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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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Rome. Mais, impressionné par les hauts faits de l’armée papale, et avide d’aventures, le jeune homme – il n’avait que dix-sept ans – demanda à son vainqueur la permission de servir dans son état-major. César accepta, bien qu’un peu surpris. Toutefois, il éprouva vite de la sympathie pour Manfredi, à la vive intelligence et au jugement très sûr.
    Au bout de quelques jours, l’armée de César fut prête à repartir. Il donna à Léonard une bourse pleine à craquer de ducats, et lui demanda de l’accompagner dans sa campagne militaire. Mais l’artiste secoua la tête :
    — Il me faut revenir aux arts. Un jeune tailleur de pierre nommé Michelangelo Buonarroti se voit confier d’importantes commandes, alors que je perds mon temps sur le champ de bataille ! Il a un certain talent, j’en conviens, mais aucune profondeur, aucune subtilité ! Je dois partir.
    César lui dit donc adieu avant de monter sur son cheval blanc. Levant la main, Vinci lui tendit un rouleau de parchemin :
    — Voici la liste des diverses activités que je pratique… peintures, fresques, systèmes d’adduction d’eau… bien des choses ! Nous pourrons toujours discuter du prix.
    Il eut un petit sourire et ajouta :
    — Votre Excellence, j’ai peint à Milan une fresque représentant la Cène. Je serais ravi que le Saint-Père vienne la voir. Croyez-vous que ce serait possible ?
    — Je l’ai vue moi-même, elle est vraiment merveilleuse. Le Saint-Père est amoureux des belles choses, je suis certain que cela l’intéressera.
    César plia le parchemin avec soin, le glissa dans une de ses poches puis, saluant Léonard, fit prendre à son cheval la route menant vers le nord.

24
    L’armée pontificale marcha donc sur Bologne, sous le commandement de César, aux côtés duquel Astore Manfredi chevauchait. D’humeur affable, désireux d’apprendre, le jeune homme dînait chaque soir en sa compagnie, tout comme les autres membres de son état-major ; souvent il entonnait pour eux les chansons paillardes chères aux paysans de la région de Faenza. Après quoi, il les écoutait analyser la situation et faire des plans pour les jours à venir.
    César devait affronter des problèmes stratégiques assez épineux. Il avait atteint les principaux objectifs de sa campagne et contrôlait désormais la plus grosse part de la Romagne ; mais il ne pouvait espérer s’emparer de Bologne, placée sous protection française. Qu’il prenne la ville et il se heurterait à Louis XII, ce qu’il ne désirait nullement ; de surcroît, Alexandre s’y opposerait à coup sûr.
    À dire vrai, il songeait surtout à s’assurer la possession du Castel Bolognese, puissante forteresse située non loin de la cité. De ce point de vue, il disposait d’un atout majeur : les Bentivoglio, qui gouvernaient Bologne, savaient simplement que ses troupes se dirigeaient sur eux. Ses adjoints eux-mêmes ignoraient ce qu’il comptait faire – et s’en inquiétaient d’ailleurs vivement.
    Après avoir beaucoup réfléchi, César fit donc avancer ses troupes jusqu’à quelques lieues de la cité. Giovanni Bentivoglio vint l’accueillir, monté sur un énorme destrier et suivi d’un écuyer portant sa bannière – une scie rouge sur fond blanc.
    — César, mon ami ! Faut-il vraiment que nous combattions ? Tu as peu de chances de l’emporter, et même si tu y parvenais, tes amis français t’écraseraient. N’y aurait-il pas moyen pour moi de te convaincre de renoncer à une telle chimère ?
    Il s’ensuivit d’âpres marchandages à l’issue desquels César accepta de ne pas attaquer Bologne, Bentivoglio consentant de son côté à lui céder le Castel Bolognese. Pour témoigner de sa bonne foi, il devrait également fournir des troupes lors des futures campagnes des armées pontificales.
    Le lendemain, les hommes de César occupèrent donc la forteresse. Ses épaisses murailles les protégeraient de leurs ennemis, ses immenses entrepôts souterrains contenaient d’importantes réserves de poudre et de munitions. De plus, les quartiers des officiers étaient d’un confort assez peu répandu. César et son état-major en furent ravis.
    Ce soir-là, il offrit à ses adjoints un somptueux dîner au cours duquel furent notamment servis du chevreau rôti assaisonné d’une sauce aux figues et aux poivrons, et des radis sautés dans l’huile d’olive. Tous bavardèrent gaiement, chantèrent en chœur et firent honneur au vin de

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