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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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difficilement un traité de paix à Munster, elle avait même pris langue avec les Espagnols de Bruxelles en leur assurant qu'elle parviendrait à convaincre la régente d'un traité plus favorable pour eux si on lui en donnait les moyens ; après tout, Anne d'Autriche était espagnole et avait été sa meilleure amie, leur avait-elle rappelé. Avec suffisamment de pistoles, elle assurait pouvoir chasser le cardinal et reprendre l'ascendant dont elle avait disposé pendant vingt ans sur Anne d'Autriche. Les Espagnols lui avaient donc donné quelques dizaines de milliers de livres en vue de ses entreprises. C'est ainsi qu'avec le marquis de Fontrailles, un de ses fidèles, elle avait tenté de ruiner la réputation du cardinal en mettant en vente de fausses lettres de provision pour des offices de conseiller à Aix, lettres signées par son frère Michel Mazarin 110 .
    Mais l'affaire avait échoué et Fontrailles en avait tiré la leçon que c'était à Paris qu'il fallait agir contre le cardinal, non dans d'obscures villes de province, et surtout qu'il lui fallait un allié puissant sur place. Présenté par Montrésor, il avait donc rejoint le coadjuteur dont il reconnaissait les talents dans l'intrigue.
    Pour sa part, Paul de Gondi avait été fort satisfait du renfort de Fontrailles tant le marquis avait une prodigieuse expérience des complots.
    Ayant eu ensemble de nombreuses discussions sur la façon de renverser le gouvernement de Mazarin, le marquis avait assuré au coadjuteur que seule une grande sédition populaire chasserait la clique du Sicilien, mais ne voyait pas le moyen de la provoquer.
    Gondi y avait longuement réfléchi avant de lui faire part de son idée. Il suffisait, selon lui, de s'inspirer de ce qui s'était passé durant la Ligue, une révolte populaire contre la Cour qui aurait réussi sans le génie de Henri de Navarre.
    — Vous oubliez, lui avait rétorqué le marquis, que les ligueurs avaient pour chef Henri de Guise, un homme grand, beau et courageux qu'ils vénéraient. Nous n'avons rien de tel. Le dernier qui aurait pu faire l'affaire aurait été le comte de Soissons, que vous aviez surnommé le dernier des héros , mais il est bêtement mort en se grattant la tête 111 .
    — Mais ce chef, nous l'avons, marquis ! avait répondu Gondi dans un sourire.
    —  Schelme 112   ! avait ironisé Fontrailles, vous faites allusion à qui ? À moi, bossu et difforme, ou à vous, nain noiraud comme un moricaud ? Si c'est le cas, je vous le dis : notre affaire est condamnée à l'échec avant même qu'elle ne commence !
    Cette plaisanterie avait vexé Gondi qui détestait qu'on se moque de son physique. Aussi avait-il poursuivi, plus sérieusement :
    — Être grand, beau et courageux n'aurait pas suffi si Guise ou Soissons n'avaient pas été de race royale…
    — Vous pensez au duc d'Orléans ? avait demandé Fontrailles, cette fois stupéfait. En trente ans, le duc a montré son incapacité à assurer à conduire quelque entreprise audacieuse !
    — Pas du tout ! Je vous le répète, monsieur le marquis, ce chef, nous l'avons ! Il suffit de le mettre en avant. Certes, ce ne sera qu'un fantôme, mais nous n'avons besoin que d'un fantôme ! Et si par malheur nos affaires tournaient mal, ce serait lui qui en assumerait les fâcheuses conséquences.
    — Je ne sais à qui vous pensez, mais il faudrait qu'il soit bien sot pour être notre marionnette ! avait ricané Fontrailles, d'un tempérament railleur.
    — Il l'est, rassurez-vous, marquis ! D'ailleurs vous le connaissez mieux que moi !
    Fontrailles s'était tu, car il venait soudain de comprendre.
    Beaufort ! Gondi avait choisi François de Vendôme, le duc de Beaufort ! Effectivement, le duc avait bien des avantages : petit-fils du roi le plus populaire que la France ait eu, il était grand, beau comme un astre avec des cheveux aussi blonds que ceux du duc de Guise. Et comme le Balafré, était courageux et adulé des Parisiens. En revanche, il était sot comme une dinde, mais ce n'était pas important pour une marionnette.
    Seulement, il était en prison à Vincennes où Mazarin l'avait enfermé après la cabale des Importants 113 .
    — Le cardinal ne le libérera jamais, avait remarqué le marquis en hochant la tête mais sans nommer le duc, faisant ainsi comprendre qu'il avait deviné.
    — Qui parle de le libérer ? Nous allons le faire évader ! avait ironisé Gondi.
    Cette fois, Fontrailles avait

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