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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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il lui apporte des pièces d'or pour qu'il lui fasse de nouvelles offrandes en changeant ces monnaies en poudre.
    — Expliquez-moi ça, demanda Gaston qui se demandait jusqu'où courait la bêtise de cette pauvre femme.
    — Une fois vidé, le Diable rend le sac de poudre d'or. Et un mois plus tard, le sac s'est rempli de pièces. Chaque grain de poudre resté au fond s'est transformé en louis. C'est ça la récompense !
    — Et vous avez assisté à ce prodige ?
    — Non, monsieur, on m'a arrêtée et conduite en prison avant, dit-elle avec un ton de regret.
    — Continuez !
    — J'ai tout raconté à mon mari qui, effrayé de me savoir possédée, a accepté que je vende notre vaisselle d'argent et un beau meuble que nous avions, ainsi qu'une tapisserie. Avec, j'ai acheté de la poudre d'or à un changeur et je l'ai placée dans un sac de cuir.
    — Si votre mari était d'accord, pourquoi n'est-ce pas lui qui a vendu vos biens ? demanda le lieutenant criminel.
    — Il ne pouvait pas, monsieur, il était de service. Le père m'avait donné rendez-vous le dimanche soir, à la nuit. Il m'attendait au début du chemin conduisant aux moulins.
    — Cette fois, vous l'avez donc vu !
    — Non, monsieur, il faisait presque nuit. Il était vêtu d'un long manteau à capuchon qui le couvrait entièrement, mais je suis certain qu'il portait une grande barbe.
    — De quelle longueur ?
    — Trois ou quatre pouces, monsieur. Et noire.
    — Ensuite ?
    — Il m'a conduite dans un moulin en ruine. Là, il m'a fait coucher dans une grande figure en étoile tracée sur le sol du moulin. Ensuite il s'est mis dans la figure après avoir placé le sac de poudre d'or à l'extérieur et a murmuré des mots incompréhensibles. Alors le moulin s'est empli de fumée. J'étais terrorisée. J'ai vu entrer un homme noir et cornu.
    — Celui-là vous l'avez bien vu ? demanda Tardieu, malgré tout impressionné.
    — Oui, monsieur. Au milieu des fumées, il avait le visage sombre, une barbiche noire et deux cornes rouges. Le prêtre lui a montré le sac et le Diable l'a pris. Il m'a dit ensuite qu'il me libérait et que, si je revenais le lendemain matin, je trouverais le sac vide. Je n'aurais qu'à l'emporter et, dans un mois, il serait plein de pièces.
    — Mais il ne l'a pas fait…
    — Mon mari est revenu le lendemain, monsieur, avec le commissaire du quartier. Il m'a accusée d'avoir pillé ses biens, je me suis défendue, expliquant qu'il m'y avait autorisée mais personne ne m'a crue. Puis l'official m'a emprisonnée et je ne sais ce que le sac est devenu, pleurnicha-t-elle.
    — Pourquoi ne pas avoir raconté ça aux juges ?
    — Le Diable m'avait fait promettre de n'en parler à personne, sinon, il annulerait le marché et me ferait souffrir en enfer… Et puis, à quoi cela aurait-il servi puisqu'on ne me croyait pas quand je disais que mon mari savait tout ?
    — Pourtant vous venez de parler…
    — J'ai trop souffert, monsieur, et je ne veux pas endurer le fouet… Je… crois maintenant que le diable et mon mari m'ont trompée…
    — Avez-vous revu le père ?
    — Non, monsieur.
    Le silence se fit. Tardieu considérait alternativement la femme et M. de Tilly. Celui-ci réfléchissait.
    Mentait-elle ? C'était bien possible, mais si elle disait la vérité, il était évident que toute l'affaire avait été montée par le mari, avec l'aide du prêtre, pour se débarrasser de l'épouse. Dans ce cas, il s'agissait d'une machination effroyable.
    Gaston jeta un regard interrogatif à Tardieu, qui hocha la tête en faisant la grimace. Tardieu était un rapace corrompu, mais un bon policier, au jugement sûr. Visiblement, il pensait comme lui.
    — Ce diable, madame, ressemblait-il à votre mari ? s'enquit Tilly.
    — Non monsieur, il était grand et mon mari est petit. Et puis, c'était le Diable !
    Il y aurait donc un autre complice ? songea Gaston.
    — Madame, dit-il, j'irai voir maître Guillaume demain. M. Tardieu précisera par écrit que vous soyez fustigée en chemise. L'exécuteur vous fera mettre une chemise de toile enduite de graisse pour atténuer la flagellation. Après quoi vous serez pansée, vous écouterez un prêtre, et vous serez libérée. Savez-vous où vous irez ensuite ?
    — Chez ma sœur, monsieur, rue du Pont-aux-Biches, entre les Madelonnettes et l'enceinte. Mon mari ne veut plus de moi.
    — Quoi qu'il en soit, vous ne retournerez plus à la Merci, vous ne

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