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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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casser la glace contenue dans leur seau ou dans leur cruche avec la pointe de leurs sabots. Et lorsqu'il neigeait, les flocons pénétraient à l'intérieur.
    La mortalité aurait été effrayante si les prisonnières y avaient séjourné longtemps, mais en général elles n'étaient détenues que quelques jours, en attente de leur jugement. Une fois condamnées, elles recevaient leur châtiment avant d'être transférées dans des couvents à la discipline sévère, mais supportable après ce qu'elles avaient vécu.
    Gaston serrait son épais manteau autour de lui en se demandant comment Tardieu pouvait résister à un tel froid avec ses vêtements usés jusqu'à la trame. Le lieutenant criminel s'était du reste approché au plus près du foyer, dont le fagot, s'il faisait de belles flammes, ne chauffait guère.
    *
    Finalement la prisonnière arriva en toussant, grelottant dans ses haillons, affligée d'une maigreur extrême. Les rares cheveux gris qui lui restaient étaient emmêlés en une horrible tignasse. Son visage hâve n'avait aucune beauté et sa mâchoire affichait sa bêtise. Étant enfermée depuis deux semaines, avait expliqué Tardieu alors qu'ils l'attendaient, il espérait qu'elle ne serait pas moribonde. En hiver, le régime de la prison pouvait tuer en moins d'un mois.
    Elle resta bien sûr debout, les yeux baissés, inexpressive. Le lieutenant criminel lut le jugement avant de lui expliquer qu'elle recevrait son châtiment dans la cour de la prison. Ce serait sans doute un des aides de maître Guillaume, l'exécuteur de la vicomté de Paris, qui officierait. Ensuite, elle serait libérée, indulgence due au procureur qui l'avait accompagné. D'un geste, il avait présenté Tilly.
    Après ces paroles, la prisonnière éclata en sanglots, persuadée qu'elle ne survivrait pas à l'épreuve de la flagellation. Gaston lui expliqua alors qu'il pourrait adoucir sa punition si elle répondait franchement à ses questions. En reniflant, elle accepta d'un mouvement de tête.
    — Asseyez-vous sur cet escabeau, devant le feu, madame, et réchauffez-vous, lui suggéra-t-il avec courtoisie (elle s'exécuta). Je n'ai eu connaissance de votre affaire qu'aujourd'hui, et je n'en ai pas tous les éléments. Vous auriez entendu parler d'un homme qui recevait la nuit des adeptes du Malin dans les moulins du Temple ?
    — Oui, monsieur le procureur, murmura-t-elle.
    — Et un jeune garçon vous aurait raconté lui avoir porté un écu et en avoir reçu treize un mois plus tard ?
    — Oui, monsieur.
    — Quel est le nom de ce garçon ?
    Elle parut désemparée.
    — Je ne sais pas, balbutia-t-elle après quelques secondes.
    — Comment le connaissiez-vous ?
    — Je l'avais vu chez mes voisins, répondit-elle après une nouvelle hésitation.
    — Des voisins de votre maison ? Quel est leur nom ?
    Elle bafouilla encore avant de se remettre à pleurer et à gémir.
    — Ensuite, vous vous êtes rendue sur le bastion en pleine nuit ? poursuivit-il après avoir fait une moue destinée à lui montrer qu'il ne prêtait nullement foi à ce qu'elle racontait.
    — Oui, monsieur.
    — Il faisait nuit et vous étiez seule. Comment espériez-vous trouver cet homme ?
    — Je… le garçon m'avait dit où le rencontrer.
    — Je ne crois pas un mot de votre histoire, madame ! Je regrette que le commissaire de police et le procureur qui ont enquêté n'aient pas été plus curieux. Mais puisque vous êtes décidée à continuer à mentir, je vous laisse à votre triste sort ! s'exclama Gaston en secouant la tête et en simulant la colère.
    Il se leva et fit signe à Tardieu qu'il pouvait appeler le guichetier.
    — Ne soyez pas insensée, madame ! gronda le lieutenant criminel. Votre procès a eu lieu, vous ne pouvez être rejugée. Vous avez là une chance unique d'échapper à un châtiment très douloureux, peut-être mortel. Les douze coups de fouet sont administrés dos nu, ils vous déchireront la peau et le corps. Soyez raisonnable !
    Elle se remit à sangloter. Entre ses gémissements et sa toux, Gaston parvint à distinguer :
    — À la… Merci…
    — Au couvent ?
    — À l'église…
    L'église et le couvent étaient situés rue Saint-Avoye, en face de l'hôtel de Guise.
    — Quand ? Où ? Qui ? s'enquit Tardieu avec impatience, se voyant déjà possesseur de la fortune de l'intercesseur diabolique.
    Ayant reconnu le début de la vérité, la pauvre femme devint brusquement

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