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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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aussi préparent-ils un mantelet qu'ils placeront devant, en s'approchant avec la couleuvrine. Quand nous tirerons, nos balles se perdront dans le bois. À quelques toises du château, ils lèveront le mantelet et bombarderont le portail.
    — Peuvent-ils le briser ?
    — Sans doute n'ont-ils que de petits boulets de pierre, et ce genre d'engin ne peut tirer que quelques coups à l'heure. Il leur faudra du temps pour y parvenir. Mais s'ils ont des boulets de fer de cinq livres, ou même de sept, à courte distance, l'effet sera dévastateur. Qu'en penses-tu Michel ?
    Hardoin acquiesça. Il ignorait exactement ce que pouvait faire un canon, mais il n'était pas certain que sa palissade résiste à cinquante pas ou moins.
    — Il ne faut pas les laisser faire ! décida Bauer.
    Chacun le regarda avec espoir.
    — Ils n'ont pas posté de sentinelles. On voit qu'ils ont perdu leur capitaine. Personne ne surveille l'arrière du château et ils n'ont pas songé une seconde que nous pourrions aller les trouver…
    — Nous serions terriblement exposés, s'effraya Louis.
    — Mais nous bénéficierions de l'effet de surprise, approuva Gaston qui adorait déjà l'idée de prendre les assiégeants à revers.
    — Avec des cordes, zortons avec pistolets et mousquets, décida Bauer. Nous verons un larche détour par le bois. Il leur faudra bien une heure pour mettre en place leur couleuvrine et on aura le temps d'arriver sur leur revers. Voici exactement comment on va s'y prendre…
    *
    Seulement, il fallut moins d'une heure aux Allemands pour préparer leur mantelet. Ils en firent d'ailleurs deux, d'une largeur de deux toises chacun et d'une hauteur de plus de une toise. C'étaient des sortes de palissades de branches sommairement tressées.
    Quand ce fut terminé, la troupe s'avança à pied vers le château, bien groupée et à l'abri, transportant la couleuvrine, la poudre et les boulets.
    Au-dessus du porche, Louis, qui commandait les mousquets avec La Goutte, n'ordonna pas de tirer, sachant que c'était inutile avec cette protection des mantelets.
    Les mercenaires s'arrêtèrent à une vingtaine de toises. Sans voir ce qu'ils faisaient, on le devinait. Au bout de quelques minutes, les deux mantelets s'écartèrent, laissant apparaître la couleuvrine sur son affût. Presque aussitôt, le canon cracha son boulet. Le grondement fut assourdissant et l'air s'emplit de fumée. Sur le hourd du porche, Louis perdit l'équilibre tant le choc avait été violent. Des échardes de bois volèrent en tous sens, blessant même l'un des tireurs. Mais quand Louis se ressaisit, les mantelets s'étaient rapprochés et il n'eut que le temps de voir le serveur écouvillonner la couleuvrine pour préparer le tir suivant.
    Louis se retourna et interrogea ceux dans la cour pour savoir si le portail avait tenu. Mais en bas, c'était l'affolement. D'épaisses traverses avaient été brisées. Des éclats avaient blessé les animaux, tous pris de panique. Les chevaux ruaient ; les bœufs forçaient sur leurs chaînes ; les cochons couinaient dans leur enclos ; les chiens aboyaient ou hurlaient à la mort.
    Une femme monta, livide, hébétée, les yeux exorbités.
    — Le portail ne résistera pas, monsieur. Les échardes ont blessé des animaux… On n'arrive pas à les maîtriser, sanglota-t-elle.
    — Allez vous mettre à l'abri. Et vous, tenez-vous prêts, dit Louis à ses hommes. Quand les mantelets s'écarteront, tirez !
    Ils obéirent, mais la peur les submergeait tellement qu'ils furent incapables de toucher un seul ennemi. De nouveau le tonnerre retentit. Le second coup de canon fut encore plus épouvantable. Le boulet s'enfonça dans le portail comme un énorme coup de masse, brisant des poutres et tordant les ferrures. La panique gagna tout le monde et Louis, pourtant lui-même terrifié, dut menacer de son épée un tireur qui voulait s'enfuir. Les autres étaient hébétés, sourds, pétrifiés.
    Le troisième coup perça le portail et le boulet de fer s'écrasa sur la grille, la tordant et faisant voler un déluge de débris et d'échardes. Personne ne riposta quand le servant écouvillonna à nouveau. Les défenseurs attendaient, fatalistes, l'ultime coup de grâce, ne rechargeant même plus leurs arquebuses.
    Dans un nuage de fumée, la gueule de la couleuvrine cracha un nouveau coup qui provoqua une brèche d'un coude carré. Le long hurlement des femmes et des enfants qui suivit fut encore plus terrifiant que le

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