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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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l'hôtel de M. le duc était vide.
    — Et vous ? demanda Gaston en forçant sur l'insolence.
    — Je suis le colonel du quartier Notre-Dame, ne vous ai-je pas déjà vu ?
    — Gaston de Tilly, procureur du roi à la prévôté de l'Hôtel et maître des requêtes au Conseil. Je prépare une affaire pour M. le duc qui me loge durant quelques jours.
    — C'est votre chambre, monsieur ? demanda l'homme en gris, avec suspicion.
    Il tenait un bougeoir allumé, sans doute pour fouiller les pièces obscures.
    — On me l'a laissée… Mais vous ne m'avez pas expliqué ce que signifient cette intrusion et ce vacarme…
    Il parlait en regardant la femme. Elle était toujours aussi belle, mais ne lui souriait pas, feignant de ne point le connaître. Allait-elle agir en ennemie ou en alliée ?
    Pourtant, il était certain que sa présence tenait à lui. Elle avait dû le reconnaître sortant du carrosse. N'étaient-ils pas tous deux roux ?
    — Nous cherchons M. le chancelier, qui est entré ici.
    — Cela m'étonnerait, je l'aurais vu.
    — Nous allons fouiller la pièce, décida l'homme en gris en faisant un pas en avant.
    — C'est la chambre de Mme la duchesse, je vous l'interdis ! éructa Gaston en se dressant. Il n'y a que des garde-robes où vous n'avez pas à mettre votre sale nez !
    — Que faites-vous dans la chambre de la duchesse ? Vous l'accommodez ! ricana grassement le truand.
    — Des travaux étant bientôt entrepris dans les autres chambres, c'était la seule qu'on pouvait me laisser et elle n'est pas là… Et puis, cela ne vous regarde pas, répliqua Gaston en ignorant l'allusion graveleuse.
    La femme s'avança à son tour.
    — Je suppose que M. de Tilly ne voit pas d'inconvénient à ce que je regarde dans les garde-robes et les dépendances…
    — Si c'est vous, madame, dit-il, en s'inclinant.
    Elle prit le bougeoir des mains de l'homme en gris et alla aux deux premières portes qu'elle ouvrit avant d'examiner longuement l'intérieur.
    — Il n'y a personne, conclut-elle.
    — Il y a une porte dissimulée, là ! fit l'homme en gris en montrant précisément l'endroit où se cachaient le chancelier et son frère.
    Elle s'y rendit. La porte n'avait pas de serrure mais un bouton. Elle tira, regarda à l'intérieur puis referma, le visage impassible.
    — Personne. C'est juste un privé et il pue !
    De soulagement, Gaston ferma les yeux un instant.
    L'homme en gris ne parut pas satisfait. Il se dirigea vers les boiseries et donna de grands coups de pieds tout au long, pour vérifier s'il n'y avait pas de pièce cachée.
    — Excusez-nous, monsieur, dit alors le colonel quand cette bruyante vérification fut terminée.
    Il salua Gaston et se dirigea vers la porte. Après une hésitation, l'homme en gris le suivit. La femme les rattrapa et leur remit le bougeoir.
    — Mon ami, je souhaiterais dire un mot à M. de Tilly, murmura-t-elle à Garnier.
    — Vous le connaissez, madame ? s'étonna le colonel de la milice.
    — J'ai connu son épouse. Je désire avoir de ses nouvelles.
    Il lui sourit en opinant et les deux hommes sortirent afin d'aller fouiller d'autres pièces.
    *
    Gaston et elle restèrent face à face.
    — J'étais à la barrière. Je croyais bien vous avoir reconnu, Gaston, sourit Mme Durier.
    — Vous n'avez pas changé, Marie-Françoise, lui répondit-il, embarrassé et le cœur battant. Que faisiez-vous là, à cette heure ?
    Marie-Françoise Durier était la tenancière de l'auberge le Loup et le Porcelet . Un an durant, elle avait été la maîtresse de Tilly, avant qu'il ne rencontre Armande 137 .
    Elle demeura silencieuse un instant, les lèvres serrées. Il n'était plus son amant et cela ne le regardait pas. Pourtant, elle lui confia :
    — Après que vous m'avez quittée, j'ai rencontré M. Garnier, veuf comme moi. Nous allons nous marier. J'étais chez lui cette nuit, et je venais de l'accompagner à la barrière où il prenait son service lorsque je vous ai vu.
    À son tour, il digéra ce qu'elle venait de confier, ressentant un inexplicable pincement de jalousie.
    — Merci de votre franchise et de votre aide, dit-il finalement.
    — C'est M. Séguier que j'ai vu ? demanda-t-elle.
    — Oui, avec son frère, l'évêque de Meaux. Ils vous en seront éternellement reconnaissants. Vous nous avez sauvé la vie…
    — Je ne l'ai pas fait pour eux, répliqua-t-elle vivement. Vous savez ce que je pense de Mazarin ! Pourquoi restez-vous à

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