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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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sarrasin ? D'ailleurs, ses conquêtes parlaient pour sa beauté ! N'avait-il pas encore rencontré la veille, dans cette chambre, Marie 107 , la belle épouse du maréchal de La Meilleraye 108  ? Et quand l'affaire qu'il conduisait aurait réussi, toutes les femmes de la Cour, et même la reine, seraient à ses pieds.
    Il sourit de satisfaction en s'approchant de la table de marbre de Carrare sur laquelle était posé un coffre ciselé ayant appartenu à ses ancêtres banquiers à Florence. Il y avait là plusieurs flacons d'huiles et de parfums dont il se frotta longuement les mains et le visage avant de se diriger vers le mur du fond où une tapisserie était tendue. Il en souleva un coin, dégageant une porte ferrée qu'il ouvrit après avoir tiré un verrou, et embrassa du regard le chœur de Saint-Denis-du-Pas. L'église était vide. Personne ne connaissait ce passage. Si l'affaire en cours se déroulait mal, il s'enfuirait par là. Un cheval sellé attendait dans le petit cimetière des chanoines, derrière l'église.
    Il n'avait rien laissé au hasard. Dans quelques heures au plus tard, il saurait s'il avait réussi, et s'il pouvait opposer à la Cour un capitaine incontestable, bien plus Bourbon que Condé, et surtout autrement plus populaire.
    *
    Tout avait commencé il y avait plus d'un an, après que Louis d'Astarac, marquis de Fontrailles, ait pris langue avec le coadjuteur sur les conseils de son ami Claude de Bourdeille.
    Petit-neveu de Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, qui nous a laissé les Dames galantes , Claude de Bourdeille était entré jeune au service du duc d'Orléans dont il était devenu le conseiller et confident. C'est lui qui avait rapproché le duc et le comte de Soissons, qui ne s'aimaient pas. Avec Louis d'Astarac, il avait aussi fait partie du groupe de gentilshommes ayant préparé l'assassinat de Richelieu à Amiens.
    Mais l'attentat n'avait jamais eu lieu, car au dernier moment le duc d'Orléans avait déclaré aux conjurés n'avoir ni la force de le commander ni de l'entreprendre . Après cette reculade, Montrésor avait quitté Paris et n'y était revenu que rappelé par son ami Fontrailles pour entrer dans la conspiration de Cinq-Mars. Le complot ayant échoué, et le duc d'Orléans ayant dénoncé Montrésor comme un des principaux conjurés, il avait fui en Angleterre, perdant tous ses biens confisqués.
    À Londres, il était devenu l'ami du duc de Beaufort et, rentré en France après la mort de Louis XIII, avait naturellement participé avec lui, et bien sûr avec Fontrailles, à la cabale des Importants ainsi qu'au projet d'assassinat de Mazarin sur le pont dormant du Louvre 109 . Cette entreprise ayant aussi échoué, il s'était cette fois réfugié en Hollande. Là-bas, il était devenu l'ami, le messager et l'amant de Marie de Chevreuse, mais quand il était revenu en France, Mazarin, qui le poursuivait de sa vindicte, l'avait fait enfermer dans le donjon de Vincennes.
    Heureusement pour lui, Marie de Chevreuse, et une autre de ses maîtresses, Mlle de Guise, ne l'avaient pas abandonné et étaient parvenues à le faire libérer après cependant plus d'un an d'emprisonnement dans de dures conditions.
    Mazarin, persuadé de l'avoir soumis, avait alors tenté de le prendre à son service en lui faisant miroiter quelques avantages, mais Montrésor avait trop souffert pour l'écouter. Il avait aussi tourné le dos au duc d'Orléans qui l'avait trahi et dont il détestait le nouveau favori, l'abbé de La Rivière. Montrésor s'était finalement attaché au seul homme qui, à ses yeux, semblât capable de le venger de ses avanies et d'assurer sa fortune : le coadjuteur Paul de Gondi.
    Seulement, si Gondi avait accepté son allégeance, il ne lui faisait guère confiance, car il avait perçu chez Claude de Bourdeille un caractère impétueux mais velléitaire. Nourri dans les factions de Monsieur, Montrésor avait gardé le goût de conseiller de grandes choses qu'il n'exécutait jamais. Si le coadjuteur le gardait près de lui, c'était surtout parce qu'il avait besoin de son amitié avec le duc de Beaufort, le marquis de Fontrailles et, surtout, Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse.
    Marie de Rohan cherchait, elle, à la fois à se venger de Mazarin, qui l'avait chassée de la Cour, à revenir en grâce auprès de la reine, et à s'imposer comme arbitre dans les discussions de paix franco-espagnoles. Tandis que les plénipotentiaires français négociaient

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