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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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les gentilshommes de France.
    Roger de Rabutin savait tout cela et reconnaissait que l'académie d'armes de Bouteville constituait un lieu honorable pour vider leur querelle.
    — Pourquoi pas ? répondit-il.
    — Mon cheval m'attend dans cette écurie, dit Gaston en désignant la bâtisse adossée au cabaret du Chêne-Vert .
    — Je vais faire préparer le mien, commenta Bussy. Retrouvons-nous devant l'hôtel de Royaumont.
    *
    Gaston arriva le premier, rue du Jour ; il connaissait mieux que M. de Bussy les petites ruelles du centre de Paris et le comte avait perdu du temps pour faire préparer sa monture.
    Il entra dans la cour de l'hôtel de Royaumont par le grand porche au couronnement flanqué de deux chiens de faïence. Accolé à l'église Saint-Eustache, l'hôtel avait été construit quarante ans plus tôt par l'abbé de Royaumont, et l'académie d'escrime du comte occupait un côté de la cour. Un lierre en tapissait la façade.
    Gaston laissa son cheval à un garçon d'écurie qui le conduisit dans un abri où se trouvaient déjà plusieurs bêtes. Par courtoisie, le procureur attendit son adversaire dehors, en faisant quelques enjambées rageuses. Car le trajet ne l'avait pas calmé. Ce M. de Bussy, avec son éternel sourire généreux et son regard condescendant, lui déplaisait souverainement. Il ne lui ferait pas de cadeau, décida-t-il. D'ailleurs, cet assaut relèverait de la formalité. Il était bon escrimeur et avait rarement trouvé son maître dans cette académie qu'il fréquentait régulièrement. Bien sûr, il ne savait pas grand-chose sur Bussy, sinon qu'il était maître de camp. Or, par expérience, Gaston n'ignorait pas que les militaires étaient généralement de piètres duellistes.
    Il en était là de ses réflexions quand Bussy apparut. M. de Rabutin sauta au sol, laissa sa monture au garçon et proposa courtoisement à Tilly de passer devant lui.
    Ils entrèrent.
    À cette heure matinale, il y avait peu de monde. Ils déposèrent leur manteau auprès d'un valet et gardèrent leur chapeau. Gaston balaya des yeux la salle où se déroulaient deux ou trois assauts et découvrit, avec surprise, M. de La Rochefoucauld en train de croiser l'épée avec le prévôt de l'académie d'escrime.
    Suivi du comte de Bussy, il s'approcha des duellistes. Autour d'eux, quelques gentilshommes élégants commentaient le combat avec grand sérieux.
    M. de La Rochefoucauld montrait beaucoup d'adresse et de combativité, mais il était trop courtois et trop chevaleresque. Aussi le maître d'armes le toucha-t-il plusieurs fois par des feintes traîtresses qu'il n'était point dans le caractère du duc d'anticiper.
    — Monsieur le duc, le morigéna le prévôt, à la troisième touche, il vous faudrait devenir méchant ! Vous êtes un valeureux soldat, mais la victoire est fille de la malice plus que de l'adresse.
    Le duc s'inclina poliment.
    — Ce n'est pas dans ma nature, monsieur le prévôt, dit-il d'une voix grave.
    En tournant la tête, et alors que ses amis l'approuvaient bruyamment, il découvrit Gaston de Tilly et Bussy-Rabutin.
    — Messieurs, fit-il avec un sourire non dissimulé, car il les connaissait tous deux, vous joindrez-vous à moi pour un assaut ?
    — Non, monseigneur, répondit Gaston en s'inclinant (La Rochefoucauld était prince de Marcillac). Nous avons seulement besoin de votre aide…
    Le duc haussa un sourcil interrogateur.
    — M. de Bussy et moi-même avons un différend que nous souhaitons régler ici. Accepterez-vous d'être notre maréchal d'armes 30  ?
    — Certainement. Puis-je connaître le sujet de votre désaccord ? Un arrangement est peut-être possible ?
    — Non, monsieur le duc, répondit simplement Bussy.
    La Rochefoucauld hocha de la tête, sans marquer plus de contrariété.
    — Un assaut au carrelet 31 en trois touches vous conviendrait-il ?
    — Parfaitement, acquiesça Bussy en interrogeant Tilly du regard.
    Celui-ci accepta à son tour d'un hochement de tête.
    Déjà le maître d'armes était allé chercher les épées mouchetées. Tilly et M. de Bussy se défirent de leur baudrier auprès d'un domestique. Quand le maître d'armes revint, Gaston laissa le comte choisir son épée avant d'enfiler le plastron matelassé qu'on lui présentait.
    Les adversaires se saluèrent, se mirent en garde, puis marchèrent résolument l'un vers l'autre, l'épée haute. Gaston souhaitait vaincre rapidement quand Bussy était calme, comme

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