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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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entrerons dans la ville !
    Le préfet, un peu honteux de se faire reprendre aussi vertement, tapa du talon dans le ventre de sa monture et s’en alla aussitôt reprendre sa place dans le défilé.
    Maesa observa le petit Alexianus avec attention. Il n’avait rien perdu de la conversation et semblait à présent méditer sagement les paroles qu’il venait d’entendre.
    Son second petit-fils semblait moins craintif et plus attentif à ce qui l’entourait depuis leur départ de Syrie. Maesa le trouva mûri, plus détendu.
    Elle avait remarqué que, depuis peu, le jeune garçon écoutait avec beaucoup de sérieux les propos de ses aînés, sans jamais prendre part aux discussions, sans jamais avoir l’air de s’étonner de rien ou de s’émouvoir de tout, comme le font généralement les jeunes gens qui partagent avec les adultes des préoccupations qui les dépassent.
    Long de visage et de corps, gracieux sans être emprunté, le nez fin, un peu retroussé, il ne ressemblait physiquement à aucun de ses proches. Ses gestes étaient toujours mesurés, sa voix d’enfant précise et calme, un peu rauque comme celle de sa mère, son visage agréable. Tout en lui, le regard franc, la simplicité de ses manières, la sobriété de son allure, la courtoisie contrôlée de ses remarques, reflétait une nature posée, dans laquelle l’esprit l’emportait sur les impulsions du cœur.
    — Eh bien, mon enfant, interrogea sa grand-mère, que dis-tu de revenir à Rome ?
    Alexianus se redressa sur les coussins et leva sur elle des yeux limpides.
    — Je suis heureux, répondit-il en souriant. C’est un grand jour.
    — Pour qui es-tu heureux ? demanda encore Maesa. Pour toi-même ou pour ton cousin ?
    — Pour tout le monde. Pour moi, pour lui, pour toi et pour mère. L’honneur de Varius rejaillit sur toute notre famille.
    À ces mots, qui la replongèrent soudain dans la réalité, la figure de la vieille syrienne devint sombre comme la nuit.
    — L’honneur ou… le déshonneur, fit-elle en écartant le rideau de la voiture et en jetant un regard hostile en direction du char qui transportait son autre petit-fils.
    * * *
    Afin de rentrer dans Rome par la plus prestigieuse de ses portes, le cortège impérial contourna la ville par l’ouest, fit un détour par Tibur et Préneste, et rejoignit l’illustre via Appia (77) .
    Défilèrent alors les beaux paysages du Latium, les vergers d’oliviers, les prairies de trèfle et d’herbe rase, à peine roussie par le soleil d’été, où pâturaient les troupeaux à l’ombre des pins parasols.
    Puis apparut bientôt, de chaque côté de la chaussée, la double file continue des tombeaux des familles romaines, ensevelies là depuis des siècles, sous la protection des hauts cyprès. Lorsqu’il eut dépassé ce long alignement de sépultures, de mausolées, de panthéons de briques et de marbre, le convoi traversa l’Almo et passa sous l’arc de Lucius Verus, qui marquait l’entrée officielle de la Ville éternelle.
    — Bon, nous voilà arrivés, soupira le jeune empereur en prenant son air morose.
    Soemias, magnifiquement vêtue, mais le visage un peu congestionné par la fatigue du voyage, eut un long sourire :
    — Oui, enfin !
    Valerius Comazon amena sa monture jusqu’au véhicule qui transportait Varius et sa mère.
    — César, dit-il en s’inclinant respectueusement, ta jument baie est prête.
    L’adolescent lui lança un regard rempli d’aversion.
    — La jument ? Quelle jument ?
    — La tienne, César. Celle que tu dois monter pour entrer dans la ville.
    — Depuis quand décides-tu de ce que doit faire l’empereur, gros lard ?
    L’autre se mordit les lèvres, mortifié. Il ne parvint qu’à balbutier une moitié de phrase :
    — Je pensais que… j’ai cru… Excuse-moi, César.
    — Pour tout te dire, répondit l’adolescent en descendant lentement le marchepied, j’avais pensé faire mon entrée sur un éléphant.
    Le préfet resta interdit un instant, ne sachant s’il se moquait ou s’il était sérieux.
    — Un éléphant ? répéta-t-il abasourdi.
    — Oui, à la manière d’Hannibal (78) .
    — Cela aurait été du plus mauvais goût, mon chéri, fit Soemias avec une moue malicieuse. N’est-ce pas Comazon ?
    Celui-ci, pourtant habitué aux réparties faciles, resta une nouvelle fois sans voix.
    — Ne fais pas cette tête de mort ! ricana Varius en levant les yeux au ciel. J’y ai finalement renoncé.
    Le

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