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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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fait passer pour un hospitalier et cherche querelle aux gentilshommes devant l'enclos.
    — J'aimerais qu'il ose s'en prendre à moi ! rétorqua Bussy d'un ton suffisant qui déplut instantanément à Tilly.
    De fait, Gaston avait un caractère entier qui lui attirait souvent des inimitiés. Au premier regard, il avait détesté Bussy dont il connaissait la fâcheuse réputation. Il salua à nouveau le grand prieur, adressa un geste de courtoisie a minima au comte puis sortit.
    — Ce procureur est fort impoli, déclara alors Roger de Rabutin à son oncle, d'une voix traînante.
    — Le connais-tu ? J'ai eu l'impression qu'il t'en voulait.
    — Je ne l'ai jamais vu. Mais, excusez-moi, je passais seulement pour vous saluer, et j'ai oublié que j'avais une importante commission à faire.
    Il sortit aussitôt.
    *
    Dehors, le neveu se précipita dans le jardin et rattrapa le procureur dans la grande cour du Temple où il flânait au milieu des étals de vendeurs de faux bijoux et de drogues diverses, examinant les chevaliers qui passaient en s'intéressant surtout à ceux portant une barbe blonde taillée en queue de canard.
    — Monsieur de Tilly ! héla Bussy.
    Gaston se retourna. Le froncement de son front ne dissimula nullement sa contrariété en reconnaissant le comte.
    — Puis-je vous dire quelques mots, monsieur de Tilly ? demanda courtoisement le maître de camp en s'approchant, son chapeau à plume à la main.
    — Je ne peux vous en empêcher, monsieur, répondit sèchement le procureur.
    — J'ai eu l'impression, monsieur, que je ne vous agréais pas.
    — En effet.
    — Et pour quelle raison ?
    — Elles me regardent.
    — Elles me regardent aussi, monsieur, répliqua poliment Rabutin, le regard brusquement glacial. Reconnaissez que j'ai le droit de savoir ce que vous me reprochez.
    — Comme vous voulez ! Disons que j'apprécie peu les gentilshommes que le roi envoie à la Bastille pour négligence et qui en sortent par le soutien de leurs parents.
    Bussy resta un instant silencieux, comme hésitant sur la conduite à tenir.
    — Vous savez beaucoup de choses, monsieur, dit-il, finalement.
    — C'est mon métier, monsieur. J'ai été commissaire au Châtelet.
    — Êtes-vous gentilhomme ?
    — Je le suis, monsieur le comte.
    — Nous pourrions régler cette querelle sur la butte aux moulins…
    — Un duel ? Peste ! Vous n'y pensez pas ! Je vous rappelle, monsieur, qu'ils sont interdits par le roi, et que je suis chargé de faire respecter la loi.
    — Auriez-vous peur, monsieur qui faites si bien la morale ? ironisa Bussy avec un sourire carnassier.
    Gaston de Tilly était rouquin et son visage vira à la couleur de ses cheveux et de sa moustache.
    Il inspira profondément pour se maîtriser.
    — Connaissez-vous la salle d'armes de la rue du Jour, monsieur ? rétorqua-t-il, d'une voix égale.
    — Vaguement.
    — Elle a été établie par le comte de Bouteville dans l'hôtel de Royaumont et reste fréquentée par ceux qui souhaitent régler certaines dettes d'honneur. Le sang n'y coule jamais, mais il y a toujours là-bas des personnes de qualité pour juger d'un assaut. Nous pourrions y régler ce différend.
    M. le comte de Bouteville, descendant d'Hugues Capet par les Montmorency, était le père de Mme de Châtillon, la cousine du prince de Condé, et de François-Henri de Montmorency-Bouteville, l'un des meilleurs capitaines du Prince. Gaston étudiait au collège de Clermont quand les exploits de François de Montmorency-Bouteville défrayaient les conversations. À vingt-sept ans, le jeune homme était le plus acharné duelliste de la Cour, se battant pour un rien et tuant immanquablement ses adversaires ; jusqu'au jour où le cardinal de Richelieu avait décidé de mettre un terme à l'hécatombe provoquée par ces querelles insensées, incitant le roi à prendre un décret punissant le duel de la peine de mort.
    Bouteville et deux de ses amis avaient mis le Cardinal au défi d'appliquer cette loi, le duel relevant du privilège de la noblesse. En plein jour, sur la place Royale, il s'était donc battu avec Bussy d'Amboise et deux compagnons. Si Bouteville avait tué Bussy, il avait été saisi par les gardes du Cardinal. Malgré les innombrables demandes de grâce, Richelieu était demeuré inflexible et le jeune homme avait eu la tête coupée. Après cette mort ignominieuse, François de Bouteville était resté l'image même de l'homme d'honneur pour tous

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