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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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jour comme de nuit, quels que fussent les inconvénients. L’endroit le plus reculé de cette salle, sur lequel ne donnaient ni portes ni fenêtres, séparé du reste de la pièce par une tenture, fut réservé à la favorite du souverain, à ses fils et à la nourrice. Sauvat et les deux auxiliaires se chargèrent de veiller à la porte principale s’ouvrant sur la cour intérieure, le garde, lui, à celle qui donnait sur le couloir parcourant l’aile droite du palais. Des panneaux de bois furent préparés pour obturer les fenêtres, la nuit. Doremus lui-même, assisté d’un garde et d’un auxiliaire, se prépara à patrouiller à l’extérieur, à proximité immédiate du logement occupé par Régina. Enfin, l’ancien rebelle confia à cette dernière, comme à Blanche, un poignard, en chargeant Lithaire de leur montrer comment elles pouvaient s’en servir en cas d’extrême péril. Ces dispositions prises l’ancien rebelle, à genoux, ayant à ses côtés les trois femmes et Sauvat, s’abîma avec eux en une longue prière pour demander les lumières et l’assistance du Très-Haut.
    Timothée avait regagné Yutz au milieu de la nuit. Dès le lendemain matin, il se rendit au palais où il fit à Doremus le récit de ce qui s’était déroulé, la veille, sur le domaine du baron Rupert, ce qui leur permit d’évoquer la vie, le caractère, la parenté et les relations de ce dernier, y compris avec Médéric. Les deux amis s’efforcèrent d’en évaluer l’importance et la portée, y trouvant certes des bizarreries, mais surtout des raisons supplémentaires de méfiance.
    Aussi le Grec se déclara-t-il en complet accord avec les mesures rigoureuses qu’avait arrêtées l’ancien rebelle. Ils convinrent que Timothée et ses deux serviteurs exerceraient une surveillance attentive à l’embarcadère de Yutz, ainsi que sur la rive droite de la Moselle, en amont comme en aval, à proximité du bourg. Tout événement insolite ou suspect serait immédiatement signalé à Doremus.
    Les journées qui suivirent furent particulièrement éprouvantes. Tous ceux, comme le comte Hainrik, le commandant Médéric ou encore Romuald, représentant du chancelier, qu’indisposait la prééminence du missus dominicus et surtout de son assistant, trouvèrent dans la succession d’événements graves, sanglants et toujours sans explication, dans la stagnation de l’enquête, matière et occasion à entretenir un climat de grogne, de dénigrement allant jusqu’à des mises en cause : Les recherches entreprises depuis plusieurs semaines sur le vol des coffres et les crimes qui l’avaient accompagné avaient-elles apporté des éclaircissements ? demandaient-ils. Bien que les membres de la mission impériale se fussent beaucoup agités, aucun ! Et ce massacre du bois de Saint-Martin, qu’on avait cherché à dissimuler… Avait-on acquis des indications sur ses victimes, ses auteurs, ses causes ? Apparemment pas ! Encore un échec !
    On avait fini par apprendre à Thionville – les maraîchers qui avaient transporté l’homme mortellement blessé n’avaient pas longtemps tenu leurs langues – dans quelles circonstances Fabian avait pris la fuite, de quelle façon Lithaire avait échappé à la mort et répliqué à son agresseur. Certes cela valut à la jeune femme, déjà connue pour avoir résisté à un assaut galant de Charlemagne, un regain d’admiration, mais non dépourvue d’ambiguïté : on rappela ses origines humbles (pas étonnant qu’elle sût jouer du poignard !). Et puis, convenait-il à une suivante de la princesse Rotrude de se lancer dans de telles aventures ? Enfin que signifiait tout cela ? La fuite de Fabian, sa poursuite, l’agression, la riposte, ces péripéties inattendues, étranges, pouvaient-elles avoir le moindre rapport avec l’objet essentiel des investigations ?
    La présence à l’abbaye de Gorze de l’abbé Erwin – elle n’était pas restée secrète – provoqua également des clabaudages. D’abord, se demanda-t-on, pourquoi le Saxon qui accompagnait ordinairement le comte Childebrand en ses missions, et dont la perspicacité était devenue célèbre, ne participait-il pas, cette fois-ci, à l’enquête ? S’il s’agissait d’une disgrâce, quelle pouvait en être la raison ?… D’ailleurs, même dans ce cas, que faisait-il en ce monastère ? Certes, on le savait pieux. Mais une retraite, en ce moment, à quelques lieues de la résidence impériale ?

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