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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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que mes fils et moi-même nous vous devons ? énonça enfin Regina avec une émotion contenue.
    Doremus, qui avait encore sur le cœur les avanies qu’il avait subies, ne répondit pas immédiatement. Il prit d’abord une pièce d’étoffe pour essuyer son arme avant de la replacer dans son fourreau. Il désigna de la main les combattants réunis autour de lui, se tourna vers la favorite et, après une légère inclination de la tête, dit en pesant ses mots :
    — Toujours au service de Charles le Juste, le Bien-Aimé, nous avons fait notre devoir.
    Malgré le bruit et les cris, les enfants ne s’étaient pas réveillés.

CHAPITRE V
    Deux jours après l’incursion qu’avaient faite le comte Hainrik, son cousin Walfred, Timothée et lui-même sur le domaine du baron Rupert, le frère Antoine était en train de pratiquer ses ablutions matinales quand le frère convers qui le servait vint lui demander s’il était disposé à recevoir le baron. Le moine acquiesça, tout en s’étonnant que Rupert ait pu apprendre qu’il était hébergé au cœur du quartier épiscopal de Metz, ce dont il n’avait instruit personne en dehors de l’abbé Erwin et de ses amis. Il remit à plus tard l’examen de ce problème, acheva de s’habiller, fit apporter de la bouillie d’orge à l’ail et à l’estragon, son déjeuner favori, disposer sur la table deux écuelles et deux cuillères, une cruche de cervoise légère et des gobelets. Puis il indiqua à son servant qu’il pouvait faire entrer son visiteur.
    Ce dernier se répandit d’abord en excuses : il ne souhaitait pas troubler les pieux exercices de celui qui faisait retraite en ce lieu ; cependant il n’avait cessé de tourner et retourner en sa tête les événements qui s’étaient produits trois jours auparavant ; plus il y réfléchissait, plus ils lui paraissaient bizarres. A qui s’en ouvrir sinon à l’homme sage qui l’écoutait avec bienveillance ?
    Le frère Antoine invita d’un geste le baron à partager sa collation du matin. Son vis-à-vis l’en remercia tout en n’en faisant rien.
    — Alors, je t’écoute, dit le moine.
    — Je ne reviendrai pas, commença Rupert, sur ce que la présence en cette grange de ces coffres, vides, pouvait avoir d’étrange. Le fait est, pourtant, qu’ils y étaient. Il devait bien exister une raison à cela !
    — Je te suis…
    — Je n’en ai vu, je n’en vois toujours qu’une : tenter de me compromettre… Sinon moi-même, du moins les miens !
    — Mais qui ? Si je t’ai bien compris, cela voudrait dire que les vrais coupables, afin de détourner les soupçons, de les faire peser sur ta famille, auraient placé eux-mêmes ces caisses en cette grange… Est-ce bien cela ?
    — Oui, telle est ma pensée. Et ma conviction serait renforcée si je savais…
    Le baron Rupert s’interrompit et se frotta la nuque, l’air embarrassé.
    — Je n’ose croire, avança-t-il, que j’obtiendrai une réponse. Cependant, se pourrait-il que le comte Hainrik vous ait parlé des conditions dans lesquelles les miens ont acquis le domaine que je gère maintenant, depuis la mort de mon bien-aimé père, il y a tout juste un an ?
    — J’ignorais ce deuil et comprends ton chagrin.
    — Je suppose, d’autre part, que Hainrik n’a pas manqué d’évoquer ma proche parenté avec la reine Irmengarde.
    — Nul n’en ignore.
    — Oui, oui… évidemment… A-t-il indiqué aussi que j’ai servi avec honneur le fils de Charles le Victorieux, ce Louis d’Aquitaine qui m’a fait grand honneur en me faisant figurer dans son escorte, près de lui, lors de son entrée triomphale à Barcelone ?
    — Pourquoi ne l’aurait-il pas fait ? On ne peut que t’en féliciter.
    — Certes… T’a-t-il dit en outre que, fidèle à Charles le Grand, je l’étais tout autant, sinon davantage, à son fils Louis d’Aquitaine ?
    — Davantage, non… Tout autant, sans doute. Rien là que de louable, de très louable.
    — En vérité, je ne sais ni de quelle manière, ni sur quel ton, ni, éventuellement, avec quels sous-entendus Hainrik t’a parlé, mais je doute qu’il l’ait fait pour me louer !
    Le frère Antoine sourit béatement. Rupert serra les poings.
    — Mais, moi, je vais, en tout cas, maintenant, compléter ses révélations… et sur lui-même ! gronda-t-il. Et je n’y mettrai pas malice, comme il l’a sans doute fait, lui ! Hainrik, en fait, n’occupe que depuis peu le poste de chambrier auprès du grand chambellan

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