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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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dans la basilique avec Francisco Pazzi ; Laurent entendit la clochette annonçant l’élévation et, à sa grande horreur, vit Pazzi planter sa dague dans le corps de Giuliano. Au même moment, quelqu’un le saisit par l’épaule. Reculant prestement, il sentit une lame effleurer sa gorge. Instinctivement, il se déroba et fit usage de sa cape pour repousser l’assaut du second meurtrier.
    Tirant son épée, il repoussa ses adversaires et, sautant par dessus l’autel, gagna en courant une porte latérale. Trois de ses amis l’avaient rejoint ; avec eux, il gagna la sacristie, dont il referma les lourdes portes. Il était sauf – pour le moment.
    Pendant ce temps, l’archevêque Salviato et Francisco Pazzi se ruaient hors de la cathédrale, hurlant que les Médicis étaient morts, Florence enfin libre. Mais le peuple, loin de les suivre, prit les armes. Les troupes des conjurés furent balayées et massacrées.
    Laurent sortit de l’église sous les vivats et veilla à ce qu’aucun mal ne soit fait au cardinal Riario. Il s’abstint en revanche d’empêcher l’exécution des deux chefs des conjurés, qui furent pendus aux verrières de la cathédrale.
    Maffei et Stefano furent châtrés et décapités, Jacopo Pazzi pourchassé, dévêtu et pendu au côté des deux autres. Le palais des Pazzi fut attaqué et pillé ; tous les membres de la lignée furent condamnés à un exil perpétuel.
    Bien des années plus tard, César découvrit une cité qui avait bien changé.
    Les rues étaient sales, puantes, parsemées de charognes. Certes, la peste avait frappé Florence, même si on n’avait relevé que quelques cas. Mais l’esprit même des citoyens semblait frappé de maladie : les gens s’injuriaient de toutes parts, on se battait sans merci.
    S’arrêtant dans une auberge d’allure respectable pour s’y reposer en attendant la nuit, il fut rassuré de voir que le maître des lieux ne le reconnaissait pas ; l’homme tenta même de l’éconduire, jusqu’à ce que César lui glisse un ducat d’or dans la main.
    L’aubergiste se décida alors à se montrer courtois. Il conduisit le visiteur dans une chambre sommairement meublée, mais très propre. De la fenêtre, on apercevait la place devant l’église de San Marco, et le monastère où vivait Savonarole. César résolut d’attendre le soir avant d’aller se promener dans les rues pour voir ce qu’il pourrait découvrir.
    Quelques instants plus tard, l’aubergiste revint avec un flacon de vin et un énorme plateau de fruits et de fromages. César y fit honneur, puis s’allongea sur son lit, s’endormit et rêva…
    Ce fut un cauchemar dans lequel il voyait des croix, des calices, des soutanes tournoyer autour de lui. Une voix de tonnerre, au-dessus de lui, lui ordonna de s’emparer d’un calice, mais quand il y parvint, l’objet s’était transformé en pistolet qui tirait sans qu’il pût le contrôler. Puis le décor changea, comme toujours dans les rêves : il se retrouva dans une fête, assis en face de son père, de sa sœur et d’Alfonso. Le pistolet fit feu de nouveau, tirant en plein visage de Lucrèce ou de son nouvel époux – impossible de le savoir.
    César s’éveilla, trempé de sueur, pour entendre des voix et des hurlements sur la place en dessous de sa fenêtre. Se levant, il jeta un coup d’œil au dehors. Savonarole, grimpé sur une estrade improvisée, commença par une fervente prière, d’une voix pleine de passion, suivie d’un cantique –auquel succédèrent vite de violentes invectives contre Rome :
    — Alexandre est un faux pape ! hurla-t-il. Les humanistes peuvent bien mentir et faire passer le noir pour le blanc ! Mais le bien et le mal existent, et ce qui n’est pas le bien est le mal !
    César dévisagea l’homme avec attention. Vêtu de la robe brune des dominicains, il était maigre, d’allure ascétique, et agitait les mains pour mieux ponctuer ses paroles.
    — Ce pape fréquente les courtisanes ! Il tue et empoisonne ! Le clergé de Rome vole à leurs familles des jeunes garçons qu’on fait entrer dans le lit des riches ! Tous mangent dans de la vaisselle d’or et foulent aux pieds ceux qui vivent dans la pauvreté !
    La foule se faisait de plus en plus nombreuse, et César se sentit fasciné par cet homme, bien qu’il fût de ceux que le prieur dénonçait. Il y eut des cris furieux, qui s’apaisaient chaque fois qu’il reprenait la parole : il régnait alors un silence tel

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