Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
Vom Netzwerk:
L’hypothèse suscitait des sourires entendus. « Encore une bizarrerie à ajouter aux autres ! »
    Cependant, ce qui, sur le moment, entraîna les plus vives critiques, les plus virulentes protestations, ce fut le dispositif de sûreté imposé par l’assistant du missus pour la protection de Régina et de ses fils. Rapidement, celle-ci le déclara détestable, contraire à son rang et à sa dignité. Elle ne pouvait ignorer qu’une nouvelle agression n’était pas exclue. Mais elle estimait que des mesures de sécurité moins strictes et moins rapprochées auraient largement suffi ; elle jugeait celles-là contraignantes jusqu’à l’insupportable.
    Parmi ses griefs figurait, en outre, la présence de Lithaire. Elle savait que celle-ci était entrée au service de Rotrude. Or la favorite de Charlemagne et la fille du souverain se détestaient. Régina n’était pas loin de voir en Lithaire un espion dans la place.
    Elle était soutenue dans ses récriminations par ceux qui, moins avertis qu’elle-même sur la réalité de la menace, affirmaient que les bandits avaient atteint leur objectif en s’emparant du trésor, et que, de ce fait, ils n’avaient plus aucune raison de tenter un autre coup de main. Quand Régina, dans la journée, se promenait dans les jardins avec ses enfants et Blanche, sous la protection de Sauvat et d’un garde, elle attisait les ressentiments et l’animosité des amis qu’elle rencontrait en exprimant sans retenue son amertume et son irritation.
    De tout cela, la conduite et les actes de Doremus faisaient les frais. Il était la cible de toutes les attaques.
    Il ne pouvait l’ignorer. Plus d’une fois, excédé, il fut tenté, pendant ces journées, de lever le dispositif qu’il avait imposé. Quoi ? Pas de danger ? Des précautions superflues, ridicules ? C’étaient leurs vies qui étaient en jeu après tout ! Ils verraient bien ! Puis, rapidement repris par ses obligations, par son devoir, avec une pensée pour ses seigneurs à qui il devait tout, il serrait les dents, contenait sa colère, se taisait et tenait bon.
    Cinq jours après la mise en place des mesures de sûreté, soit le troisième jour de mai, alors que les critiques s’étaient encore envenimées, Doremus, qui faisait une ronde, entre deux patrouilles, avec un garde et un serviteur armé, deux heures environ après le crépuscule, aperçut quatre ombres qui se faufilaient entre les bâtiments puis progressèrent vers le palais de bosquet en bosquet en observant les alentours. Ces intrus, à l’évidence, venaient de l’est, et, après avoir traversé la Moselle, avaient sans doute franchi le rempart là où il ne constituait pas véritablement une protection. L’ancien rebelle et ceux qui l’accompagnaient se dissimulèrent derrière le portail d’une écurie. Puis Doremus envoya son auxiliaire prévenir ceux qui assuraient la protection rapprochée de Régina, en lui recommandant non de se cacher, mais de se comporter comme un palefrenier que rien n’avait alerté et qui regagnait nonchalamment sa chambrée après avoir passé l’inspection des chevaux. Les quatre inconnus demeurèrent silencieux et immobiles tant qu’il n’eut pas disparu.
    Doremus entendit alors un ululement de hibou, trois fois. Il apprit ainsi avec satisfaction que Timothée filait les agresseurs. Il répondit, comme convenu, par deux ululements, pour lui indiquer où il se tenait.
    Cependant les intrus avaient repris leur marche, prudente, vers l’aile droite du palais ; l’un d’eux passa très près de l’endroit où l’assistant du missus et le garde se tenaient sans avoir la curiosité de jeter un coup d’œil dans cette écurie. Doremus, par la porte légèrement entrebâillée, aperçut un cinquième homme, qui venait, lui, de l’intérieur de la résidence, et qui rejoignit les quatre agresseurs. Dans le même temps, il crut distinguer, près de l’issue qui permettait d’accéder à l’antichambre du palais, une ombre, comme de quelqu’un faisant le guet.
    Quand les cinq inconnus furent arrivés à une centaine de pas de l’appartement occupé par la favorite et ses fils, s’étant regroupés, ils sortirent leurs glaives de leurs fourreaux et, toujours en silence, se préparèrent à l’assaut. Celui qui devait être leur chef brandit son arme et s’élança en criant :
    — Nous voici Médéric ! Nous voici ! Sus à la catin et à ses bâtards ! A moi, Médéric ! Exterminons cette vermine !
    Tout en

Weitere Kostenlose Bücher