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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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place pour empêcher que le logis ne soit mis à sac.
    *
    Gaston rentra chez lui midi passé. On l'attendait avec impatience. La Goutte, Desgrais et un jeune homme inconnu chargeaient les tonneaux avec François et son second valet. François lui présenta l'inconnu, un de ses cousins qui savait parfaitement conduire une voiture. Ce serait lui le cocher.
    Armande avait déjà fait remplir plusieurs futailles avec des vêtements, la vaisselle d'argent et d'étain, les rideaux, tapis, courtepointes et toutes les pièces de tissu de la maison, ainsi que les tableaux, des miroirs et des armes. Bref, il ne restait rien dans le logis qui eût quelque valeur, sauf les gros meubles. Gaston demanda qu'on garde un peu de place pour des paquets arrivant un peu plus tard.
    Au dîner, il expliqua les dernières lignes de son plan. La Goutte partirait à quatre heures et sortirait par la porte du Temple. C'était le chemin le plus rapide et Desgrais, qui serait avec lui, connaissait quelques-uns des bourgeois de garde. Comme convenu, ils expliqueraient qu'ils allaient chercher du vin, présenteraient le papier du lieutenant civil et assureraient qu'ils reviendraient le lendemain. Gaston, en carrosse avec François et son cousin, prendrait une heure plus tard le même itinéraire. Ils avaient prévu de se retrouver non loin du gibet de Montfaucon.
    — C'est un endroit sinistre, avait remarqué Armande avec inquiétude. On dit que ses sous-sols ne sont qu'un immense charnier.
    Depuis le quatorzième siècle, on y exposait les corps pendus dans la capitale. C'était un grand bâtiment rectangulaire en pierre de taille construit sur une butte entre les faubourgs du Temple et les faubourgs Saint-Martin 154 . Sur cette plateforme, à laquelle on accédait par un grand escalier, se dressaient seize énormes piliers de pierre hauts de trente pieds et liés entre eux à leur sommet par de fortes poutres. Des chaînes y étaient accrochées où l'on suspendait les corps, jusqu'à ce que les oiseaux les aient dévorés.
    — En effet, madame, c'est plus que sinistre, confirma La Goutte, auteur de l'idée. Mais comme il n'y a rien ni personne aux alentours, sinon l'hôpital Saint-Louis, on ne nous remarquera pas. De plus, le gibet est situé au sommet d'une éminence et on aperçoit qui arrive à plusieurs lieues à la ronde. Enfin, sous la maçonnerie se trouve un espace rempli d'ossements à l'intérieur duquel on dissimulera le chariot.
    — En cas de mauvais temps, on peut aussi s'y installer et faire un feu sans être vus, ajouta Desgrais. Mais rassurez-vous, on n'y a plus pendu personne depuis la Ligue 155 .
    — Nous n'y resterons pas, Armande, ajouta son mari. C'est La Goutte qui nous y attendra. Nous arriverons peu après lui et trouverons facilement dans les environs un moulin où passer la nuit.
    Il se tourna vers l'exempt et le sergent.
    — Si nous avions du retard ou rencontrions des difficultés pour sortir, vous nous attendrez un jour entier. Ensuite, vous vous rendrez seuls à Mercy. Pensez à emporter les flambeaux de résine que j'utilise la nuit.
    — Il est temps de partir, annonça Desgrais. La Seine ne cesse de monter. Ce matin, on entrait en barque dans Notre-Dame… Demain, le voyage sera peut-être impossible.
    Ils se signèrent et prononcèrent une courte prière.
    *
    Vers trois heures, ils virent arriver Guillaume et Jacques Bouvier. Gaston resta seul avec eux pour transporter une dizaine de coffrets de bois dans un tonneau. Heureusement qu'ils avaient pris quatre mules, songea-t-il. Ainsi, on ne remarquera pas trop le poids du chariot.
    Enfin, à quatre heures, l'un des cochers de Sauvage apparut avec le carrosse. Gaston le paya de ses derniers écus, puis adressa d'ultimes recommandations à l'exempt et au sergent avant de les aider à sortir la charrette de la cour. Un pincement au cœur, il les vit s'éloigner avec sa fortune et celle de M. Fronsac. Comme il faisait déjà très sombre, allaient-ils réussir à passer la porte ? Pouvaient-ils être arrêtés en chemin par la garde bourgeoise, voire des pillards ? Cette heure de départ semblait la meilleure – il pleuvait et les rues étaient vides –, quant à Desgrais et La Goutte, il avait confiance en eux et n'aurait pu choisir mieux, mais que leur réservait le destin ?
    *
    Il soupira avant de demander au cousin de François de rentrer le carrosse dans la cour. L'eau arrivait maintenant aux pieds des escaliers. Se presser

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