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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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jeter sur les échelles.
    Au premier étage, les piquiers vacillaient. Ils étaient deux à chaque ouverture, chacun veillant surtout à ce que l'autre ne fuie pas. Lorsque les premiers Allemands passèrent les fenêtres, rares furent les gens de Mercy qui parvinrent à les repousser. Avec leur casque, leur plastron d'acier, leurs bottes ferrées peintes en noir, les assaillants incarnaient une armée de démons qui glaçait d'effroi les paysans. Dès qu'un soldat sautait dans une pièce, il s'en rendait en effet vite maître à grands coups de sabre, les défenseurs tombant ou s'enfuyant.
    Dans la chambre de Louis, une dizaine d'Allemands prit ainsi pied avant de se précipiter vers la porte en hurlant victoire. La place était gagnée !
    Mais Bauer les attendait de l'autre côté, espadon dans le dos et canon à feu sur l'épaule. Sitôt la porte ouverte, les quatre tubes d'acier grondèrent dans un fracas épouvantable, le Bavarois les faisant pivoter en enclenchant successivement les rouets. La grenaille déchiqueta tout ce qui se trouvait dans la chambre : hommes, meubles, tentures, rideaux. Tout fut broyé dans un sanglant hachis.
    Dans les autres pièces, une seule avait vaillamment résisté et l'échelle avait été repoussée. Partout ailleurs, c'était le corps à corps. Gaston et les hommes qui l'avaient suivi ferraillaient avec quatre ou cinq Croates, ignorant que dans une chambre proche les défenseurs étaient morts et que les Allemands aidaient déjà leurs compagnons à entrer bien que du hourd supérieur on leur lançât sans cesse des pierres. Soudain, Margot, à la tête de six ou sept femmes, toutes pistolet au poing, entrèrent dans la pièce gagnée par l'ennemi et tirèrent à bout portant. Ce fut un carnage et seul un Allemand parvint à fendre le crâne d'une paysanne d'un coup d'épée. Mais d'autres assaillants arrivaient par l'échelle et si une pierre lancée du hourd ne l'avait brisée, ils auraient certainement submergé les femmes.
    Gaston et ses gens étaient aussi parvenus à arrêter l'attaque et même à faire trois prisonniers quand, soudain, la mousquetade cessa et qu'un grand hourra de joie monta des hourds. Les Allemands se repliaient, toutes leurs échelles étant brisées.
    *
    Chacun accola son compagnon, épuisé et encore étonné d'être vivant après la sauvagerie de l'attaque. Gaston et Louis firent aussitôt le compte des pertes. Trois paysans, un valet et un garçon d'écurie étaient morts, quatre autres défenseurs touchés, parfois gravement. La femme atteinte du coup d'épée s'était vidée de son sang. Comme ils n'avaient pas de médecin, les blessés furent transportés auprès d'Armande et de Julie qui les pansèrent sans pouvoir rien faire pour les blessures les plus graves.
    Mais les Allemands avaient laissé dix morts ou blessés graves dans le château, et cinq cadavres à l'extérieur. Bauer acheva les seconds en leur coupant la gorge et conduisit les trois prisonniers de Gaston dans la cour. Il les interrogea en allemand ; seul le plus jeune répondit. À son regard, on le devinait terrorisé. Les deux autres, vieux reîtres aux cheveux blancs, n'attendaient rien. Ensuite, devant les femmes et les enfants silencieux, on les détacha afin de les dépouiller de leurs vêtements, puis, nus, grelottant et meurtris, on les garrotta à nouveau, avant de les conduire sur la galerie, au-dessus du porche. La Goutte avait préparé les cordes. Elles furent nouées d'un côté à une poutre, de l'autre à leur cou, et on les précipita dans le vide. Les autres cadavres avaient déjà été jetés par les fenêtres, eux aussi entièrement dévêtus.
    *
    Les assaillants s'étaient regroupés à six cents pas du château, mais on pouvait les observer. Tous étaient descendus de cheval et paraissaient se concerter autour de deux grands feux allumés. Quand les pendus furent précipités dans le vide, plusieurs d'entre eux hurlèrent des menaces ou des blasphèmes à faire glacer le sang, même s'ils éructaient dans leur langue incompréhensible.
    Cette pendaison spectaculaire n'incarnait en rien une vengeance aux yeux de Bauer, mais constituait un moyen de détourner l'attention de l'ennemi. Après tout, ce que faisait la troupe de mercenaires, il l'avait accompli des dizaines de fois lorsqu'il était soldat et n'y trouvait rien d'immoral. La vérité, c'est que pendant la pendaison, il avait fait descendre Nicolas et Desgrais par des cordes, à l'arrière du

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