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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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secoué négativement la tête, tout en assortissant ce mouvement d'un sourire condescendant :
    — C'est impossible, monsieur le coadjuteur ! J'y avais déjà songé, car Mme de Chevreuse voulait aussi sa libération. Savez-vous ce qu'est le donjon de Vincennes ? Les huit tours enserrent une formidable muraille cerclée d'un fossé. Le donjon, dans lequel on ne peut entrer que par un pont-levis, n'est qu'une succession de hautes salles superposées avec quatre tours d'angle où se trouvent les chambres des prisonniers. C'est là qu'est enfermé le duc. Chaque cellule est fermée par deux ou trois portes doublées de fer à verrous et serrures. Les murs ont seize pieds d'épaisseur et les fenêtres ne sont que des meurtrières avec des barreaux entre lesquels on ne peut même pas passer la main. Les prisonniers ne sortent que pour se promener dans la salle centrale de leur étage, ou exceptionnellement dans la galerie extérieure basse entourant le donjon qui se situe encore à une hauteur considérable du sol du fossé. De surcroît, ils sont toujours escortés par des gardes.
    « Pour le duc de Beaufort, ces mesures de sécurité sont renforcées. Il y a en permanence six ou sept soldats dans sa chambre située au sommet du donjon. Il n'a pas un seul ami, pas un seul domestique. M. de Chavigny, le gouverneur, le hait et un exempt particulièrement méfiant, un certain La Ramée, ne le quitte jamais des yeux, nuit et jour.
    — Il faudrait placer un complice près de lui, avait proposé Gondi, ébranlé. Étudiez cette affaire, monsieur de Fontrailles, je vous en prie ! Si un homme peut faire évader Beaufort, c'est vous ! Montrésor vous aidera. Il a passé quatorze mois prisonnier dans le donjon, il doit donc le connaître comme sa poche !
    Flatté, le marquis avait accepté.
    Seulement, alors que ses plans avançaient bien, Mazarin l'avait fait arrêter et l'avait enfermé à la Bastille !
    Toute l'opération avait été arrêtée.
    Gondi s'était alors démené comme un diable pour faire libérer le marquis de Fontrailles, faisant comprendre à quelques-uns, comme M. de La Rochefoucauld et le duc d'Orléans, que le prisonnier risquait de raconter bien des secrets si on le laissait moisir dans un cachot. La pression avait été si forte que la reine avait cédé.
    Fontrailles s'était aussitôt remis au travail avec l'aide de Montrésor.
    Dans sa salle de jeu du Hazart , le tripot qu'il possédait, le marquis avait remarqué un nommé Pierre d'Ayon, seigneur de Vaugrimaut, duelliste impénitent ayant besoin d'argent pour échapper à la justice. Un jour où l'homme trichait ostensiblement, les valets chargés de la surveillance l'avaient confondu. En échange d'un arrêt des poursuites contre lui et d'une forte somme, Pierre d'Ayon avait accepté de devenir geôlier à Vincennes. Pour ce faire, Fontrailles avait discrètement rencontré M. de Chavigny, le gouverneur de la prison. Les deux hommes se connaissaient bien. C'est d'ailleurs à la suite d'une correspondance entre eux que Fontrailles avait été arrêté. Finalement, Pierre d'Ayon de Vaugrimaut était devenu un des gardiens du duc de Beaufort, chargé de seconder La Ramée.
    Publiquement, il maltraitait son prisonnier avec une rare méchanceté, mais, secrètement, il s'était fait reconnaître et Beaufort lui avait d'autant plus accordé sa confiance qu'Ayon était breton, et que son père avait servi sous les ordres de l'oncle du duc, M. de Mercœur.
    Enfin prête, l'évasion avait été prévue pour le dimanche de Pentecôte. Depuis la veille, Montrésor, Fontrailles, quelques hommes de main et une forte escorte fournie par Mme de Vendôme se trouvaient à Vincennes. Voila pourquoi, ce dimanche, Paul de Gondi attendait dans un mélange de fièvre et d'appréhension. Ce soir, il saurait s'il avait gagné un chef que les Parisiens suivraient sans hésiter, même contre leur reine ; ou s'il devrait fuir par la petite porte de sa chambre et Saint-Denis-du-Pas pour gagner la Belgique.
    *
    Avant de rejoindre ses amis, il songea un instant, avec un pincement de cœur, qu'il était exactement dans la situation de Jean-Louis de Fiesque, lorsqu'il avait lancé son assaut sur Gênes.
    105 Habit d'évêque qui couvre depuis les épaules jusqu'à la ceinture et qui est porté par-dessus le rochet (surplis à manches) dans les cérémonies.
    106 Son frère sera assassiné par les gens de Condé, lors du massacre de l'Hôtel de Ville, en juillet

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