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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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petit groupe qui traversa la salle et sortit dans la cour.
    — Monsieur Fronsac ! glissa Molé. Que faites-vous parmi ces émeutiers ?
    — J'ai besoin de rencontrer le coadjuteur, monsieur le premier président.
    Entendant son nom, Beaufort ne cacha ni sa surprise ni son agressivité.
    — Ce monsieur serait Louis Fronsac ? clama-t-il d'un ton menaçant. Le fameux marquis de Vivonne ? L'ami de Mazarin ?
    — C'est exact, François, répondit Gondi en lui prenant affectueusement l'épaule. Laisse-moi te dire que je le connais depuis que j'ai douze ans. Crois-moi, c'est un homme d'honneur qui a toute ma confiance et à qui je confierais ma vie.
    Il ajouta, dans un mélange d'ironie et de tristesse :
    — Même s'il est au Mazarin…
    — C'est lui qui m'a envoyé à la Bastille ! ragea Beaufort.
    — Non, monsieur le duc, intervint Fronsac. J'ai seulement empêché un assassinat qui aurait définitivement taché l'honneur du petit-fils d'Henri le Grand. Et j'ajoute que je ne suis pas au Mazarin. Je suis au roi. Comme nous devons tous l'être.
    Molé sourit à ces mots, tandis qu'on avançait son carrosse. Il salua sèchement le coadjuteur et Beaufort, puis amicalement Fronsac.
    — À vous revoir, monsieur le marquis, dit-il en montant dans la voiture dont le valet avait déjà baissé le marchepied.
    *
    Louis resta seul avec le duc, Gondi et la suite de fidèles les entourant. Pour la première fois il remarqua, parmi eux, le marquis de Fontrailles qui le considérait avec une effroyable méchanceté.
    Fronsac lâcha alors d'une voix forte ces mots qui lui brûlaient la bouche :
    — Il y a cinquante ans, monsieur de Beaufort, mon grand-père s'est battu pour le vôtre et pour remercier notre famille de sa loyauté, vous avez donné l'ordre de piller nos biens.
    Un effroyable silence tomba sur le groupe tant l'accusation était grave. Un instant, le sang reflua du visage du duc qui posa la main sur la poignée de son épée, tandis que Gondi demandait d'une voix douce, en lui tenant l'épaule pour l'empêcher de dégainer :
    — C'est vrai, François ?
    Louis avait besoin qu'on laisse ses parents tranquilles et seul Beaufort pouvait donner des ordres afin qu'il en soit ainsi. Dans la grande galerie, Fronsac avait entendu quelqu'un chanter la gloire du petit-fils d'Henri le Grand :
    Il est hardi, plein de valeur,
    Et plus vaillant que son épée,
    Heureuse soit son arrivée,
    Qui sera pour notre bonheur,
    Ce prince magnanime,
    Les Parisiens l'estiment !
    La chanson lui avait donné l'idée d'interpeller publiquement le duc. Il savait Beaufort souffrant de n'être que le fils d'un bâtard et bouffi de vanité. Déjà, durant la cabale des Importants, ceux qui se moquaient de lui le comparaient au capitan de la Comédie-Italienne. En lui rappelant que son grand-père était Henri le Grand, il l'obligeait à se conduire en gentilhomme, et non en roi des Halles, en roi des gueux.
    Mais il n'ignorait pas pour autant que Beaufort pouvait bien lui passer son épée au travers du corps pour répondre à son accusation ! Il avait cependant jugé que Paul de Gondi viendrait à son secours, et c'est ce qui arrivait.
    — Je… je l'ignorais, monsieur le coadjuteur, bredouilla le duc, après une brève hésitation… Si ce sont mes gens qui ont agi ainsi, je les punirai avec sévérité, poursuivit-il.
    Il considéra alors Fronsac avec une brusque chaleur, et déclara d'une voix forte :
    — Sachez monsieur, que vous n'aurez jamais plus à vous plaindre de François de Beaufort !
    Louis dissimula un soupir de soulagement, et Gondi, qui avait suivi la manœuvre, lui glissa un sourire d'admiration.
    — Fronsac, j'ai beaucoup à faire aujourd'hui, peux-tu passer demain soir après vêpres au petit archevêché ? Je pourrai te consacrer quelques minutes, lui dit-il.
    Louis le remercia en s'inclinant. Puis, il salua le duc de Beaufort avec une grande déférence avant d'aller retrouver Guillaume qui l'attendait plus loin. Aux yeux de ceux ayant assisté à la comédie, la personne et la famille de Fronsac étaient désormais sacrées.
    *
    Midi sonnant, ils allèrent dîner au Lyon-d'Or , en bas de la rue Saint-Jacques. Comme toutes les auberges, celle-ci n'avait plus grand-chose à proposer. Pour deux écus, ils eurent à peine droit à une bouillie d'avoine avec un petit morceau de lard et une affreuse piquette. Rassasiés malgré tout, ils se rendirent rue de Seine, à l'hôtel de Liancourt 171 que le

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