Le Secret de l'enclos du Temple
des Beaux-Arts.
172 Le lecteur aura reconnu ici la justification de son combat qu'a donné La Rochefoucauld dans ses Mémoires .
173 Cette longue tirade est extraite des Mémoires du cardinal de Retz, comme une grande part de ce dialogue.
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L e lundi, Louis attendit en vain un messager du prince de Conti. Le matin, son père s'était rendu au Parlement afin d'apprendre ce qui allait être décidé au sujet du traité de paix. À son retour, il annonça que le traité avait finalement été approuvé par les parlementaires et par l'Hôtel de Ville, mais que les généraux, autrement dit principalement le prince de Conti et le duc de Beaufort, y étaient toujours opposés. Or eux seuls tenaient les troupes et la populace. Comme l'avait dit justement Paul de Gondi, il leur était plus facile de faire du mal que de l'empêcher d'en faire.
La seule information positive rapportée résidait dans le silence du coadjuteur durant les débats.
Louis ne savait que penser. Paul de Gondi aurait-il joué un double jeu avec lui ? Il l'avait cru sincère, mais se souvenait aussi de l'avertissement de La Rochefoucauld. Il méditait ainsi dans la cuisine, sur la confiance et l'amitié, regardant vaguement les cuisinières préparer une maigre soupe, quand il entendit un carrosse entrer dans la cour. Il se précipita.
Le véhicule arborait les armes du prince de Conti.
*
Un gentilhomme de sa maison en descendit et lui fit savoir que Mgr Armand de Bourbon l'attendait. Louis grimpa dans la voiture qui ne se rendit pas à l'Hôtel de Ville, où logeait pourtant le prince, mais à l'hôtel de Condé.
Louis connaissait un peu cet édifice puisqu'il y avait été enfermé un mois durant l'été 43, mais désormais l'immense domaine appartenait à la princesse douairière. Celle-ci n'y logeait pas, pas plus que la duchesse de Longueville installée à l'Hôtel de Ville.
L'endroit était soigneusement gardé par une compagnie du régiment d'Armand de Conti.
Le prince le reçut dans une chambre du premier étage, pièce vide de tous meubles et tentures, sans chaise, ni escabeau, ni fauteuil. L'hôtel était abandonné.
— Monsieur Fronsac, attaqua d'emblée Armand de Bourbon tandis que Louis entrait, j'ai rencontré hier au soir M. le coadjuteur qui a insisté pour que je vous reçoive. J'en ignore les raisons et je n'ai guère de temps. Je sais que mon frère vous tient en grande estime, malheureusement je suis brouillé avec lui. Je suppose que vous ne venez pas de sa part ?
— Non, monseigneur, je viens à ma seule initiative, ayant eu, peut-être à tort, l'idée que je possédais un moyen de mettre fin à cette effroyable guerre civile.
— Vous me paraissez bien présomptueux, Fronsac, railla le prince avec brusquerie. Vous devriez laisser ce genre de choses aux personnes de qualité.
— Certainement, monseigneur, répliqua froidement Louis en s'inclinant, mais l'heure est si grave que toutes les bonnes volontés peuvent être entendues, me semble-t-il. Paris meurt de faim, les pillages ruinent la ville et les campagnes. Il faut faire cesser ces souffrances…
— C'est la guerre ! l'interrompit le prince. Mais rassurez-vous, tout ceci sera vite terminé. M. de Turenne sera ici dans quelques jours avec l'armée du Rhin.
Louis s'inclina à nouveau.
— Les troupes de M. de Turenne ont reçu huit cent mille livres pour l'abandonner et il a été déclaré criminel de lèse-majesté, monseigneur. Il n'a plus d'hommes.
Les lèvres pincées, le visage souffreteux d'Armand de Bourbon afficha sa colère avant de virer au gris.
— Vous savez bien des choses, Fronsac ! Mais vous ignorez que mon beau-frère, M. de Longueville, a levé dix mille hommes, qui partiront de Rouen aujourd'hui même avec trois mille chevaux et iront droit sur Saint-Germain !
Louis s'inclina une nouvelle fois :
— Votre beau-frère négocie en ce moment sa reddition, monseigneur.
Ainsi percé à jour, le jeune homme tressaillit. Les yeux fulminants de colère, il cria :
— Et quand bien même, Fronsac ! L'archiduc m'a promis dix-huit mille hommes. Croyez-vous que mon frère les arrêtera ?
— L'Espagne promettra tout ce que vous voulez mais ne tiendra rien.
— C'est vous qui le dites ! s'emporta Conti, d'un ton maintenant ouvertement menaçant. Mais avec l'appui du peuple, je saurai chasser le Mazarin. Est-ce pour me dire ceci que vous êtes venu ?
Louis leva un bras conciliant, comme pour accepter sa
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