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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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police !
    — Vous avez raison, monsieur de Tilly, intervint le commissaire, mais je manque cruellement de sergents d'armes, et le guet ne peut s'installer là-bas à demeure, d'autant qu'il s'agit d'un terrain appartenant à la censive du Temple, et que c'est au prévôt du grand prieur d'y faire régner l'ordre. Mais, vous le savez comme moi, la police et la justice du Temple sont d'une rare incurie ! Heureusement qu'il existe des projets de constructions à cet endroit et que ce terrain vague ne sera bientôt plus qu'un souvenir.
    Gaston hocha de la tête pour approuver, mais sans s'engager plus. Il connaissait peu M. Delestrade, ancien prévôt à Sens, qui avait récemment acheté sa charge de commissaire. C'était un homme assez âgé, veuf, et d'un tempérament sévère, surtout envers les autres.
    — Que voulez-vous de moi ? demanda l'ancien commissaire.
    — Au cours des six derniers mois, on a trouvé quatre hommes la gorge ouverte, aux moulins du Temple, répliqua Delestrade avec brusquerie.
    Gaston resta interdit.
    — Je n'en ai jamais entendu parler !
    — Nous avons gardé l'affaire confidentielle, expliqua Aubray, toujours à mi-voix. Même M. Tardieu l'ignore. Il s'agissait de voyageurs de passage au Temple, et M. Le Tellier n'avait aucune envie que l'on apprenne la présence d'un fou furieux dans Paris. Mais après l'affaire de M. de Vignerod, et les exigences de Mgr Mazarin, il s'est souvenu de la façon dont vous, et votre ami Fronsac, avez découvert le Tasteur 18 , et il m'a suggéré de vous en parler. Peut-être auriez-vous des idées sur les agissements de ce dément.
    — J'en ai au moins une ! Je crois me souvenir qu'il y a eu un cas similaire, voici une dizaine d'années.
    — Je l'ignorais ! fit Aubray, interloqué.
    — Monsieur Tardieu ! appela Tilly en se tournant vers le lieutenant criminel, qui était maintenant avec un greffier et M. Estienne de Bartillat, le commissaire du quartier Saint-Martin. Pourriez-vous nous rejoindre un instant ?
    Tardieu s'approcha, le sourcil interrogateur.
    — Monsieur le lieutenant criminel, lui demanda Gaston de Tilly, il y a une dizaine d'années, un homme ne défiait-il pas des gens en duel vers le Temple ? Il les blessait, puis leur promettait la vie s'ils abjuraient le Seigneur, après quoi, il leur perçait le cœur pour avoir le plaisir, disait-il, de tuer l'âme et le corps.
    — C'est exact. Ce fou se nommait le chevalier Jean d'Andrieux. À trente ans, il avait tué en duel soixante et douze hommes. À chaque fois, il faisait renier Dieu à ses adversaires – en leur promettant la vie – après quoi, il les égorgeait. Il a été exécuté en juillet 1638 pour violences, duels, meurtres, et quelques autres crimes tout aussi monstrueux. Mais pourquoi me demandez-vous cela ?
    — Il semble qu'il ait fait un émule. Monsieur d'Aubray, je pense que vous pouvez mettre M. Tardieu dans la confidence.
    Aubray hocha la tête et résuma l'affaire au lieutenant criminel, en lui précisant que M. Le Tellier souhaitait qu'elle ne s'ébruite pas.
    — Monsieur Tardieu, demanda Gaston, un de vos commis pourrait-il me trouver le sac du procès du chevalier d'Andrieux ? Et vous, monsieur d'Aubray, que savez-vous d'autre sur ce chevalier de Malte ? Je suppose que M. de Vignerod a pu en faire une description.
    — Je vous enverrai les notes que j'ai prises en l'interrogeant, dit le lieutenant civil, mais il n'y a pas grand-chose d'intéressant dans sa déposition. Il faisait déjà sombre, l'homme était recouvert du manteau noir de l'ordre des hospitaliers, avec la croix de toile blanche à huit pointes sur le côté gauche. Il mesurait cinq pieds six pouces et portait une barbiche blonde taillée en queue de canard. Je crois que c'est à peu près tout.
    — J'irai demain interroger M. le grand prieur, décida Gaston. Faites-moi parvenir tous ces documents chez moi, rue de la Verrerie. Monsieur Tardieu, voulez-vous que nous nous rendions au For-l'Évêque, maintenant ?
    — Vous songez à interroger la femme qui vient d'être condamnée ? s'enquit Aubray avec suspicion.
    — En effet, monsieur d'Aubray, ce n'est cependant pas elle qui m'intéresse, mais plutôt ce prêtre de Belzébuth qui l'a débauchée. Et à dire vrai, maintenant que vous m'avez parlé de l'émule du chevalier d'Andrieux qui sévit lui aussi aux moulins du Temple, je me demande s'il n'y aurait pas quelques attaches entre ces gens-là…
    Aubray

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