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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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allure pouvaient-ils avoir comme domestiques des va-nu-pieds ? De même que les premiers, ces nouveaux arrivants ont demandé une collation servie en toute discrétion et qui fut vite avalée. Tout ça a commencé à me poser bien des questions.
    — A bon droit !
    — Alors il y a eu ce remue-ménage, des mouvements d’un véhicule à l’autre. Mais comme ils avaient écarté tout le monde de l’emplacement où leurs voitures se trouvaient, impossible de rien voir. J’ai cru seulement entendre un bruit comme s’ils défonçaient un tonneau à la hache. Une heure comme ça, puis le silence.
    — Et ils sont repartis ?
    — Oui, sans attendre l’aube. Un gardien qui veillait au portail m’a affirmé qu’une voiture, une sorte de rheda ( 35 ), avait filé, son cheval au grand galop, vers le sud. Elle fut suivie par un fourgon transportant plusieurs personnes, dont, paraît-il, ces vagabonds dont je t’ai parlé, et qui se serait éloigné vers l’ouest par la route qui longe l’Orne en direction d’Auboué. Les autres véhicules ont tout simplement pris, à allure normale, la route de Metz.
    Le Grec jeta à l’aubergiste un regard aigu.
    — Je suppose, dit-il, que ces étranges voyageurs t’ont payé généreusement.
    L’homme acquiesça.
    — … avec une rallonge pour ton silence ?…
    — Je m’attendais à cette question.
    Timothée se leva et s’approcha du tavernier qui était resté debout pendant cet interrogatoire feutré.
    — Tu es une fine mouche, Maître Gontier, dit le Goupil. Tu sais parfaitement, et depuis le début, que je n’ai rien d’un marchand. Tu as trop l’habitude des vrais négociants pour que j’aie pu te tromper un seul instant.
    L’aubergiste baissa la tête avec un air entre satisfaction et confusion.
    — Mais voilà, tu ignores à quel point tu as tapé juste ! lança Timothée. Apprends donc que je suis l’assistant des missi dominici venus pour enquêter sur les crimes qui ont ensanglanté la résidence impériale !
    L’homme blêmit, passa la main sur son front en sueur et tomba à genoux en bredouillant des supplications inintelligibles.
    — Sais-tu, ajouta le Grec, que je pourrais te faire traîner en justice et condamner aux pires supplices pour avoir si longtemps dissimulé aux missionnaires du souverain des renseignements de toute première importance ? Sais-tu cela ?
    L’aubergiste, toujours à genoux, s’était traîné jusqu’aux pieds de l’assistant, implorant pitié et demandant grâce. S’il avait si longtemps hésité à parler, c’est que ces visiteurs de la nuit avaient proféré les plus cruelles menaces.
    — D’abord, parvint-il à dire, sur le coup, seigneur, ici, on n’a rien su de ce qui s’était passé là-bas. Au début, rien que des ragots, semblait-il. C’est seulement au fil des semaines qu’on a vraiment… Et puis, voilà qu’on apprend aussi pour ce massacre du bois de Saint-Martin. Alors j’ai compris que ce qui s’était produit ici cette nuit-là, dont le départ de ce fourgon, avec ces gueux, par la vallée de l’Orne, avait quelque chose à voir avec toute cette histoire. Ah ! Dieu, pourquoi a-t-il fallu que ça m’arrive à moi ? Mais que faire ? Allez raconter ce que je savais ? A qui ? Où ?… Et si je frappais à la mauvaise porte ? Et puis bonne ou mauvaise porte, qui recevrait et écouterait un humble tavernier ?
    — Alors pourquoi aujourd’hui et à moi ?
    — Quand je t’ai vu, oui, j’ai vite aperçu que tu n’étais pas un marchand, mais… Cette allure, ce ton… sûrement, malgré ta vêture, un seigneur important.
    — Rusé compère !
    — Oui, j’ai pensé que le Ciel me donnait cette occasion de me racheter. Je te le jure sur ma vie éternelle, je t’ai dit la vérité, toute la vérité.
    — Laisse le Très-Haut juger de ta vie éternelle ! Relève-toi et dis-moi plutôt ce qui t’a décidé à passer outre, maintenant, les menaces des autres.
    — Eh bien, à la fin des fins, entre menaces et châtiment – car, pas de doute, en continuant à me taire je risquais le pire – il me fallait choisir.
    Le Goupil fit quelques pas dans la petite salle où il dînait. Puis il s’arrêta en face du tavernier auquel il jeta un regard perçant.
    — Bien entendu, dit-il, tu n’as pas cru que j’aie jamais été présent en ton auberge auparavant.
    — Non, seigneur ! En vérité, comment aurais-je pu le croire ? J’ai une bonne mémoire…
    — Je l’ai constaté.
    — … et ta

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