Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
Vom Netzwerk:
l’exige ! » Il a souligné : « sur vous ». Évidemment j’aurais aimé…
    — Ami, mon ami, intervint Erwin, peut-on demander à un monarque de se déjuger ? Et crois-tu qu’être ou ne pas être formellement désigné comme missus dominicus m’importe, dès lors qu’avec son approbation nous nous retrouvons ?
    Un temps.
    — D’ailleurs, avons-nous jamais cessé d’œuvrer ensemble ?
    — Ah, oui, ta récollection à l’abbaye de Gorze ! dit le comte avec un large sourire. En tout cas, nomination formelle ou pas, je me sens, grâce à Dieu, particulièrement soulagé. De plus, voilà qui va assurément simplifier nos démarches et faciliter nos recherches. Nous allons en avoir bien besoin car le temps presse.
    Childebrand exposa alors les mesures que « pour commencer et afin de faire place nette » il avait prises dès son arrivée, la veille, à Thionville.
    — Sans doute, oui, sans doute cela pourrait-il ne pas manquer d’utilité, concéda le Saxon. Je pense qu’on pourra mieux en juger en faisant le point sur l’enquête. Ne serait-il pas opportun et profitable de procéder à cette évaluation avec les assistants ?
    — Assurément ! Comme tant de fois, déjà, n’est-ce pas !
    Le Nibelung tapa deux fois dans ses mains. Son écuyer apparut à la porte.
    — Qu’ils entrent ! ordonna-t-il.
    Le frère Antoine, Doremus, Timothée, puis Sauvat et le diacre Dodon, comme notaire ( 32 ), saluèrent respectueusement le comte et l’abbé saxon puis prirent place autour de la table avec des visages radieux.
    Après avoir donné connaissance des décisions du souverain et affirmé sa propre détermination, Childebrand rappela à grands traits les événements qui s’étaient produits depuis un mois et demi à la résidence de Thionville et dans le diocèse de Metz ; puis chacun put apporter son témoignage et ses observations. A la fin de cet échange de vues, Erwin, qui jusque-là s’était contenté d’écouter, se caressa la nuque et le menton, comme il le faisait souvent quand il se préparait à intervenir. Tous se tournèrent vers lui.
    — En somme, dit-il à mi-voix, la seule chose qui soit compréhensible et évidente en tout cela, c’est le vol des coffres. Pour le reste… Toujours rien de précis sur les sicaires qui ont sévi ici, en mars, une première fois, ni sur ceux qui ont perpétré le massacre du bois de Saint-Martin. Et surtout, question : qui se tient derrière ? Qui a recruté et armé récemment de pitoyables gueux pour les envoyer à une mort certaine, et pourquoi ? Quelles étaient les victimes désignées ? D’où les questions que chacun se pose. Ensuite, pêle-mêle : pourquoi t’avoir fait parvenir, ami Childebrand, de mystérieux messages par des procédés si bizarres, quel rôle tiennent dans cette intrigue les prétendus Aquitains ? Et la femme en bleu ? En rapport avec la fuite de Fabian ? A ce propos, quelle raison les conspirateurs avaient-ils de s’en prendre à Lithaire ? Étant donné les circonstances, un attentat apparemment inutile !
    Erwin regarda ses interlocuteurs en hochant légèrement la tête.
    — Et les coffres retrouvés dans la grange aux prêles ? Et les complicités dont disposaient, et dont disposent peut-être encore les bandits ? Enfin, et surtout, pourquoi ces confidences perfides mettant en cause sournoisement les plus hauts personnages ? Alors, maintenant, face à ces questions, que répondre au Sphinx ? Je crois qu’à vouloir comprendre ce qui s’est passé en examinant les événements tels qu’on s’est ingénié à les présenter – voire à les façonner – nous ne serions pas près d’en découvrir le fin mot. En vérité, quand on n’arrive pas à trouver la clé d’une énigme, il faut changer d’énigme, n’est-ce pas ?
    — Comme si cela n’était pas déjà suffisamment compliqué, grommela Childebrand.
     
    — Quoi ? Agnès ? Tu as bien dit « Agnès », seigneur ? Cette femelle que j’ai vue, de mes yeux vue, sur la rive d’un marais de la Brenne, mener comme une bacchante lubrique une saturnale idolâtre, orgiaque, assemblée de sorciers et de stryges, de canailles sans foi ni loi, de créatures démoniaques ?…
    Le frère Antoine s’étranglait d’indignation.
    — Comment pourrais-je jamais oublier les actes odieux, défiant le prince et insultant le Ciel, que les « compagnons de la nouvelle lune » ont multipliés en Brenne ? s’écria-t-il. Cette Agnès qui s’est accouplée avec Amric –

Weitere Kostenlose Bücher