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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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proposa d'honnêtes chevaux à cent livres pièce.
    — Sept cents livres, et je vous reprendrai le tout pour six cents si vous me le ramenez.
    — Topons là. Vous conduirez le carrosse chez moi, rue de la Verrerie. Je le veux pour quatre heures. Je vous paierai à ce moment-là.
    Une idée lui ayant traversé l'esprit, il ajouta :
    — Vous peindrez sur une portière les faisceaux de verges d'or et la hache d'armes de la prévôté.
    Quels que soient les troubles dans Paris, la prévôté de l'Hôtel restait une institution redoutée. Les lettres patentes de 1530, qui voulaient que ceux usant de rébellion ou de résistance contre le prévôt soient pendus et étranglés, et ce sans appel ou murmure, n'étaient certes plus appliquées, mais la crainte toujours là si on voyait la hache d'armes de la prévôté. Même si le roi n'était plus à Paris, personne ne remettait en question son pouvoir.
    L'autre s'engagea et Gaston repartit pour la rue des Quatre-Fils. À l'étude Fronsac, il raconta au notaire qu'il allait retrouver son fils à Mercy. Il pouvait lui porter une lettre, ou tout autre chose, et lui conseilla d'aller lui aussi obtenir un sauf-conduit auprès du coadjuteur et de les rejoindre.
    — Ça me serait difficile, Gaston. J'ai toujours soutenu M. Le Féron et les échevins. Mon départ serait considéré comme une trahison.
    — Dans quelques jours, il n'y aura plus d'ordre, plus de police, plus de justice, monsieur Fronsac. Songez-y !
    — Je le sais déjà, fit tristement le vieil homme. Mon beau-père, Louis Charreton, avait vingt ans en 1590. Il m'a raconté ce qui se passait sous la dictature de la Ligue. J'ai bien peur que tout recommence. Jamais je n'aurais imaginé que les choses tourneraient ainsi ! Pourquoi Mazarin ne s'est-il pas accommodé avec Molé ? Ce que demandaient les parlementaires : des impôts justes, des dépenses contrôlées, le droit à ne pas être emprisonné sans raison… Tout cela n'avait rien d'inacceptable !
    — Sans doute, mais la reine défend aussi le trône de son fils contre les factieux qui voudraient imiter ce qui se passe en Angleterre.
    — Croyez-vous que les choses iront jusque-là ?
    — Je ne le souhaite pas. Mais cela pourrait arriver… Vous devez vous protéger, je vous en conjure !
    Le vieux notaire grimaça.
    — L'étude ne risque rien. J'ai engagé trois solides gaillards pour assister les frères Bouvier… Néanmoins…
    — Néanmoins ?
    — Pouvez-vous faire sortir des valeurs avec vous ?
    Gaston raconta comment il comptait s'y prendre afin d'emporter ses biens.
    — Auriez-vous de la place pour un coffre, dans vos barriques ?
    — De l'or ?
    — Oui. J'ai ici deux cent mille livres, en louis et en pistoles, qui ne sont pas à moi. Depuis hier, on taxe les maisons, et ceux qui ne veulent pas payer sont fouillés et saisis. Je crains que bientôt ce moyen ne se généralise. Ce serait terrible qu'on saisisse cet argent qui ne m'appartient pas.
    — Pouvez-vous le porter chez moi avant quatre heures 152 , dans de petites boîtes ou des sacs, de manière à ce qu'on ne se doute pas qu'il s'agit d'or ?
    — Oui, les frères Bouvier s'en chargeront.
    Ils s'accolèrent après que M. Fronsac eut rédigé une lettre pour son fils. Gaston salua aussi Mme Fronsac, qui le considérait comme un de ses enfants, puis fit d'ultimes recommandations aux frères Bouvier avant de s'en aller.
    Il avait prévu aussi de se rendre chez Gédéon Tallemant, auquel il devait rembourser une partie de son prêt le mois suivant. Il tenait à le prévenir qu'il ne serait pas à Paris, donc qu'il ne s'inquiète pas pour l'échéance. Seulement, Gédéon habitait désormais au Pré-aux-Clercs, à l'extrémité du faubourg Saint-Germain, et le quartier était sous l'eau. Il décida d'aller seulement à la banque Tallemant, rue des Petits-Champs.
    Il y trouva le frère de Gédéon, fort abattu. On venait de le prévenir que des conseillers du Parlement préparaient un Catalogue des partisans 153 pour taxer les fidèles de Mazarin afin de financer la guerre contre la Cour. Heureusement, le banquier avait pu mettre à l'abri une grosse somme chez le beau-père de Gédéon, Antoine Rambouillet. Gaston lui remit une lettre pour son frère et se rendit rue des Blancs-Manteaux. Germain Gautier, qui s'occupait de la maison de Louis, l'assura avoir suffisamment de provisions. Il avait aussi renforcé toutes les fermetures et décidé de rester sur

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