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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ici et éteins les lanternes.
    Les cris provenaient de l'église Saint-Roch, ouverte la nuit à ceux qui voulaient prier. Ils se précipitèrent vers l'entrée latérale, à quelques pas du carrosse. À l'intérieur du sanctuaire, le vacarme était épouvantable. Plusieurs cierges de l'autel éclairaient une scène de l'enfer. Une cinquantaine de gueux, dont de nombreuses femmes, prenaient à partie deux dames. L'une repoussait trois ou quatre pendards à coups de pieds et de griffures, mais ses assaillants lui avaient arraché son manteau et son masque 156 . La seconde, déjà aux mains d'un groupe qui déchirait ses vêtements en riant, paraissait avoir perdu conscience. Des mégères en furie participaient à la curée.
    Gaston intervint l'épée en avant. Un portefaix tenta de s'interposer avec un bâton, mais il lui perça la gorge puis se jeta sur la populace en frappant au hasard de furieux coups. François l'imita à son tour. La canaille comprit vite qu'on l'attaquait et se tourna vers eux. Tilly recula et tira deux coups de pistolet, faisant exploser deux visages.
    Immédiatement le silence se fit, puis ce fut la débandade. En quelques secondes, les malfrats disparurent par un passage situé derrière l'autel et par la porte de la rue Saint-Honoré.
    Gaston s'approcha alors de la femme inconsciente, étendue sur le pavé de l'église. En jupon, poitrine griffée, visage tuméfié, elle haletait, donc elle était vivante. Il ôta son manteau et cacha sa gorge dénudée, puis se dirigea vers l'autre agressée, prostrée au sol et en train de sangloter.
    — C'est fini, madame.
    Elle leva vers lui des yeux terrorisés et il reconnut son visage sérieux.
    — Monsieur de Tilly ? murmura-t-elle.
    C'était Mme de Motteville, la première femme de chambre d'Anne d'Autriche 157 . Il l'avait aperçue plusieurs fois à la Cour et savait qu'elle était au plus près de la reine. Pourquoi ne se trouvait-elle pas à Saint-Germain ?
    152 Une soixantaine de kilogrammes.
    153 Le Catalogue des partisans, ensemble de leur généalogie et extraction, vie, mœurs et fortune , sera publié quelques semaines plus tard.
    154 Une partie de cette butte a été exploitée en carrière, le reste forme le parc des Buttes-Chaumont.
    155 Desgrais se trompait : en 1611 on pendit le cadavre du baron d'Arquy, tué en duel, et en 1617 celui d'un autre gentilhomme tué aussi en duel. Ce furent les derniers pendus de Montfaucon.
    156 Les femmes qui ne désiraient pas être reconnues circulaient souvent masquées.
    157 Françoise de Bertaut avait épousé à vingt ans M. de Motteville, de soixante ans son aîné.

Sixième partie
    Février 1649-mai 1649
La guerre civile et le trésor des templiers

44
    — M adame, que faites-vous ici ? s'enquit-il après avoir glissé son pistolet dans son pourpoint.
    — Comment va ma sœur ? murmura-t-elle.
    Inquiète, elle se leva en chancelant et s'approcha de l'autre femme dont les gémissements déchiraient le cœur. Gaston et François ne savaient comment agir. Le visage de la sœur de Mme de Motteville étant lacéré et tuméfié, dans quel état se trouvait-elle ?
    Un grand fracas vint rompre leur embarras : une dizaine d'hommes en armes, un prêtre à leur tête, se ruèrent dans l'église. Le curé se précipita vers les agressées.
    — Mesdames ! Dieu soit loué, vous êtes sauves !
    Gaston ayant avancé de quelques pas vers la troupe pour protéger les femmes, ce fut avec soulagement qu'il reconnut dans la pénombre François d'Harcourt, marquis de Beuvron, vague parent à lui.
    — François ! Tu arrives à temps ! J'ai réussi à chasser une canaille qui s'en était prise à Mme de Motteville et à sa sœur, mais je n'ai rien pour les soigner.
    — M. le curé vient de me prévenir.
    Le marquis s'approcha des femmes.
    — Que s'est-il passé, madame ?
    Françoise de Motteville étreignait sa sœur et lui nettoyait le visage avec un bout de sa robe.
    — L'enfer, monsieur le marquis, l'enfer.
    Elle soupira, puis embrassa sa sœur qui avait enfin ouvert les yeux.
    — Nous allons vous conduire chez moi, proposa le marquis.
    — Laissez-nous un instant, le temps qu'elle reprenne pleinement conscience.
    — D'où venaient ces gens ? s'enquit Gaston.
    — La populace… fit-elle, avec un geste vague.
    Elle ferma les yeux et commença à s'expliquer, d'une voix monocorde :
    — Quand la reine est partie, elle m'a fait savoir de la rejoindre le lendemain à

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