Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
Vom Netzwerk:
Frascati.
    Ce fut aussi la fête pour ses troupes : César vint voir ses soldats pour les remercier et les féliciter de leur victoire. Mieux valait entretenir l’affection qu’ils avaient pour lui, comme il l’avait fait dans les villes qu’il avait conquises.
    Le château disposait également de bains d’eau sulfureuse, alimentés par une source souterraine : César et son état-major s’y plongèrent après s’être dévêtus, se détendant dans l’eau brûlante et boueuse, qui avait une faible odeur d’œuf pourri.
    Un par un, les adjoints du capitaine général s’en furent après s’être rincés à grands seaux d’eau froide tirés d’un puits voisin. Seul Astore Manfredi resta avec César.
    Celui-ci sentit une main se poser sur sa cuisse, mais il était trop ivre pour réagir et empêcher les doigts de venir caresser son sexe. Il les repoussa sans brutalité :
    — Astore, ce n’est pas mon genre. Tu n’y es pour rien : ce ne sont pas mes mœurs, voilà tout.
    — Tu ne comprends pas ! s’écria le jeune homme. Ce n’est pas un simple désir que je ressens. Je suis amoureux de toi, et cela fait déjà un moment.
    César se redressa, tentant de reprendre ses esprits.
    — Tu es mon ami, dit-il, j’ai de la sympathie et de l’admiration pour toi. Mais cela ne te suffit pas, n’est-ce pas ?
    — Non, répondit Astore un peu tristement. Je t’aime comme Alexandre a aimé son jeune Perse, comme Édouard II, le roi d’Angleterre, a aimé Piers Gaveston. Je vais peut-être passer pour un sot, mais je crois que c’est un amour authentique.
    — Cela n’est pas possible, dit César d’un ton ferme. Je connais bien des hommes de valeur, soldats, athlètes, et même cardinaux, qui se livrent à de telles relations et en tirent grand plaisir. Mais ce n’est pas mon cas. C’est là quelque chose que je ne peux te donner. Je peux être ton ami fidèle, mais rien de plus.
    — Je comprends, César, chuchota Astore qui se leva, l’air gêné : je partirai pour Rome dès demain.
    — Tu n’y es pas tenu ; je ne te méprise nullement parce que tu m’as avoué ton amour.
    — Non, je ne peux rester. Il me faudrait soit accepter ce que tu viens de me dire, et alors ce serait trop douloureux de te voir chaque jour, soit me duper et croire qu’il y a encore de l’espoir. Tu finirais par en être furieux ou, pire encore, révulsé. Il faut que je m’en aille.
    À l’aube, Astore dit donc adieu à tous les membres de l’état-major de César, qu’il serra dans ses bras en chuchotant :
    — Adieu, mon ami. Mes rêves seront toujours pleins de ce qui aurait pu être.
    Puis, souriant, il monta en selle et partit vers le sud en direction de Rome.
    Ce soir-là, César réfléchit longuement. Il avait atteint tous ses objectifs militaires : il était temps de rentrer.
    Pourtant, il avait toujours un appétit de conquête, comme ses deux adjoints, Vito Vitelli et Paolo Orsini. Ils le pressèrent d’attaquer Florence, le premier parce qu’il détestait les Florentins, le second parce qu’il voulait restaurer les Médicis, vieux alliés de sa famille. César était tenté d’accepter, tout en hésitant.
    Quand l’aube se leva, il ne s’était toujours pas décidé. Peut-être Vitelli et Orsini avaient-ils raison ; il pourrait s’emparer de la ville, et la rendre aux Médicis. Mais ce serait heurter la France de front : même s’il parvenait à la conquérir, jamais les Français ne lui permettraient de la conserver. Mieux valait recourir à la même stratégie qu’à Bologne.
    Il conduisit donc son armée vers le sud, pénétra dans la vallée de l’Arno et s’arrêta à quelques lieues de Florence.
    Le commandant des troupes florentines vint le trouver pour négocier, accompagné d’un petit détachement d’hommes dont les armures brillaient sous le soleil. Quand César vit qu’ils regardaient les canons de Vitelli d’un œil inquiet, il comprit qu’ils ne voulaient pas se battre. Comme il n’y avait pas de forteresse aux environs, il se contenta de la promesse du versement annuel d’une forte somme, ainsi que d’une alliance avec Rome contre les ennemis du pape.
    Ce n’était pas à proprement parler une grande victoire ; et il n’avait pas rendu la ville aux Médicis Mais il avait fait le bon choix, et, de toute façon, il y aurait toujours d’autres terres à conquérir.
    Il fit prendre à son armée la direction du sud-ouest et de la côte, vers la cité de Piombino qui, ne

Weitere Kostenlose Bücher