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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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offrit ainsi de grandes festivités au peuple, des joutes nautiques sur l’Arno, des drames musicaux sur la piazza della Santa Croce, des processions de reliques – dont un fragment de la couronne d’épines du Christ, un clou de la Vraie Croix, un reste de la lance dont un soldat romain lui avait percé le flanc. Toutes les boutiques de la ville étaient ornées de la bannière des Médicis, avec ses célèbres boules rouges.
    Laurent était à la fois religieux et libertin. Les jours de carnaval, des chars superbement décorés emportant les plus jolies courtisanes de la ville défilaient dans les rues ; le vendredi saint, on faisait revivre les épisodes de la mort du Christ. Des statues grandeur nature du Sauveur, de la Vierge et des saints étaient conduites jusqu’à la cathédrale, on procédait à de grands lâchers de colombes. On organisait des concours de beauté parmi les jeunes filles de familles respectables, des processions de moines pour rappeler aux passants la menace de l’enfer.
    Laurent était sans doute l’homme le plus laid de Florence, mais son charme et son esprit lui avaient valu bien des conquêtes féminines. Son frère cadet Giuliano, en revanche, avait été proclamé le plus beau de la ville lors d’une fête organisée en son honneur pour son vingt-deuxième anniversaire, en 1475. Sa victoire n’avait rien d’une surprise : son costume avait été dessiné par Botticelli, son casque par Verrocchio. Le Magnifique embrassa son frère sans témoigner de la moindre envie, ce dont le peuple fut ravi.
    Mais, alors même que son pouvoir et celui de sa famille étaient à leur apogée, Laurent devint la cible d’un redoutable complot.
    Tout commença quand le Magnifique refusa d’accorder au pape d’alors un prêt colossal en vue d’acheter la ville d’Imola, en Romagne, d’une grande valeur stratégique. Le souverain pontife en avait été furieux. Lui aussi pensait à sa famille : il avait déjà accordé le chapeau de cardinal à sept de ses neveux, Imola étant destinée à son fils naturel Girolamo. En représailles, il se tourna donc vers les Pazzi, les grands rivaux des Médicis.
    Eux aussi étaient banquiers : avec la plus grande célérité, ils prêtèrent au pape les cinquante mille ducats demandés, espérant obtenir la concession des mines d’alun du Lac d’Argent, non loin de Rome. Le souverain pontife refusa, toutefois – peut-être parce que Laurent, pour l’apaiser, lui avait fait parvenir de riches présents. Mais les tensions entre les deux hommes n’en demeuraient pas moins.
    Puis le pape nomma Francisco Salviato archevêque de Pise – alors possession florentine. C’était violer un accord prévoyant qu’une telle nomination devait être approuvée par le gouvernement florentin. Laurent interdit donc à Son Éminence de prendre son poste.
    La lignée des Pazzi avait des origines autrement lointaines et prestigieuses que celle des Médicis. Et son chef, Jacopo, haïssait le Magnifique, bien plus jeune que lui.
    L’archevêque et Francisco Pazzi brûlaient par ailleurs d’ambition et de haine. Ils rencontrèrent le souverain pontife et le convainquirent qu’ils pouvaient renverser les Médicis. Il approuva leurs projets, ce qui décida Jacopo, homme féroce et mesquin, à se joindre à eux.
    Ils convinrent d’assassiner Laurent et Giuliano pendant la messe : des partisans des Pazzi, dissimulés tout près, s’empareraient ensuite de la ville.
    Pour que les conjurés puissent entrer tous ensemble dans l’église, il fut convenu d’organiser une visite du cardinal Raphael Riario, petit-neveu du pape – sans que ce jeune prélat, âgé de dix-sept ans, se doute aucunement du rôle qu’on lui faisait jouer. Comme prévu, le Magnifique donna un grand banquet en son honneur et, le lendemain, l’accompagna à la messe. Derrière eux, vinrent se placer deux prêtres, Maffei et Stefano, armés de dagues dissimulées sous leurs soutanes.
    Ils attendraient que la clochette du sacristain annonce l’élévation, car alors toute l’assistance aurait les yeux baissés. Toutefois, Giuliano n’était pas présent – et ordre avait été donné de le tuer aussi. Francisco Pazzi se rendit en toute hâte dans sa demeure pour l’inviter à se rendre à l’église et, comme par plaisanterie, lui tapa dans le dos – afin d’être sûr qu’il ne portait pas d’armure sous ses vêtements.
    Laurent était placé sur le côté de l’autel. Son frère entra

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