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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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toutes conditions, depuis l’humble esclave des champs jusqu’au clerc le plus érudit. Ils eurent recours, pour que tout s’accomplisse avec ardeur et discipline, pour la gloire de Dieu et du prince, pour la prospérité des royaumes, à des parents et amis sur lesquels ils pouvaient compter et qu’ils ont pourvus de domaines. C’est ainsi que les terres sur lesquelles nous nous sommes rendus ont été confiées à Cancor, père du baron Rupert.
    — Ce dernier a-t-il établi des relations avec l’entourage de Louis d’Aquitaine, avec sa cousine Irmengarde ? reprit le moine.
    — Plus que cela ! En son adolescence, il a vécu des années à la cour de ce roi. C’est d’ailleurs là qu’il a fait la connaissance de Médéric, qui y commandait alors un escadron.
    — Médéric, s’étonna Timothée, celui qui est à la tête de la milice à la résidence ?
    — Celui-là même !
    — Rupert et Médéric… Bien… murmura le Grec en caressant pensivement son collier de barbe. Mais revenons à la cour du roi Louis. Rupert s’y est-il acquis des mérites ?
    — Il a participé au côté de ce prince à des campagnes, en particulier contre les Sarrasins, et a montré, dit-on, un tel courage que le fils de Charlemagne a tenu à ce qu’il soit auprès de lui lors de l’entrée solennelle qu’il fit, voici quatre ans, dans Barcelone enfin conquise ! Comme on peut le constater, les liens du baron avec Louis et Irmengarde ont été et sont demeurés étroits. Il leur est assurément très fidèle.
    — Médéric aussi ? avança le frère Antoine.
    — Sans doute, affirma Hainrik.
    — Voici, de quelque façon qu’on le prenne, qui ne manque pas d’intérêt, marmonna le Goupil.
    Comme la nuit commençait à tomber, le comte Hainrik proposa que le retour à Thionville soit reporté au lendemain, à l’aube. Le frère Antoine et Timothée s’y refusèrent. Le moine avait hâte de relater à l’abbé Erwin ce qu’il avait constaté et appris ; le Grec, de son côté, estimait urgent non seulement d’informer Doremus, mais encore de lui apporter, aussi minime soit-il, son renfort. Il n’était pas tranquille.
    Hainrik ne pouvait prendre la responsabilité de laisser Timothée affronter, avec pour toute assistance un domestique, les risques d’une chevauchée nocturne. Bien qu’à contrecœur, il résolut de l’escorter jusqu’à la résidence impériale, Walfred demeurant sur place. Quant au frère Antoine, bien qu’il eût déclaré être capable de se défendre seul, le père supérieur désigna d’autorité quatre solides moines, anciens des campagnes de Saxe, pour lui tenir compagnie jusqu’à Gorze.
    Avant le départ, les deux assistants s’entretinrent un long moment. Tous se rendirent ensuite sur la tombe de Hildegarde ( 30 ) pour rendre hommage à la « douce, sage, adroite et joyeuse » reine que Charlemagne avait tant aimée et n’avait jamais pu oublier, et qui lui avait donné huit enfants, dont six encore vivants, ses trois héritiers, Charles le Jeune, Louis et Pépin, et les trois princesses Rotrude, Berthe et Gisèle.
    Devant le portail du monastère Saint-Arnoul, le prieur bénit les voyageurs, puis les deux troupes se séparèrent et s’éloignèrent sous la clarté de la lune, les uns se dirigeant vers la Moselle, vers l’abbaye de Gorze, les autres vers le nord et la résidence de Thionville.
     
    Tandis que, la veille, Timothée, le comte Hainrik et leur escorte gagnaient Metz et le monastère Saint-Arnoul, Doremus, attentif au conseil que lui avait donné l’abbé Erwin, avait rassemblé tous ceux sur lesquels il pouvait compter pour assurer la sécurité de Régina, de ses deux fils et de Blanche leur nourrice. Si les déductions que le Saxon avait tirées des indices en sa possession l’avaient amené à suggérer qu’on redoublât de précautions, c’était, sans nul doute, que la menace était réelle et pressante. L’ancien rebelle lui-même en avait le pressentiment.
    Sauvat et deux gardes impériaux, trois serviteurs fidèles, armés pour la circonstance, Lithaire, qui avait montré courage et sang-froid, lui-même enfin, à huit, ils devaient être capables de faire face, sauf évidemment à une attaque en force menée avec des effectifs importants.
    Il convainquit Régina, non sans difficultés, d’autoriser Sauvat, un garde, deux domestiques armés et Lithaire à veiller sur elle, sur ses deux enfants et sur Blanche, dans la pièce principale de son logis, de

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