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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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femme.
    Une coiffure d’apparat semblable à celle des rois perses enveloppait sa tête. Ses oreilles, percées au lobe et sur l’ourlet, étaient chargées de lourdes boucles d’où pendaient des perles et plusieurs rangs de pierres précieuses. Des bracelets ornés de grelots d’émeraudes et de rubis montaient en spirale le long de ses bras. La créature portait une lourde et longue tunique safran, sans manches, brodée d’or et recouverte de joyaux, qui lui descendait jusqu’aux talons. Ses sandales en peau étaient elles aussi constellées de gemmes et lançaient des feux étincelants à chacun de ses pas.
    L’étrange personnage devançait un grand char tiré par quatre chevaux, à l’intérieur duquel se dressait, sur un large coussin faisant office de trône, une roche noire également parée de pierreries et de guirlandes.
    Les dizaines de milliers de Romains contemplèrent, éberlués, cet hermaphrodite au visage outrageusement fardé qui tenait les rênes de l’attelage… en reculant !
    Il faisait de grands pas en arrière, refusant délibérément de regarder la foule qui s’était massée en son honneur, fixant obstinément sa pierre des yeux.
    Des jeunes filles, tout de blanc vêtues, accompagnaient cette pantomime grotesque ; les unes répandaient sur le sol des pétales de fleurs et du sable doré, les autres arrosaient les rues d’onguents et de parfums ; leur faisant cortège, défilaient une troupe bruyante de musiciens et un chœur de galles en robes chatoyantes.
    De temps en temps, l’empereur, sans interrompre sa marche à reculons, exécutait des mouvements de danse. Au son de la musique lancinante des flûtes droites, des cymbales et des syrinx, au rythme des vocalises délirantes des eunuques, il se cambrait, se pliait, tournait sur lui-même, ses mains venant effleurer le sol jonché de jacinthes et de pétales de roses.
    — Par Jupiter ! s’exclama le sénateur Messala en contemplant ce spectacle insolite. Mais qu’est-ce que c’est que cela ?
    À ses côtés, le sénateur Pomponius croisa les bras, le visage crispé.
    — Notre nouvel empereur, dit-il dans un murmure. Ou plutôt… notre nouvelle reine.

CHAPITRE XII
    Le lendemain de leur installation dans la Domus Augustana (80) Maesa rendait visite à son petit-fils dans ses appartements privés.
    Elle ne fut guère surprise de constater que le jeune empereur s’était attribué la plus belle chambre de l’ancien palais de Domitien.
    La pièce était d’un luxe inouï et enchantait le regard de tous ceux qui y pénétraient pour la première fois. Les murs étaient recouverts de marbres dont les différentes teintes composaient, avec celles du granit et du porphyre, d’harmonieux dessins, tandis que le plafond, rehaussé d’or et de lapis-lazuli, était peint de fresques magnifiques. Une large fenêtre laissait entrer les rayons du soleil au centre de la pièce, pour mieux illuminer les mosaïques noires sur fond blanc, bordées de précieux coquillages. Dans les parois, des niches profondes abritaient des statues et des bassins en bronze. Le lit impérial, aux pieds d’ivoire et au cadre d’argent, s’élevait sur une estrade sculptée, de plusieurs degrés, recouverte d’un tapis de pourpre.
    La vieille princesse trouva Varius allongé sur sa couche, la joue posée sur son bras replié. L’adolescent ne bougeait pas, semblait feindre l’abandon du sommeil.
    Elle s’approcha de lui, le regarda d’un air sceptique, s’interrogea. S’était-il assoupi les yeux ouverts ? Rêvait-il ?
    Rien ne passait dans ses prunelles de cuivre, ni tristesse ni joie, pas la moindre lueur d’intérêt, pas la moindre étincelle de vie.
    Son regard vide fixait les figures peintes du plafond, sans paraître penser, sans remuer, comme s’il n’avait été qu’une chose inanimée, sans os et sans nerfs, l’esprit suspendu dans une torpeur béate, flottant dans le néant. Et aucun bruit, aucun son ne paraissait pouvoir l’arracher à son inepte contemplation.
    Maesa observa un instant ce phénomène de paresse et d’indifférence, cette abstraction humaine, cet être inexistant et pourtant si satisfait de lui-même. Elle dut surmonter sa répulsion pour lui adresser la parole.
    — Varius, dit-elle dans un suprême effort, il est temps que nous discutions.
    — À voir ta tête, répondit l’adolescent avec lenteur, je pressens que cela ne va pas être drôle.
    — Tu as tes bouffons pour te divertir. Je suis

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