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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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présence ne passe pas inaperçue… Maintenant m’accorderas-tu que cette confession, que j’aurais pu ne pas faire, au moins sur l’heure, peut me valoir ton indulgence ? demanda l’homme avec un air à la fois humble et malin.
    Timothée le toisa :
    — Mon indulgence ? Mais je ne suis que l’ombre du missus dominicus… et l’ombre du tigre ne porte ni rayures… ni griffes qu’il puisse sortir ou rétracter selon son bon vouloir !
     
    Mère Adèle, qui avait pris en religion le nom d’une abbesse dont les vertus étaient célébrées, avait une conception rigoureuse de la vie monastique et elle en appliquait les règles selon les canons les plus stricts de la tradition bénédictine telle que l’avaient restaurée les évêques Chrodegang et Angelram. Cependant, dès lors que l’abbé Erwin l’avait déjà convaincue de prêter son concours à une action de grande importance menée par les missi dominici, en accordant asile à Agnès, alors enceinte, et cela en contrevenant à cette tradition, elle ne put refuser d’accueillir en son couvent, comme prétendue novice, une laïque, valeureuse et pieuse certes mais laïque, qui serait chargée de veiller sur la femme qu’elle hébergeait et de tenir la liaison avec les missionnaires du souverain.
    Dès son arrivée à Sainte-Glossinde, Lithaire dut revêtir la tenue austère des novices. Elle avait craint qu’on ne coupe sa chevelure et apprit avec soulagement qu’on ne procédait à cet acte sacrificiel qu’au moment de l’entrée définitive en religion.
    Elle fut aussitôt conduite à la cellule qui lui avait été réservée juste à côté de celle qu’occupaient Agnès et son nourrisson. Elle devait en effet remplacer la jeune religieuse qui avait assisté jusque-là cette dernière. Cette affectation eut pour effet de la dispenser de certaines obligations auxquelles étaient soumises les moniales.
    En lui confiant sa mission, Erwin avait indiqué à Lithaire qui était Agnès, ne lui cachant rien de sa vie tumultueuse en Brenne ; il lui avait expliqué les raisons pour lesquelles il avait tenu qu’elle demeure de statut libre malgré son passé.
    La jeune femme dont le rang, présentement, l’emportait sur celui d’Agnès n’en ressentit pas moins une vive appréhension quand elle entra dans la cellule où se trouvait celle qui avait vécu des aventures si étonnantes, connu tant de drames, qui semblait venir d’un autre temps et d’un ailleurs fabuleux.
    Malgré la description plutôt bienveillante qu’en avait faite Erwin, elle s’était attendue à rencontrer une créature marquée par le stupre avec quelque chose de démoniaque… au point qu’elle s’était signée avant d’entrer dans sa cellule. Au lieu de cela, elle se trouva en présence d’une femme au port altier, dont le visage était éclairé par d’étranges yeux vairons, avec des mèches de cheveux flamboyants difficilement contenues par la sévère coiffe des bénédictines. Sa haute taille n’empêchait pas qu’il se dégageât d’elle une impression de grâce féline. Lithaire comprit alors la fascination qu’elle avait pu exercer, le rôle qu’elle avait assumé dans ces fêtes idolâtres en Brenne dont le Saxon ne lui avait fait qu’une description sommaire, mais dont elle pouvait imaginer les péripéties scandaleuses.
    Agnès se tenait immobile devant le berceau où dormait son enfant. Elle scruta sans ciller, avec un regard aigu, le visage de Lithaire, observant son teint mat, ses yeux pailletés d’or, son nez légèrement busqué et ses lèvres charnues, comme si elle pouvait y découvrir la réponse à une question irritante.
    — C’est donc toi qui vas remplacer Véronique, celle qui m’assistait jusqu’à présent, dit-elle. M’expliqueras-tu d’abord pourquoi on l’a éloignée de moi alors qu’elle accomplissait sa tâche avec un dévouement irréprochable ? Peut-être la trouvait-on trop attachée à mon petit Amric, trop proche de moi-même. Et toi…
    — Je me nomme Lithaire.
    Agnès la toisa.
    — Il saute aux yeux que tu n’es pas plus une novice que je ne suis nonne !
    — Si les circonstances t’ont faite nonne, pourquoi ne me feraient-elles pas… novice ? La mère supérieure ne t’aurait-elle pas prévenue de mon arrivée ?
    — Si fait, en affirmant qu’on pouvait te faire toute confiance. Je suis bien obligée de la croire puisque ta présence m’est imposée. Mais pour quelle raison ? Peut-être dois-tu la tenir

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