avaient compris le danger et s’affairaient sur les remparts pour y empiler d’énormes pierres. Amusé, César retarda un peu le moment de l’assaut, afin que ses adversaires disposent de plus de temps.
    Il conféra ensuite sous sa tente avec Vito Vitelli :
    — Voilà ce que je veux, Vito, dit-il. Concentre tous tes tirs à la base de la muraille reliant ces deux tours, dit-il en désignant un espace assez vaste pour que son armée puisse s’y engouffrer.
    — À la base ? s’exclama Vitelli, incrédule. Mais c’est ce que nous avons fait tout l’hiver, sans résultat ! Mieux vaudrait viser les remparts : nous pourrions au moins leur tuer des hommes.
    — Fais comme je te dis ! répondit simplement César, qui ne voulait révéler à personne la stratégie secrète de Léonard de Vinci : elle pourrait lui servir face à d’autres villes…
    Vitelli donna donc des ordres à ses hommes, qui entreprirent, non sans difficultés, d’abaisser leurs canons pour que leurs boulets atteignent la zone indiquée.
    César ordonna aux fantassins et aux cavaliers de se rassembler derrière l’artillerie. Lui-même avait revêtu son armure ; il enjoignit à ses hommes d’armes de se préparer et de rester à cheval. Ils obéirent en maugréant : le siège pouvait durer des mois ! Devraient-ils demeurer en selle jusqu’à l’été ?
    Une fois certain que ses troupes étaient prêtes, César donna à Vitelli l’ordre d’ouvrir le feu.
    Les canons se mirent à rugir avec régularité. Leurs boulets s’en venaient frapper les murailles à trois ou quatre pieds du sol, et la canonnade se poursuivit sans interruption. Vitelli se tourna à deux reprises vers César qui, à chaque fois lui fit signe de continuer.
    Il y eut brusquement un bruit d’effondrement, qui se fit de plus en plus fort : la muraille s’affaissait sur cinquante pieds de large, au milieu d’un énorme nuage de poussière et des hurlements des soldats – enfin, des survivants – qui se tenaient à cet endroit.
    César ordonna aussitôt à ses troupes de charger. Poussant des cris, la cavalerie légère s’avança à travers la brèche, suivie de l’infanterie, afin de progresser suffisamment pour prendre l’ennemi à revers.
    César n’attendit que quelques minutes pour donner le signal de l’attaque à ses hommes d’armes. En face, les défenseurs de la ville s’étaient rassemblés derrière la brèche, pour en interdire l’accès ; mais ils furent balayés par les assaillants.
    Ceux qui défendaient la ville du haut des murailles encore intactes, pris à revers, succombèrent sous les flèches, les lances et les coups d’épées, et l’un de leurs officiers hurla :
    — Nous nous rendons ! Nous nous rendons !
    Les assiégés, jetant leurs armes, levèrent les mains en l’air. César ordonna donc à ses officiers de mettre un terme aux combats. C’est ainsi que Faenza passa sous contrôle pontifical.
    César donna au prince Astore Manfredi un sauf-conduit lui permettant de se rendre à

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