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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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l'avantage à M. Rossignol, sourit Louis.
    — Et pour la moisson, que me conseillez-vous ?
    — Avant de commencer, l'aire doit être rebattue à neuf. Les charrettes, les traits des bestiaux, ainsi que les outils nécessaires, il faut que tout soit en état. Cela prend du temps, mais les propriétaires négligents paient chèrement le manque d'attention. Durant la moisson, les femmes doivent immédiatement lier les gerbes derrière les coupeurs, et surtout les retourner pour les monter en gerbier de manière à ce que les grains ne soient pas pénétrés par la pluie. Après, il faut battre au plus vite. Si vous battez à l'air, le mieux est d'utiliser des mules attachées deux à deux. Un homme les fait trotter pendant que les valets poussent sous les pieds des bêtes la paille qui n'est pas encore bien brisée.
    — J'ai aussi quelques vignes…
    — Cuves, pressoirs, tonneaux, barriques doivent être prêts et nettoyés bien avant la vendange…
    Les explications et les questions se succédèrent ainsi durant une bonne heure. Marie leur resservit même plusieurs fois du vin de groseille et quand ils rentrèrent, Rossignol se montra fort satisfait.
    *
    C'est au souper, que le chef du bureau du Chiffre raconta les graves événements qui s'étaient déroulés à Paris au cours des dix derniers jours, et que tout le monde ignorait encore.
    Comme tous les soirs, le dîner était pris en commun dans la grande salle, avec autour de la table le marquis et la marquise de Vivonne, Françoise – la femme de chambre de Julie – le valet de chambre, Michel Hardoin et Margot Belleville, Bauer, Nicolas et Esprit Ferrant, ainsi que quelques serviteurs de la seigneurie comme le maréchal-ferrant, le sellier, ou encore le premier palefrenier. Le fermier avait été invité pour l'occasion. C'était un repas sans façon, mais Louis et Bauer gardaient leur chapeau, et Bauer son épée. La marquise avait aussi revêtu une jolie robe. Chacun s'était lavé les mains et avait tenté d'ôter les poux de ses cheveux.
    — Savez-vous que des conseillers des quatre compagnies ont réclamé la réunion des états généraux ? demanda Rossignol au marquis, après qu'on eut servi l'épaisse soupe au lard.
    Julie l'avait placé au haut bout, la place d'honneur, et les gens de Mercy gardaient la tête baissée dans leur écuelle de terre tant ils n'osaient lever les yeux vers ce grand personnage qui venait de Paris – de la Cour ! – et qui, leur avait-on dit, rencontrait souvent le cardinal Mazarin !
    — Oui, répondit Louis. Esprit Ferrant – il le désigna du doigt – qui porte nos produits en surplus à l'étude de mes parents, rue des Quatre-Fils, m'a ramené hier une lettre de mon père dans laquelle il m'en parlait. Jusqu'alors, je croyais que tout s'était arrangé depuis que M. Séguier était devenu l'interlocuteur de la Cour auprès du Parlement et de M. Molé.
    — Malheureusement, il est apparu que M. Molé ne représentait que lui et ses amis. La demande de réunion des états généraux a réactivé la guerre entre les quatre compagnies et la Cour et, curieusement, Mazarin a fait preuve d'une étonnante maladresse. Il a annoncé qu'en contrepartie du rétablissement de la paulette, il supprimerait aux officiers quatre années de gage. Ensuite, devant la violente réaction des parlementaires, il a fait volte-face et annulé cette décision, mais ceci de façon fort ambiguë.
    Louis hocha du chef d'un air entendu. Il savait parfaitement à quel point Mazarin pouvait faire preuve de duplicité. Ne lui avait-il pas dit une fois : Qu'importe les promesses si on est décidé à ne pas les tenir ! C'était le pendant de l'adage de Particelli d'Emery   : La foi n'est bonne que pour les marchands !
    — Connaissez-vous M. Broussel, monsieur le marquis ? demanda alors Rossignol.
    — Vaguement.
    — C'est un vieux conseiller de la Grand-Chambre, plus réputé pour son intégrité et sa vertu que pour ses capacités et son talent, mais il est très populaire auprès des Parisiens, car il vit fort simplement, frugalement même, dans sa petite maison de la Cité, loin du faste de bien des parlementaires corrompus. Bref, sur sa suggestion, le 13 mai, des représentants du Parlement toutes chambres confondues, du Grand Conseil, de la Chambre des comptes et de la Cour des aides se sont réunis dans la chambre de Saint-Louis pour adopter une déclaration contre l'absolutisme. Ils ont décidé de se retrouver à

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