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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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tout ce qu'il possédait au démon, il l'a dénoncée devant l'official de l'Évêché, qui l'a fait incarcérer au For-l'Évêque 14 .
    L'official, juge ecclésiastique nommé par l'évêque, avait longtemps eu compétence pour les crimes de sacrilège, de sorcellerie et de simonie. Mais, au fil des siècles, la justice royale s'était substituée à la sienne et lorsque l'accusé risquait la peine capitale, le lieutenant criminel intervenait pour reprendre l'affaire. C'est ce qui s'était passé
    — Elle a été interrogée par M. Delestrade, le commissaire du quartier du Temple, et a reconnu avoir rencontré le Malin. Vous savez donc ce qu'elle risque.
    À ces mots, Gaston grimaça. Cette stupide femme allait être enfermée dans un couvent le reste de sa vie pour apostasie, sacrilège et magie. Et encore, elle aurait de la chance ; vingt ans plus tôt, une rencontre avec le Démon lui aurait coûté de finir sur le bûcher.
    — M. d'Aubray veut un exemple, poursuivit Tardieu en joignant les mains. En ce temps où les Parisiens se remuent contre l'autorité, il pense qu'une grande sévérité calmera les ardeurs du petit peuple. Il n'a sans doute pas tort, mais je suis persuadé que quelques coups de fouet suffiraient pour remettre cette sotte dans le droit chemin. Si vous étiez là, vous pourriez facilement convaincre les conseillers d'être indulgents.
    — Je le ferai volontiers, monsieur Tardieu, car je n'aime guère que l'on punisse exagérément les femmes stupides, mais me direz-vous pourquoi vous-même éprouvez une telle indulgence ?
    Tardieu étant réputé pour sa sévérité, Tilly se doutait bien qu'il y avait une autre raison à sa venue.
    Le lieutenant criminel prit un air chafouin :
    — Cet intercesseur diabolique, qui lui a pris cinquante louis, semble être fort habile. Il a certainement agi ainsi avec d'autres femmes… J'aimerais bien lui mettre la main dessus. Or, je suis persuadé que Mme Dufresne n'a pas dit toute la vérité, tant elle a peur de son diable. J'avais pensé que, si vous lui évitiez un châtiment trop dur, elle pourrait se confier à vous… Vous inspirez facilement confiance aux dames… sourit mielleusement le lieutenant criminel.
    Gaston hocha lentement la tête, avec un peu de suffisance mais sans être dupe. Le charlatan faisant apparaître le Démon avait sans doute amassé une petite fortune et Tardieu avait tout simplement envie de la récupérer !
    — Si je trouve cet homme, je l'enverrai aux galères, assura-t-il, sévèrement.
    — Ce sera justice ! s'exclama le lieutenant criminel. Prévenez-moi quand même juste avant, que je perquisitionne chez lui.
    Gaston sourit. Il avait vu juste.
    — Je n'y manquerai pas, monsieur Tardieu.
    Mais dans son for intérieur, il n'envisageait nullement de perdre son temps avec cette histoire. Il essayerait juste d'éviter un châtiment trop sévère à une femme naïve.
    *
    Gaston était arrivé lors de la pause de l'audience et écoutait maintenant la fin du réquisitoire du substitut du procureur.
    Comme pour tous les procès criminels, il n'y avait ni avocat ni prévenu. La prisonnière ne connaîtrait sa condamnation, ou sa relaxe par sentence de plus ample informé, ou de mise hors cour, qu'après la décision des juges.
    M. Delestrade, le commissaire du quartier du Temple, avait déjà déposé. Il n'avait trouvé aucun témoin aux moulins du Temple où Mme Dufresne avait rencontré le Diable, ou celui qui se faisait passer pour lui.
    Tous les conseillers connaissaient cet endroit situé derrière l'enclos du Temple. C'était un grand terre-plein surplombant ce qu'on appelait les fossés jaunes, vestige des fortifications imaginées par les derniers Valois pour remplacer la vieille enceinte de Charles V, incapable de résister à l'artillerie ; le nom de ces fossés venant de la couleur de la terre remuée lors des travaux. Louis XIII et Richelieu avaient repris ce projet à leur compte. Le roi avait fait creuser un nouvel égout, qui aurait dû être couvert et complété par un canal, et dressé un talus. Entre la Bastille et la porte Saint-Martin, cette levée de terre avait été complétée par de grands bastions en forme de pique. Mais le manque d'argent, l'opposition des riverains, et surtout les malversations des entrepreneurs avaient eu raison de ce grandiose projet défensif et les fortifications n'avaient jamais été terminées. Dès lors, les fossés étaient restés des égouts puants

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