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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Saint-Germain, mais je n'ai pu m'y résoudre. Veuve et sans fortune, je n'aurais pu tenir mon rang dans un château vide de meubles où tout allait coûter fort cher. Mais je ne suis pas vaillante et je ne tenais pas à rester dans une ville assiégée. Sitôt que je sortais, je me trouvais en butte aux insultes et à l'animosité. Le désordre et les barbaries du peuple m'ont donc décidée à fuir. Nous sommes parties cet après-midi avec ma sœur et Mlle de Villeneuve, ayant enfin obtenu un sauf-conduit pour nous rendre en Normandie.
    Sa sœur se releva un peu et tenta de s'asseoir. Mme de Motteville l'embrassa sur le front avant de poursuivre.
    — Nous étions devant les capucins quand une foule nous a prises à partie. Nous nous sommes réfugiées dans l'église, mais elle nous a suivies et nous avons couru au corps de garde du Palais-Royal. Seulement, là, des gens du guet bourgeois se sont moqués de nous, plaisantant même sur notre sort lorsque nous tomberions entre les mains des gueux. Nous avons encore couru jusqu'à l'hôtel de Vendôme, mais le concierge a refusé d'ouvrir. Un homme a rattrapé Mlle de Villeneuve. Il avait une pierre et allait la frapper quand elle lui a dit qu'elle ne lui avait jamais fait de mal. Le maraud l'a laissée, mais s'est précipité sur nous à la place. Nous nous sommes réfugiées dans Saint-Roch où se célébrait une messe.
    « À peine étions-nous à genoux devant l'autel, priant Dieu de nous sauver, que nos poursuivants nous avaient rejointes et qu'une furie s'est jetée sur moi, criant que j'étais une mazarine , qu'il fallait m'assommer et me déchirer en morceaux. J'ai pu l'écarter, tandis qu'on nous lapidait et que les fidèles s'enfuyaient, terrorisés.
    « Nous avons couru à la grand porte quérir du secours. À ce moment, la racaille n'était qu'une dizaine, mais une fois dehors, nous vîmes une meute hurlante se précipiter pour nous écharper. Nous rentrâmes donc, terrifiées, perdues. M. le curé était encore là, il essayait de calmer ces monstres. Nous l'avons supplié d'aller chercher de l'aide.
    — Je suis parti aussitôt, madame, dit le prêtre.
    — Merci, mon père. Après votre départ, la populace est entrée, sauvage, hideuse. Ma sœur a été saisie, emportée loin de moi. Elle allait subir les derniers outrages quand vous nous avez secourues, monsieur de Tilly.
    — Qu'est devenue Mlle de Villeneuve ? s'enquit le marquis.
    Mme de Motteville baissa les yeux, sa pudeur ne lui permettant pas de répondre. Elle ramassa la robe et le manteau de sa sœur, puis la prit par le bras afin de la conduire dans un coin sombre et de l'aider à se rhabiller. Quand elles revinrent, elles rendirent son manteau à Gaston.
    — Partons, décida le marquis de Beuvron, en aidant la sœur de Mme de Motteville à marcher.
    — Conduisez-nous plutôt au Louvre, monsieur. Nous ne serons pas en sécurité ailleurs.
    *
    Rassurés, Gaston et François les saluèrent avant de revenir au carrosse qui reprit la direction de la porte Saint-Honoré. En chemin, il raconta aux trois femmes le drame survenu, tout en rechargeant son pistolet, éclairé par la lanterne allumée.
    Ils arrivèrent à la porte. Elle était fermée, comme Gaston s'y attendait, mais une grosse troupe de bourgeois se tenait en faction devant un brasero. Le carrosse s'arrêta et Gaston descendit. Complies sonnaient.
    Il chercha du regard quelqu'un susceptible de les aider, mais il ne reconnut personne. Un bourgeois s'approcha, maigre, la cinquantaine, barbe et moustache comme les portait Richelieu, fort martial en habit et manteau noirs, morion, cuirasse et épée.
    — Je suis dizainier du quartier, monsieur. La porte est fermée. Il y a couvre-feu, rentrez chez vous.
    Ton sec et sans appel.
    Sans répondre, Gaston sortit son passeport et le tendit.
    L'homme le prit et se dirigea vers le brasero. Les autres regardaient le carrosse. Fièrement casqué d'un morion, un des bourgeois s'approcha, vit les femmes et les salua courtoisement.
    — Accompagnez-moi, monsieur, dit le dizainier, quand il eut lu le papier. Gaston le suivit au corps de garde. Ils entrèrent dans une salle. À une table, et à la lueur d'une bougie, un homme écrivait. C'était Robert Miron, le colonel du quartier de Saint-Germain-l'Auxerrois.
    — Monsieur de Tilly ? s'étonna-t-il en le voyant entrer.
    — Ce monsieur a un passeport signé par Mgr le coadjuteur.
    — Les portes sont fermées à cette heure,

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