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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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s’exclama César, stupéfait. Je lui avais pourtant dit de se cacher jusqu’à mon retour. Où l’a-t-on trouvé ? Lucrèce se serra contre lui.
    — Dans une taverne du ghetto. Un endroit où jamais il ne serait allé !
    César comprit qu’il était déjà trop tard quand il avait voulu aider le jeune musicien. Sa sœur et lui parlèrent de sa douceur, de son courage – il était prêt à se sacrifier par amour.
    — C’était une âme de poète, dit Lucrèce.
    — Sa bonté me fait honte, répondit César. Je ne suis pas sûr d’avoir eu le courage de faire autant que lui, et pourtant je t’aime.
    — Je suis certaine qu’il y a une justice divine, et que sa noblesse d’âme sera récompensée.
    Les heures passèrent tandis qu’ils se promenaient autour du lac, puis discutaient au coin du feu dans la chaumière.
    Ensuite, ils firent l’amour, et ce fut encore plus merveilleux qu’avant. Ils restèrent allongés l’un à côté de l’autre, sans qu’aucun des deux ne veuille rompre le silence qui les unissait. Puis Lucrèce dit :
    — Notre fils est le plus beau chérubin que j’aie jamais vu ! Et il ressemble à…
    — À qui ? demanda César en souriant.
    — À … à nous ! répondit-elle en éclatant de rire. Je crois que nous serons heureux ensemble, même s’il est ton fils – sans pouvoir être le mien.
    — Nous savons chacun quelle est la vérité.
    Se redressant, elle s’empara d’une tunique de soie, la revêtit et sortit du lit.
    — César, crois-tu que le Saint-Père est un homme mauvais ?
    Il sentit un frisson le parcourir :
    — Il y a des moments où je ne suis plus sûr de savoir ce qu’est le mal. Et toi ?
    Elle le regarda :
    — Oui, j’en suis certaine. Je le sais. Il ne peut me tromper.
    Le lendemain, elle repartit pour Rome, chose impossible à César : il était trop tôt pour affronter son père, car il se sentait plein de fureur et de remords. Et maintenant que Perotto était mort, il n’avait plus de raison de se hâter.
    C’est déguisé en paysan qu’il parvint aux portes de Florence. Cela faisait bien longtemps qu’il y était venu. César se souvint de sa première visite tout en entrant seul dans la cité – son entourage était resté aux portes. Il n’était alors qu’un adolescent accompagnant Gio de Médicis. Les choses étaient bien différentes alors…
    Florence avait été autrefois une république orgueilleuse, allant jusqu’à interdire aux aristocrates de prendre part aux affaires publiques. Mais les Médicis, ces puissants banquiers à la fortune fabuleuse, la gouvernaient par l’intermédiaire des officiels élus par les citoyens : il suffisait pour cela de veiller à ce qu’ils deviennent riches. Le règne de Laurent le Magnifique, le père de Gio, avait marqué l’apogée du pouvoir familial.
    Pour le jeune César, c’était chose nouvelle que de vivre dans une cité dont le maître était presque universellement adoré. Laurent était l’un des hommes les plus riches du monde – et l’un des plus généreux. Il dotait des jeunes filles pauvres désirant se marier. Il offrait argent et locaux aux peintres et aux sculpteurs, pour qu’ils puissent travailler. Le jeune Michel-Ange avait ainsi vécu dans le palais des Médicis, où on le traitait comme un fils.
    Laurent achetait des livres dans le monde entier, puis les faisait traduire et copier à grands frais pour qu’ils soient accessibles aux érudits d’Italie. Il subventionnait les chaires de grec et de philosophie dans toute la péninsule. Il écrivait des poèmes loués par les plus sévères des critiques, des pièces musicales jouées lors des carnavals. Il invitait souvent à sa table les plus grands poètes, artistes et savants du pays.
    César n’avait alors que quinze ans, mais il fut traité avec la plus extrême courtoisie par Laurent et ses compagnons. Ses meilleurs souvenirs restaient toutefois le récit de l’ascension des Médicis – ainsi que celui, narré par Gio, de la manière dont Laurent, son père, avait échappé de justesse à une conspiration de grande ampleur.
    À peine âgé de vingt ans à la mort de son père, le Magnifique était devenu le chef de la lignée. À cette époque, les Médicis étaient déjà les plus grands banquiers de leur temps, ayant pour clients des rois et même le pape. Laurent comprenait cependant qu’il lui fallait renforcer son pouvoir personnel s’il ne voulait pas mettre en péril la position familiale.
    Il

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