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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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à Aix. Auparavant, avec Walfred, il a servi, de longues années, à la cour de Pavie, le roi d’Italie, Pépin. Auprès de ce fils de Charlemagne, il a exercé successivement les fonctions de sénéchal, de commandant de la garde royale et enfin de chambellan, ayant à chaque fois son cousin comme adjoint. Il était présent au côté de Pépin lors de plusieurs campagnes, comme, voici dix ans, l’évangélisation des Avars ( 31 ). C’est dire…
    — Dire quoi ? N’est-ce pas la preuve que de ce côté-là, comme du tien, Charles le Sage ne manque pas, dans son sillage, d’hommes de courage et de foi ? nota le moine.
    Le baron compléta avec un sourire sarcastique :
    — Comme ce Déodat qui, avant de devenir, voici deux ans, avoué du chorévêque de Metz, de l’abbé Magulphe donc, était le personnage le plus influent de la chancellerie royale à Pavie, à défaut d’être lui-même chancelier, poste toujours tenu par un clerc… en l’occurrence un vieillard impotent et débile…
    — Voudrais-tu me signifier par là que le comte Hainrik, Walfred et Déodat ont forcément collaboré à Pavie et se sont peut-être liés d’amitié ?
    — N’est-ce pas une évidence ?
    — C’est, au contraire, une opinion très hasardeuse… Les proches en arrivent plus souvent à se détester qu’à s’estimer. Mais admettons qu’ils aient fait exception. Conséquence ?
    — Je souhaitais simplement que tu fusses au courant.
    — Je l’étais déjà ! assura le frère Antoine. Je te demande donc à nouveau : qu’en conclus-tu ?
    Rupert se racla la gorge pour raffermir sa voix.
    — N’est-on pas alors obligé, avança le baron, d’évoquer les intentions que l’on prête à l’empereur concernant son héritage, rumeurs qui auraient suscité à la cour de Pavie des alarmes telles que…
    — Il suffit ! coupa le moine sèchement. S’intéresse qui veut à de tels bavardages ! Pas moi !
    — Cependant…
    — J’ai dit que nous en restions là !
    Le frère Antoine porta à sa bouche une cuillerée de bouillie qu’il mangea lentement, après quoi il se versa un gobelet de cervoise qu’il but par petites gorgées. Il reposa sur la table cuillère et gobelet et fixa le baron avec un sourire bienveillant.
    — Je te sais gré, lui déclara-t-il, de m’avoir remis en mémoire des actions qui sont tout à l’honneur des uns et des autres. Tes connaissances sont décidément précieuses. Nul doute que le missus dominicus ou son assistant y aient recours, si cela se révèle nécessaire.
    Le moine se leva, imité par le baron Rupert, et tapa dans ses mains. Le servant apparut.
    — Reconduis mon hôte ! ordonna le frère Antoine qui ajouta à l’adresse de celui-ci : Que la divine Providence veille sur toi !
    Il fit le geste de le bénir.
     
    Le comte Childebrand avait quitté Aix, pour regagner Thionville, après y être demeuré quatre journées et avoir été reçu deux fois en audience par l’empereur. Bien que la blessure de son fils Konrad fût à peu près cicatrisée et que la grossesse de sa fille se déroulât convenablement, il était d’humeur maussade. Il avait trouvé à la cour un climat exécrable. Le plaid général qui devait se tenir bientôt, la préparation, sur ordre du souverain, de dispositions testamentaires n’avaient cessé d’envenimer les rapports des uns avec les autres.
    Chaque « héritier » avait ses sectateurs… et ses détracteurs : naturellement chacun des trois fils légitimes de Charlemagne, l’aîné Charles le Jeune, Louis d’Aquitaine et Pépin d’Italie, qui étaient assurés des meilleures parts mais qui, déjà, se disputaient secrètement la prééminence ; puis les princesses, trois, qu’avait engendrées la reine Hildegarde, deux nées de la reine Fastrade, sans compter les concubines. Chacune défendait bec et ongles son rang, son avoir, son avenir, sa descendance.
    Tout était utilisé, non seulement pour faire valoir des droits et étayer des prétentions, mais aussi pour dénigrer et perdre les autres, jusqu’aux mises en cause les plus sordides, jusqu’aux accusations les plus graves ; tout était insinué, suggéré, répandu par de fausses confidences, soutenu par de feintes indignations, rarement exprimé. Les événements de Thionville étaient mis à contribution pour nourrir la calomnie. Chaque parti s’efforçait d’en attribuer la responsabilité à tel autre. On prenait le Ciel à témoin : « Sur cette voie néfaste jusqu’où

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