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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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duc de La Roche-Guyon prêtait à son parent, M. de La Rochefoucauld. Louis priait pour ne point rencontrer le marquis de Fontrailles qui y logeait également.
    L'intendant de l'hôtel envoya un valet demander au duc s'il pouvait recevoir le marquis de Vivonne. La réponse étant favorable, on conduisit Fronsac dans une immense chambre d'apparat où le duc était couché. Deux femmes et un gentilhomme se tenaient à ses côtés, ainsi qu'un chirurgien en noir.
    Louis s'approcha. Blême, La Rochefoucauld paraissait épuisé. Il fit pourtant signe à son visiteur de prendre un tabouret, et aux autres de s'éloigner.
    — Merci d'être venu, marquis, murmura-t-il.
    — Comment allez-vous, monseigneur ?
    — Je suis très incommodé par ma blessure, et très fatigué. Je vais partir me reposer en Poitou. Venu demain, vous ne m'auriez pas trouvé.
    — Je ne suis entré dans Paris qu'hier. Pour aider ma famille.
    — Je devine… Cette guerre est aussi affreuse qu'inutile.
    Il tenta de se redresser sur ses coussins :
    — Je croyais pouvoir faire sentir au cardinal et à la reine… qu'il leur eût été utile de me ménager… J'étais plein de ressentiment envers eux. Mais je n'ai jamais trouvé à Paris la chaleur que j'attendais… M. de Conti est faible et léger, M. de Longueville est irrésolu, et vous le savez, je suis parfois moi-même fort hésitant… Quant aux autres, ce ne sont que des lâches ou des capitans. Seul le coadjuteur sait où il veut aller. C'est un homme redoutable qui cultive la dissimulation et feint des vertus qu'il n'a pas. Méfiez-vous de lui, ami Fronsac…
    Louis comprit que le duc cherchait à se justifier. Il le laissa donc parler.
    — Je ne suis entré dans cette querelle que malgré moi, et si j'étais arrivé plus tôt, j'aurais assurément empêché Mme de Longueville de s'impliquer dans cette misérable affaire… Hélas, le coadjuteur s'est servi de mon absence pour l'y embarquer, ainsi que son frère, le prince de Conti. Je ne pouvais que les suivre… Oui, j'ai fait la guerre aux rois, je l'aurais faite aux dieux… pour elle 172 .
    — La paix est proche, monseigneur, assura Louis.
    — Je le souhaite de toute mon âme, car je suis impuissant. Ma blessure est un nouvel obstacle à mes desseins, qui étaient de réunir la maison royale et de contraindre ce diable de coadjuteur à la paix…
    Louis demeura encore un moment. Quand le duc s'endormit, saisi par sa faiblesse, Fronsac se retira, meurtri et morfondu. Cette guerre n'avait jamais été conduite pour de grands desseins, seulement par haine envers Mazarin.
    *
    Le dimanche avant la messe, Louis parla à son père. Il l'assura qu'il ne risquerait désormais plus rien des gens de Beaufort et qu'il pensait lui donner, le soir même, un passeport pour quitter la ville. Mais il lui conseilla aussi d'attendre quelques jours. La paix allait être signée.
    Après vêpres, comme Gondi le lui avait proposé, il se rendit avec Guillaume au petit archevêché. Ménage l'attendait et le conduisit immédiatement au coadjuteur, qui le reçut dans sa chambre.
    La pièce n'avait pas changé depuis l'affaire de la lettre volée.
    Gondi venait d'être saigné et se reposait. En entrant, Louis sentit les effluves d'un parfum de femme. Mme de Guéméné était-elle venue retrouver Don Moricaud. Ou était-ce Mme de Bouillon ?
    — Louis, je t'attendais, que puis-je faire pour toi ?
    — Je souhaite un laissez-passer afin que ma famille et les gens de mon père puissent sortir de la ville. L'étude a été pillée et ils sont continuellement menacés.
    — Je ne l'ai appris qu'hier et j'ai morigéné M. de Beaufort, ainsi que M. de Fontrailles, lequel m'a assuré n'y être pour rien. Astarac m'a dit vous haïr, mais n'être pas homme à utiliser de tels expédients. Je le crois. Il semble qu'il se soit agi de quelque subalterne ou de voisins envieux ayant trouvé un moyen facile de s'enrichir. J'ai dit partout que la famille Fronsac se trouvait désormais sous ma protection, et que s'en prendre à elle revenait à s'en prendre à moi. Le duc m'a promis d'y mettre bon ordre. Quoi qu'il en soit, Ménage te rédigera ce laissez-passer.
    — La paix va-t-elle être signée, Paul ?
    Gondi ne broncha pas.
    — Allez-vous livrer Paris à l'Espagne ? insista Louis.
    Cette fois Gondi secoua lentement la tête de droite à gauche.
    — Ce n'est qu'une menace, Louis, mais garde-le pour toi. Je ne veux pas, pour la postérité,

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