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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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aussi expédier des lettres de cachet pour la révocation du parlement semestre d'Aix, précisa de Mesmes.
    Ainsi, l'étude des Fronsac restera ruinée, se dit Louis.
    *
    À Neuilly, le maréchal de Gramont descendit pour rejoindre son escadron et ce fut une compagnie d'archers de la ville qui escorta les carrosses. Mais malgré cette protection, le fils de Molé – pourtant colonel des archers – suggéra à son père d'entrer dans Paris par la porte de la Conférence, et non par la porte Saint-Honoré, où la populace les attendait certainement.
    — Je ne crains rien, mon fils, puisque je sers mon roi ! lui répondit le premier président. De toutes les façons, je ne suis qu'un mort en sursis depuis qu'on m'a accusé d'avoir trahi le Parlement…
    Ses yeux pétillèrent d'humour quand il sortit un papier chiffonné de son pourpoint.
    — Tenez, monsieur Fronsac, voici ce qu'on distribue sur moi sur le Pont-Neuf…
    Louis prit le papier. C'était un de ces nombreux pamphlets vendus trois sous, et dont on assurait qu'ils venaient d'une officine au service du coadjuteur.
    La barbe et le menton barbu
    De Molé, juge corrompu
    Barbe sale, barbe vilaine !
    Barbe infâme, barbe inhumaine
    Qui s'offrirait pour un écu
    De serviette à torcher le cul
    Barbe pendante au vieux menton
    D'un avare et lâche poltron
    Barbe d'un laid et vieux magot,
    Barbe d'un traître et d'un bigot.
    Je voudrais, ô barbe vilaine !
    Que de merde tu fusses pleine 170    !
    Quand il leva les yeux, Molé lui souriait avec espièglerie, en lissant sa fameuse barbe.
    — Comment trouvez-vous ces vers, monsieur le marquis ? fit-il.
    — Pas si mauvais que ça, monsieur le premier président, pouffa Louis.
    Le convoi entra dans Paris vers quatre heures, ignorant que le duc de Beaufort avait envisagé de fermer les portes pour empêcher les négociateurs d'entrer. Le fils de Vendôme en avait finalement été dissuadé par le coadjuteur qui préférait laisser Molé s'expliquer au Parlement. Gondi ne doutait pas que les parlementaires les plus radicaux, entraînés par Broussel, refuseraient les conditions du traité, et qu'il serait plus avantageux de renvoyer les négociateurs à Saint-Germain pour obtenir une meilleure paix.
    Le coadjuteur demeurait sans doute le seul des frondeurs à avoir une vue lucide de la situation. Il savait que les armées de Longueville et de Turenne n'arriveraient jamais, que les Parisiens ne pouvaient espérer aucun secours, sinon de l'Espagne, et il n'avait aucune confiance dans les promesses espagnoles. À ses yeux, la partie était perdue et il voulait à la fois éviter d' ensanglanter la scène , et obtenir une amnistie pour lui et ses amis.
    Encore fallait-il forcer Molé à une nouvelle négociation. Afin d'y parvenir, tout au long de la rue Saint-Honoré, la populace entoura les députés, criant sa haine envers eux et les accusant d'être des mazarins . Heureusement, l'escorte de Champlâtreux empêcha de trop gros débordements et les parlementaires parvinrent à rentrer chez eux, sous bonne garde.
    167 Recevoir avec honneur.
    168 Le collège de Clermont (actuellement Louis-le-Grand) ; voir Les Ferrets de la reine , éditions J.-C. Lattès.
    169 Le secrétaire de Mazarin.
    170 Cet extrait de la mazarinade : « Satire sur la barbe de monsieur le Président Molé » a été publié dans le Tableau de la vie et du gouvernement de messieurs les cardinaux Richelieu et Mazarin .

48
    L ouis arriva à l'étude de ses parents comme vêpres sonnaient.
    Après les avoir embrassés, et leur avoir raconté ce qu'il avait vécu, son père lui montra les dégâts commis par la canaille. Il y en avait pour des dizaines de milliers de livres avec ce qui avait été volé, et le notaire, d'un tempérament naturellement inquiet, envisagea l'avenir avec accablement. Toute sa vie d'effort était réduite à néant. Il fut juste un peu rasséréné quand son fils lui eut expliqué que l'or confié à Gaston était au moins à l'abri.
    Louis se rendit un peu plus tard avec Germain Gaultier à son logis de la rue des Blancs-Manteaux. Comme le lui avait dit Guillaume, il avait été mis à sac et ne contenait plus rien.
    Circulant dans les rues, il remarqua une ville encore plus sale que d'habitude. Était-ce l'absence du lieutenant civil ? Les immondices s'accumulaient, les boues n'étaient plus ramassées et les inondations de février avaient laissé d'épaisses moisissures de salpêtre et des maisons en partie

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